Journée de solidarité des communistes du Nord – « La fierté de qui l’on est »

Publié le 30 août 2023

Venues de tout le département du Nord, 3 500 personnes ont répondu à l’appel de la fédération du Nord du PCF, jeudi 24 août, pour la 33e édition de la journée de solidarité à la mer, à Malo-les-Bains.

Cette journée est traditionnellement organisée en faveur du droit aux vacances pour tous et sonne la rentrée politique des communistes nordistes. Plus d’un millier de participants étaient présents dans la grande salle du Palais des Congrès de Dunkerque (Kursaal) pour écouter les 35 minutes d’intervention de la secrétaire départementale Karine Trottein, du chef de file des communistes pour les élections européennes, Léon Deffontaines, et du président du Parti du travail de Belgique (PTB), Raoul Hedebouw.

Couper le robinet des aides au grand patronat

Empêché à la dernière minute, Fabien Roussel ne s’est pas moins fait entendre à travers les propos de Léon Deffontaines. Comme le fait habituellement, et en pareille occasion, le secrétaire national, le jeune Amiénois a évoqué le classement du magazine Challenge des 500 plus grosses fortunes françaises. Celles-ci, a-t-il rappelé, atteignent 1 170 milliards d’euros, soit 170 millions de plus en un an. Cette fortune a doublé en cinq ans, depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Pour récupérer cet argent qu’il faut mettre au profit de l’hôpital public, des salaires, des vacances, etc., il propose de « couper le robinet des aides au patronat », ce qui reviendrait à récupérer 90 milliards d’exonération d’impôt accordés aux multinationales. « Là où Bruno Lemaire propose de faire des économies de 15 milliards d’euros en arrêtant de rembourser les médicaments. » Il réclame aussi le rétablissement de l’impôt sur la fortune, soit la récupération de 4 mds d’euros.

« Je suis en colère, a-t-il tonné, parce qu’il n’y a jamais eu autant d’argent dans le pays, mais il est très mal réparti. Nous sommes devenus le 3e pays avec le plus de millionnaires au monde. »

En ouverture de la journée, Karine Trottein n’a pas dit autre chose en revenant sur les mois difficiles que viennent de vivre les travailleurs et sur le contexte de cette rentrée. « Après la réforme des retraites à marche forcée, a-t-elle asséné, le gouvernement poursuivra jusqu’en 2027 son plan de réduction des dépenses publiques. Bruno Lemaire a annoncé des coupes importantes dans les finances publiques adossées au plan de stabilité européen. Objectif de ce tour de vis supplémentaire : accélérer le désendettement du pays. Mais cela ne correspond à aucune considération économique et financière. C’est un choix politique, donc purement idéologique. Le remboursement des intérêts de la dette représente le deuxième poste des dépenses de l’État. »

Pour un service public puissant

Contre un gouvernement « à la botte de l’Europe qui impose des logiques austéritaires conduisant à la mise en concurrence des marchés, des infrastructures ferroviaires, du réseau énergétique » et face au « service public qui saigne » (les communes s’attendent à une baisse des dotations d’État de 10 à 15 milliards par an jusqu’en 2027), « les communistes proposent un plan de réconciliation nationale pour l’égalité républicaine s’appuyant sur le souhait des maires. Cela commence par un service public puissant. »

Sous le regard approbateur du président du Parti du travail de Belgique (PTB), elle a rappelé le souhait du PCF d’indexer les salaires sur l’inflation et la proposition de loi déposée à cet égard par Fabien Roussel pour retrouver une échelle mobile des salaires. « Nos voisins belges le font ! » a-t-elle rappelé.   

Appelant à la remise à plat des 160 milliards d’euros d’aides publiques de l’État versés aux entreprises en les conditionnant « à l’augmentation des salaires, à l’investissement local, à la réindustrialisation, au développement de production écologique », Karine Trottein a aussi insisté sur la nécessité de travailler à une véritable réforme fiscale. Elle pose trois principes : la hausse de l’imposition des hauts revenus et des revenus du capital, une vraie progressivité de l’impôt et une diminution de la TVA, la modulation de l’impôt sur les entreprises avec des pénalités pour celles qui sacrifient l’emploi, comme c’est le cas chez Valdune (Leffrinckoucke et Trith Saint-Léger).

Identité de classe

En grande forme et dans une intervention particulièrement enjouée, le Belge Raoul Hedebouw a félicité ses voisins communistes français pour leurs luttes et a particulièrement insisté sur la nécessité de combattre les divisions entre les travailleurs que veut imposer le libéralisme. « Et si, au contraire, on s’inspirait de l’histoire des travailleurs des autres pays ? La lutte en France pour les retraites a paniqué les ministres belges. C’était un combat exemplaire. » « Nous devons, a-t-il conclu, opposer notre identité de classe, nous sommes les représentants des travailleurs qui produisent la richesse. »

Voilà qui n’était pas pour déplaire à Léon Deffontaines qui a mis l’accent sur « l’importance de la solidarité et la fierté de qui l’on est ». Il a aussi appelé de ses vœux une grande mobilisation à l’occasion des élections européennes. « Je vais représenter les communistes pour contester les traités européens qui favorisent la destruction de nos services publics, pour dire stop aux délocalisations de notre industrie. Les députés européens doivent agir pour l’intérêt de la nation. Nous devons retrouver notre souveraineté en matière alimentaire, énergétique, industrielle, nous devons retrouver la maîtrise de notre avenir ! »

Alors que quatre Français sur dix ne peuvent partir en vacances, la journée s’est poursuivie autour d’un repas convivial et (le soleil avait succédé aux averses de la matinée) une détente sur la plage de Malo. Seule ombre au tableau, pour la première fois cette journée à la mer s’est déroulée en l’absence du quotidien communiste régional Liberté Hebdo, disparu début juillet.

Philippe Allienne