Lettre aux enseignant·es

Publié le 09 janvier 2024

TÉLÉCHARGER LA LETTRE PDF SIGNÉE


À l'attention de toutes les enseignantes et enseignants

Paris, le 8 janvier 2024

Mesdames, Messieurs,

En ce début d’année, je tenais à vous présenter tous mes vœux les plus chaleureux.

Je veux, en cette rentrée, vous témoigner également de tout mon soutien dans les épreuves particulièrement douloureuses que l’institution scolaire traverse face à la duplicité coupable de l’État qui, depuis des années, déshabille l’école publique tout en l’investissant de la lourde mission de sauver la République de tous les maux dont elle souffre.

Vous êtes en première ligne pour constater chaque jour les dégâts des politiques menées depuis 40 ans et qui ont abouti à la fermeture de 17 000 écoles dans notre pays et à réduire le temps d’enseignement consacré à nos enfants.

La hausse des effectifs par classe, les évaluations standardisées, l’individualisation des parcours, le bac Blanquer et Parcoursup, la mise en concurrence des établissements, l’instauration du « travailler plus pour gagner plus » sans perspective d’augmentation salariale générale, les recrutements de contractuels, en lieu et place de titulaires sous statut,  sont autant de coups portés à l’école publique, autant de gestes de mépris vis-à-vis de celles et ceux qui, exerçant leur métier avec passion, préparent et assurent pourtant l’avenir de la Nation toute entière.

L’école républicaine et laïque doit être exigeante et doit avoir de l’ambition pour chacune et chacun. Elle a, pour cela, besoin de moyens financiers à la hauteur et d’une juste reconnaissance sociale, conforme au rôle qu’elle joue dans notre capacité à faire société.

Ce n’est pas une tâche impossible. Des solutions existent.

J’ai porté durant la campagne présidentielle l’idée, d’une part, de rendre aux élèves les heures de classe qui leur ont été volées notamment en lycée professionnel, une voie qui subit, par ailleurs, des attaques sans précédent, d’autre part, de garantir aux enfants que l’ensemble des devoirs seraient réalisés à l’école et, enfin, de rendre aux enseignants les moyens d’exercer leur mission, sans augmenter leur temps de présence en classe.

Pour atteindre cet objectif ambitieux mais indispensable, nous proposons de rompre avec les logiques comptables et de lancer le pré-recrutement de 90 000 enseignants à partir du baccalauréat ou en L3, rémunérés jusqu’au passage du concours et la titularisation à Bac +5.

Cette année d'organisation des Jeux Olympiques en France pourrait être, enfin, une formidable occasion de promouvoir la pratique physique pour toutes et tous, via le renforcement de l'éducation physique et sportive à l'école ; un enseignement si utile à la santé et à l’épanouissement des élèves.

C’est en mettant la barre à ce niveau que nous pourrons de nouveau susciter des vocations dans votre profession.

Ce plan massif de recrutement de personnels est indispensable pour permettre un bon accompagnement de nos enfants, les protéger et garantir le bon déroulement de leur scolarité.

Il est indispensable aussi pour vous protéger contre la montée des violences, des intimidations et des agressions dont vous faites l’objet : psychologues, infirmières, médecins scolaires, assistants d’éducation rémunérés à la hauteur de leur diplôme, AESH intégrés à l’Éducation nationale.… Le service public de l’Éducation nationale a besoin de personnels qualifiés et considérés pour fonctionner et pour garantir à chaque enfant l’accompagnement dont il a besoin.

Il faut vous redonner les moyens d’accomplir votre mission de service public.
C’est la condition pour rebâtir une école publique qui soit véritablement le lieu de l’émancipation humaine, du partage de la connaissance et des savoirs et non le lieu de la concurrence de tous contre tous. Il faut, enfin, sortir des injonctions ministérielles définissant une pédagogie officielle qui, quelle qu’elle soit, ne permettra jamais de prendre en compte la diversité, la complexité de l’acquisition des connaissances et les réponses nécessairement uniques à y apporter.

Pour cela, vous devez être entendus, écoutés, respectés. Vous devez pouvoir bénéficier d’une formation ambitieuse, être mieux rémunérés et avoir du temps, pour échanger, apprendre, préparer, enseigner, faire votre métier dans les meilleures conditions. A ce titre, vos salaires ne doivent pas dépendre d’heures supplémentaires ni de primes qui, en plus, ne participent pas au financement de vos retraites.

Nous souhaitons garantir à chaque enseignant un salaire net de 2000 euros dès la prise de fonction et compenser le pouvoir d'achat perdu par une première augmentation d'au moins 10% de la valeur du point d'indice et une indexation sur l'inflation. Il faut également permettre à toutes celles et ceux qui y aspirent, un départ à la retraite à taux plein dès 60 ans.

Nous devons redonner – dans les mots et dans les actes - à l’école publique, républicaine et laïque une place effectivement centrale qui la situe au cœur d’un projet politique émancipateur. C’est aussi la raison pour laquelle nous ne transigeons pas sur le respect de la loi de 2004 sur la laïcité.

C’est par l’élévation du niveau de qualification et de connaissance, par la formation de citoyennes et de citoyens éclairés, capables d’interroger leurs certitudes et de faire leurs propres choix que nous pourrons relever les défis majeurs qui sont devant nous.

C’est le message d’engagement et de remerciements sincères que je souhaitais vous passer en ce début d’année, conscient du poids et de la responsabilité qui, dans vos classes, pèsent sur vos épaules au quotidien, mais persuadé de votre détermination à assumer au mieux vos missions et à ne jamais perdre de vue l’intérêt de nos enfants.

Je vous souhaite à toutes et à tous, malgré les difficultés, une belle année 2024.

Fabien Roussel

Secrétaire national du PCF

Député du Nord