La psychiatrie ne peut être le bouc-émissaire des failles de la lutte anti-terroriste !

Publié le 08 décembre 2023

Depuis l’attentat terroriste du 2 décembre, des déclarations, à l'instar de celle du ministre de l’Intérieur, visent à imputer la responsabilité de cet acte à un manque de suivi psychiatrique.
Il n’y a pas de corrélation systématique entre idéologie islamiste et pathologie mentale. Et lorsque cette corrélation existe, elle est très difficile à délimiter.

Ainsi, la psychiatrie n'a pas à prendre en charge tous les cas de radicalisation, à prédire si telle ou telle personne radicalisée commettra un acte terroriste ou à maintenir enfermée des personnes radicalisées en dehors de décision judiciaire. Ce serait totalement contraire à sa mission et aux règles de notre État de droit. La mission de la psychiatrie est d'évaluer l'état d'une personne et de la soigner.

Plutôt que de détourner la psychiatrie vers une logique policière d’enfermement sécuritaire, donnons lui enfin les moyens de ses missions. Et donnons nous parallèlement tous les moyens de lutter contre le terrorisme sans confondre les missions.
La psychiatrie publique est le parent pauvre de la Santé en France, comme l'avait reconnu lui-même le ministre de la santé O. Véran « elle souffre de 40 ans de paupérisation ». Elle manque cruellement de moyens pour prendre en charge toutes les souffrances psychiques de notre population. Ce qui est pourtant sa mission.

De nombreux patients n’ont pas accès aux soins en centre médico-psychologique et sont renvoyés vers le libéral, le plus souvent vers leur médecin généraliste. Pour ceux qui ont la chance d’être pris en charge, il y aura encore des délais d’attente insupportables avant d’avoir un premier rendez- vous, allant de plusieurs mois en psychiatrie adulte à plus d’un an en pédopsychiatrie. Et aujourd’hui les patients dit stabilisés mais qui le sont parce qu’ils bénéficient d’un suivi hebdomadaire, voire quotidien, sont en train d’être exclus de ce suivi au prétexte que depuis la Loi Touraine de 2015 la psychiatrie ne devrait s’occuper que de la crise, le suivi des patients stabilisés relevant du parcours de soins, donc de leur généraliste qui n’a ni la formation, ni le temps pour s’occuper de patients souffrant de psychose.


Parmi nos propositions pour répondre aux besoins de la population, nous proposons :

- la reconnaissance de la psychiatrie comme une discipline à part entière et non comme une simple spécialité de la médecine, ce qui implique que le dispositif de Secteur soit considéré comme un parcours de soins spécifique.

- la création de dizaines de milliers de postes soignants, avec un plan pluriannuel de formation et le rétablissement de formations spécifiques tant pour l’internat que pour les infirmiers, l’embauche immédiate dès 2024 de milliers de psychologues cliniciens qui ont dû renoncer à leur métier par manque de postes dans les Secteurs de psychiatrie publique.

 

Le Parti communiste français 

Le 8 décembre 2023