General Electric – Un enjeu démocratique

Un nouveau réseau d’entreprises pour construire une bataille politique nationale.

General Electric détient des compétences clés et des capacités de production importantes dans le secteur stratégique de l’électricité et de la transition énergétique : éolien, turbines gaz et vapeur (nucléaire, centrales thermiques ou cycles combinés), turbines hydrauliques, conversions, réseaux, maintenance, ingénierie… Au total, General Electric représente près d’un tiers du potentiel industriel pour la filière énergétique européenne.

General Electric est aujourd’hui engagé dans un jeu de restructurations incessant qui tend à segmenter les différentes spécialités en petites entités étanches et mono-activité (éolien, nucléaire, gaz, charbon, hydraulique…), à supprimer progressivement les emplois français et européens en délocalisant les activités de fabrication et d’ingénierie vers l’Asie. C’est le démantèlement complet de-l’ex branche énergie d’Alstom qui est à l’œuvre, avec le consentement du gouvernement français qui s’apprête à participer au rachat d’un périmètre extrêmement restreint des activités nucléaires.

Ce qui est en jeu, c’est la capacité de la France à produire des équipements neufs de la production électrique reposant sur un mix énergétique, et à entretenir son parc actuel de centrales et son réseau électrique.

Cela pose un problème de garantie de la fourniture d’électricité, de maîtrise du prix, de maîtrise de la transition énergétique qui doit tendre vers une part plus grande de l’électricité dans le mix énergétique.

Car les choix stratégiques de General Electric dessinent une transition énergétique à l’œuvre en Europe qui peut faire redouter à terme une incapacité à fournir une électricité bon marché et décarbonée : sous-investissement dans le nucléaire qui représente pourtant 70 % de la production d’électricité, investissement important dans l’éolien off-shore qui ne sait fournir que de faibles puissances, disparition progressive en Europe des activités liées à l’énergie hydraulique, aux centrales à gaz moins émettrices de CO2 que les centrales à charbon, aux réseaux de distribution de l’électricité…

La fourniture d’électricité est un enjeu stratégique, il faut en faire une grande bataille politique des communistes pour favoriser un mouvement populaire autour de ces enjeux.

Prenant appui sur les résistances des salariés de General Electric contre les plans successifs de suppressions d’emplois, à Belfort, à Villeurbanne, à Grenoble, un réseau d’entreprises original s’est constitué sous l’impulsion de la commission Entreprises. Il regroupe à la fois des syndicalistes et des responsables communistes des différents sites de la branche énergie de General Electric. Il se donne comme objectif d’élaborer les contenus et les outils d’action d’une grande campagne pour une réappropriation publique et sociale des établissements aujourd’hui détenus par General Electric et, au-delà, de l’ensemble de la filière industrielle de l’énergie.

Le réseau General Electric a déjà produit un tract à destination des salariés de l’entreprise et des habitants, ainsi qu’une carte-pétition pour exiger :

  • Un moratoire sur toutes les suppressions d’emplois dans la filière industrielle de l’énergie pour arrêter l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard, et conserver toutes les compétences d’un mix énergétique ;
  • Une maîtrise publique de l’ensemble de la filière industrielle de l’énergie pour garantir les investissements dans les emplois, la recherche et développement, la cohérence industrielle… ;
  • Des états généraux de l’énergie, pour que la transition énergétique soit l’affaire de tous les citoyens

La campagne de signatures de la carte-pétition n’en est qu’à ses débuts et nous invitons tous les camarades à s’en saisir, car elle porte des exigences qui peuvent être la base d’un rassemblement très large, comme en témoignent les différentes motions unitaires qui ont vu le jour dans la période récente pour dénoncer les derniers plans de suppressions d’emplois de General Electric.

Elles sont crédibles, car le gouvernement dispose de leviers juridiques contre le groupe, liés aux engagements pris devant le pays lors du rachat de la branche énergie d’Alstom. À nous de mettre la pression sur l’État pour le faire sortir de son inaction !

Le travail du réseau GE donne lieu à des échanges multiples, et participe à la mise en cohérence de la bataille syndicale et de la bataille politique. Il a contribué à la réussite de la venue de Fabien Roussel devant l’entreprise GE Grid Solutions de Villeurbanne, qui a donné lieu à un rassemblement unitaire d’au moins 400 personnes pour soutenir le débrayage de 150 salariés.

De nouveaux rendez-vous de lutte, à la fois syndicaux et politiques, sont d’ores et déjà programmés.

Muriel Ternant, secrétaire départementale.