Rapport du Haut Conseil pour le Climat 2022 : la France est au pied du mur des politiques climatiques !

Publié le 30 juin 2023

Le Haut conseil pour le climat vient de sortir son rapport annuel dressant une évaluation des politiques climatiques de la France tant sur l’atténuation que sur l’adaptation.

Nous voulons tout d’abord saluer le travail de ces femmes et hommes scientifiques qui nous aident à comprendre les changements climatiques en cours, et dans le cadre spécifique du HCC, émettent aussi des recommandations dans les actions à engager : c’est un outil précieux pour les politiques publiques, dont l’indépendance et les moyens doivent être préservés.

Nous retenons que sur 34 indicateurs sur lesquels s’appuient le rapport pour évaluer l’action climatique du gouvernement, seuls 3 sont orientés dans la bonne direction : ce point est très préoccupant.

Cela donne la mesure du fossé entre le discours gouvernemental et la réalité des transformations sur le terrain. Si le rapport note des points positifs concernant le cadrage politique des mesures, avec de nombreux plans et documents stratégiques, il ne reste pas moins que la France ne parvient pas à engager les transformations nécessaires dans de nombreux secteurs. Ainsi en est il du déploiement de la mobilité électrique trop lent, des aides qui ne sont pas assez fléchées vers l’acquisition de véhicules légers et à bas prix, des véhicules individuels lourds thermiques persistants et toujours privilégiés par les constructeurs automobiles pour les marges de profits qu’ils dégagent, mais plombant d’autant le bilan carbone dans les transport, dans le logement la lenteur désormais bien connue du rythme des rénovations globales. Toutes ces lenteurs font que la France doit baisser ses émissions à un rythme 2 à 3 fois plus important dans les prochaines années pour respecter les trajectoires qu'elle s’est fixée dans sa stratégie bas carbone.

Le rapport pointe également l’absence d’une politique d’adaptation sérieuse au réchauffement climatique. La politique actuelle est faite de réaction immédiate et non pas de transformations en profondeur dans une perspective de long terme. D’autant plus que le réchauffement déjà bien ressenti en France, avec un réchauffement de 1,9 degrés dans notre pays mesuré sur la dernière décennie, ira en s’aggravant et atteindra 2 à 2,3 degrés dès 2030. Si l’année 2022 a été particulièrement chaude, ce sera le climat moyen de la France en 2050, et un réchauffement global de 4 degrés d’ici la fin du siècle est plausible. Au regard de ces résultats, le PCF appelle le gouvernement à acter cette situation d’urgence et à consacrer les politiques d’adaptation climatique comme une nécessité absolue avec des financements dédiés.

Comme le pointe le rapport, ces financements manquent cruellement : il faudrait engager ainsi dans l’immédiat 30 milliards d’euros supplémentaires. Au fond, le gouvernement est au pied du mur car il se heurte au tabou du financement et des mesures de transformation profonde du système financier et fiscal, qui permettrait d’être à la hauteur de l’enjeu. Là où le PCF propose de changer les critères de financement dans l’octroi des crédits jusqu’à un taux zéro pour toute dépense tournée vers des politiques climatiques efficaces, avec un pôle public bancaire dédié, le gouvernement continue de favoriser les marchés financiers, leurs critères de rentabilité et la sécurisation des profits des actionnaires, et son corollaire la guerre sociale envers les salarié·es sommé·es de travailler plus. Il continue également le dépeçage des services publics pourtant si essentiels à la transition climatique et source d’efficacité énergétique. Ce n’est pas simplement un curseur qu’il faut bouger, mais toute la logique politique du gouvernement qu’il faut bouleverser.

Entre d’un coté les actionnaires, la sécurisation des profits des grandes entreprises et des marchés financiers et de l’autre le climat et le développement social, le gouvernement doit maintenant trancher : il est au pied du mur !

Paris, le 30 juin 2023.
Parti communiste français