Europe - Un chemin de batailles concrètes et immédiates

Publié le 05 juillet 2023

Le Conseil national a adopté ce week-end le texte d’orientation sur l’Europe ; il a désigné Léon Deffontaines comme chef de file et il a fixé un calendrier de travail pour la campagne.

Le texte d’orientation s’intitule « Une France pour une Europe de peuples libres, souverains et associés répondant aux urgences sociales, démocratiques, climatiques et de paix ».

Le préambule résume la démarche : « Nous voulons une Europe au service de la démocratie, de la paix, du progrès social et du climat, libérée du poids de la finance et des logiques capitalistes.

Force est de constater que l’Union européenne libérale n’a apporté ni la paix, ni la prospérité promises. Elle n’est pas en mesure de relever le défi climatique, ni d’émancipation sociale et humaine, de partage et de coopération, tandis que la pauvreté grandit en son sein, faute de dégager des moyens financiers suffisants et de s’émanciper de la logique de rentabilité. Cela illustre l’échec de la construction libérale de l’UE dont les principes fondamentaux sont énoncés dans les traités européens, auxquels le PCF s’est toujours opposé, du traité de Rome à l’Acte unique, du Traité de Maastricht au Traité constitutionnel européen de 2005, ainsi qu’au Traité de Lisbonne.

Nous voulons pour cela une France, aux côtés des autres peuples européens libres, souverains et associés, dans une Europe respectueuse des choix de chaque peuple dont la finalité soit de répondre aux besoins sociaux, aux besoins écologiques et aux besoins de paix, qui sont des défis communs à l’ensemble des peuples et des nations d’Europe. Par les interdépendances en Europe, les exigences populaires sont fortes, tant sur les salaires, le pouvoir d’achat et l’emploi, sur les prix du logement, de l’alimentation, sur la crise écologique, sur les conséquences de la guerre. Le besoin de sécurités nouvelles et d’avancées sociales et de politiques qui protègent s’exprime largement.

L’Union européenne, dans sa nature et sa construction actuelles, ne peut pas répondre à ces exigences, dans la mesure du mal fait par les politiques néolibérales à l’emploi, aux services publics, à l’industrie, au pouvoir d’achat, à la protection sociale, à la culture, et parce qu’elle appuie la concurrence antisociale, les délocalisations, la précarité. L’UE actuelle a une responsabilité importante dans les pertes de souveraineté industrielle, énergétique, alimentaire et dans la désindustrialisation. Ces politiques suscitent parmi les peuples, qui ne sont pas entendus, du désespoir, de la colère, une tentation de repli sur soi, ainsi qu’un sentiment de relégation. Cette colère ne doit pas être stérilisée, ni déviée. Elle peut se transformer en force pour une nouvelle construction européenne.

Il est donc urgent de mettre en chantier une nouvelle construction européenne s’appuyant sur la souveraineté démocratique et le libre choix des peuples et des nations. C’est le moyen pour mettre en œuvre les coopérations nécessaires et nouvelles et pour répondre aux défis communs des peuples européens. Cela implique de mener des batailles politiques et sociales concrètes et immédiates, en France et en Europe. La France et le peuple français ont les moyens d’en être à l’initiative en proposant des fronts d’entente aux autres États européens.

Le PCF porte une orientation politique : une France agissant pour une « union des peuples et des nations libres et solidaires, reposant sur la mise en commun des forces et potentiels des différents pays qui la composent, au service d’un modèle de progrès social et écologique, partagé, solidaire, d’émancipation démocratique, de coopération, de paix et de co-développement. » Il la met en débat pour un large rassemblement, répondant aux exigences populaires et portant l’ambition de faire évoluer les rapports de force, afin d’obtenir des victoires immédiates ouvrant la voie vers une autre construction européenne au service des intérêts des peuples, de la transformation sociale et écologique et de la paix ; un projet européen qui favorise la coopération au lieu de la concurrence, qui appuie le social et l’écologie au lieu de la finance et le capital, qui développe la démocratie en son sein au lieu d’une course au fédéralisme et à l’autoritarisme.

Cela nécessite la construction d’une majorité sociale et politique en France comme en Europe, et de conquérir des pouvoirs nouveaux sur l’utilisation de l’argent, l’euro, tout particulièrement sur la BCE, au service de l’emploi, de la formation, des services publics, du climat et des coopérations. Nous voulons établir de nouvelles règles de coopération en Europe et avec les autres pays du monde.

