Le rugby, un sport populaire ?

Publié le 06 septembre 2023

Né en Angleterre dans une université, le rugby est historiquement un sport d’élite réservé à la bourgeoisie. Si certaines formes de rugby ont permis aux ouvriers d’accéder à ce sport au fil des décennies et que la popularisation a permis son implantation dans les quartiers populaires, les logiques capitalistes n’ont pas épargné ce sport, notamment concernant le rugby à XV masculin (professionnalisation, mercato, la naturalisation de joueurs dépouillant le pays d’origine de ses talents, entraînements intenses impliquant des problèmes de santé ou de dépression, parfois fatals, augmentation des tarifs des places et abonnement privant des milliers de personnes de voir jouer leur équipe favorite).

Pour autant, le rugby, souvent caricaturé en sport chaotique, violent et viriliste, est extrêmement réglementé et porteur de valeurs auxquelles un·e communiste ne peut rester insensible.

Le respect déjà. Respect des décisions de l’arbitre, garant des règles communes. Respect de l’équipe adverse. Silence exigé dans les tribunes lorsqu’un joueur doit taper une pénalité ou transformer un essai. Et si cela peut parfois dégénérer, rien n’empêchera les équipes et le public de se retrouver pour la fameuse troisième mi-temps, pour refaire le match, et passer un moment fraternel. Car au fond, il y a un point commun : l’amour du beau jeu, du rugby.

Combien de fois, à l’issue d’un match, on peut entendre des supporters dire : « Nous avons perdu, mais vous méritiez cette victoire », ou au contraire : « Nous avons gagné, mais vous avez fait une belle démonstration de rugby. » Car un·e fan de rugby, comme un·e communiste, sait aussi faire preuve d’autocritique.

Un collectif au-delà de la pelouse

Nelson Mandela utilisait le rugby comme vecteur de fraternité et d’espoir. Ernesto « Che » Guevara, grand asthmatique, était prêt à mettre sa vie en danger pour continuer de pratiquer le rugby.

Pour Daniel Herrero et François Moncla, le rugby et le combat pour les jours heureux sont étroitement liés. Le premier, notamment joueur au RCT (Toulon), déclare à l’Humanité dans un entretien : « Un joueur de rugby qui n’aime pas le bonheur des autres n’est pas vraiment un rugbyman .» Le second, syndicaliste, adhérent PCF et international du XV de France, tenait des propos similaires : « Un seul esprit m’a toujours animé : le bonheur des autres pour des lendemains qui chantent. »

Les rugbymen actuels sont aussi nombreux à se battre pour des causes sociales : pédocriminalité dans le sport, lutte contre le racisme ou les violences sexistes et sexuelles. La FFR est d’ailleurs la première fédération à recevoir le label « Fier Sport » pour son combat contre les LGBTphobies et a également mis en place un dispositif de lanceurs d’alerte. Thomas Ramos, arrière du stade toulousain et de l’équipe de France, est parrain d’une association luttant contre l’endométriose. Le stade rochelais s’est engagé aux côtés du groupement de gendarmerie départementale de la Charente-Maritime pour la lutte contre les violences intrafamiliales.

Le rugby, c’est aussi, avant tout, une équipe. Des potes. Ce sport résiste tant bien que mal à « l’hyper personnalisation ». Chacun à son poste, un essai n’est jamais le fait d’un seul homme. Plus que ça, le public, surnommé le 16e joueur dans le rugby à XV est mis à l’honneur. En fin de match, les joueurs font par ailleurs le tour du stade pour applaudir le public à son tour, et chaque année, un prix est décerné au « meilleur public de l’année » lors de la nuit du rugby.

Alors, cher·ères camarades, soyons dignes de l’honneur qui nous est donné d’être le 16e joueur, dès le lancement de la coupe du monde vendredi 8 septembre, à 21h15, contre les All Blacks1.

Rachel Ramadour

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Pour aller plus loin en attendant le lancement :

  • François Moncla, récits de vie et d’Ovalie, d’Olivier Dartigolles. Biographie du militant communiste et syndicaliste, agent EDF, joueur international et ex-président du club pallois.
  • Le hors-série de l’Humanité « Une histoire populaire du rugby français ».
  • Fabien Galthié : « Une équipe, c’est un projet collectif avec un objectif individuel ». France Inter, émission Sous le Soleil de Platon du 11 août.

1. La coupe du monde féminine aura lieu en 2025.