L’originalité communiste se situe à l’opposé des souverainismes de droite et d’extrême droite, car la souveraineté démocratique des peuples et des nations est le levier pour construire les nécessaires coopérations et modalités d’association dans le cadre d’une union des peuples et des nations libres, souveraines et associées. Elle pose également la question centrale des moyens et des pouvoirs nécessaires, de la conquête de nouveaux pouvoirs, et ne se contente pas de rappeler les exigences sociales-écologiques. L’originalité communiste, c’est de porter un projet aux antipodes du fédéralisme et un chemin pour y parvenir, au lieu de prétendre « renverser la table » pour finalement ne pas faire grand-chose.

Le peuple français et les autres peuples européens ont besoin de députés européens qui portent leurs voix et leurs exigences. C’est dans ce sens que le PCF se fixe pour objectif de faire intervenir les citoyen·nes dans cette campagne et de retrouver une représentation au Parlement européen. La campagne des élections européennes doit être en ce sens un grand moment de clarification des enjeux, de mobilisation, d’explications politiques et de révélations pour faire monter l’intervention populaire sur ces grands enjeux jusque pendant la campagne.

Le texte analyse ensuite « la crise et les contradictions nouvelles de l’Union européenne ». Il montre que « les enjeux européens sont concrets » ; il pointe un objectif, « la récupération démocratique : la souveraineté démocratique des peuples, clé pour une nouvelle construction européenne », soit la souveraineté au plan politique, monétaire, industriel, agricole et alimentaire, commercial, énergétique, diplomatique et de défense. Il propose de « construire des batailles sociales et politiques communes : pour la paix et la sécurité commune en Europe, et rompre avec l’engrenage des blocs en remettant en cause l’alignement sur l’Otan ; pour les services publics ; pour une nouvelle industrialisation ; l’exigence écologique : un nouveau pacte pour le climat et l’urgence sociale ; plus une personne sous le seuil de pauvreté en Europe en 2030 ; la clause de l’Européen et de l’Européenne la plus favorisée ; la révolution numérique et le partage des savoirs ; une ambition nouvelle sur la santé ; l’espace méditerranéen ; l’action pour un nouvel ordre du monde multilatéral. » Ces exigences, poursuit le texte, impliquent de mettre « les moyens démocratiques : politiques et financiers, ainsi que la lutte contre l’évasion fiscale. »

Le document se conclut sur les objectifs politiques du PCF :

« Le PCF souhaite rassembler largement sur ces bases politiques : ni sortie de l’UE, ni « désobéissance » sans perspective de faire évoluer les rapports de force en Europe, ni Europe fédérale, qui mènent à tous les échecs ; mais la construction d’un chemin de batailles concrètes et immédiates pour une Europe de peuples souverains et librement associés. Il s’adresse aux forces politiques, sociales, associatives, culturelles, ainsi qu’aux personnalités qui veulent y contribuer.

Le PCF porte l’ambition de défendre auprès des Français·es une France souveraine au service d’une Europe des peuples, afin d’agir demain au service de l’intérêt du peuple français et des peuples d’Europe. Il se fixe comme objectif de regagner des député·es européen·nes pour porter cette voix singulière et travailler au développement des luttes en Europe, en lien avec les organisations politiques qui partagent ses objectifs de transformation sociale et démocratique, les organisations syndicales, les mouvements féministes et les organisations de la société civile. Nos député·es européen·nes n’agiront pas seuls. Ils seront en lien constant avec les syndicats et les exigences qu’ils portent. Ils siégeront dans le groupe parlementaire « The Left » avec l’ensemble des député·es européen·nes qui portent une ambition commune et seront prêts plus largement à travailler aux alliances nécessaires à gauche pour la réalisation des politiques au bénéfice du plus grand nombre, et lutter contre la perspective d’une majorité droite-extrême droite au Parlement européen.

Ces élections européennes, à la proportionnelle, sont l’occasion d’un débat démocratique sur les questions européennes et internationales qui est nécessaire puisqu’elles font l’objet d’approches différentes à gauche. Elles peuvent apporter davantage de député·es européen·nes français·es de gauche. Les député·es européen·nes de liste de rassemblement présentée par le PCF seront des député·es supplémentaires qui bénéficieront à l’ensemble de la gauche. Plus le PCF et la liste de rassemblement qu’il présente aura d’influence, plus cela nous donnera de forces pour agir en faveur des intérêts du monde du travail.

Le PCF porte l’ambition de retrouver sur ces bases sa représentation au Parlement européen, aux côtés des autres forces politiques du groupe « The Left » et du Parti de la gauche européenne. Soucieux de contribuer d’une manière décisive aux nécessaires convergences à gauche au niveau européen, il demeure attaché aux principes fondateurs du groupe GUE-NGL, aujourd’hui « The Left », à la création et au fonctionnement duquel il a fortement contribué. Le maintien des règles de fonctionnement du groupe, de sa nature confédérale et de la souveraineté des délégations sont la condition pour élaborer les convergences nécessaires avec les autres forces qui composent le groupe. »