Retour sur l’Assemblée générale du PGE et la réunion du Bureau exécutif

Publié le 28 juin 2023

Le Bureau exécutif du Parti de la gauche européenne (PGE) s’est réuni à Vienne pendant 2 jours (24 et 25 juin). La réunion a beaucoup porté sur la préparation des élections européennes qui auront lieu dans à peine un an (juin 2024). Une plateforme commune de propositions est en cours d’élaboration et l’état du travail a été présenté. Elle est répartie en plusieurs domaines (« clusters »). Un accord est en cours pour la plupart d’entre eux.

L’articulation des questions sociales, écologiques et économiques va demander un travail supplémentaire. Elle témoigne en effet de différences entre certains qui veulent tout remplacer par l’enjeu écologique et du coup tendent à être suivistes ― à leur corps défendant ― de tous les discours et des actes de la Commission européenne au risque de donner l’impression de les valider : grands discours généraux mais culpabilisation des personnes, accompagnement social par des compensations « justes » et pas un mot sur la réorientation des entreprises, des banques, la logique du capital ni les institutions monétaires de l’Union européenne, comme la BCE. Il faut affronter ces enjeux écologiques sans nous dénaturer et, surtout, en étant entendus par le cœur des catégories que nous voulons mobiliser. Il s’agit de lier étroitement écologie, social et paix (co-développement inclus) en insistant sur le fait que pour relever ces défis, c’est l’économie qu’il faut très profondément changer et réorienter, la réorienter en alliant une conception nouvelle de la démocratie et de tout autres critères de financement. D’autant que le congrès du PGE de décembre 2023 avait adopté cette position correcte.

En septembre, nous accueillerons à Paris la conférence des présidents du PGE qui avancera sur la plateforme. Son adoption est prévue en février, pour une présentation publique au printemps.

Le PGE a également décidé d’ouvrir un débat sur la possibilité de présenter un candidat commun aux élections européennes et de recueillir l’avis des partis membres sur cette question. Si cette possibilité est retenue, il faudra que ce candidat soit en mesure de rassembler l’ensemble des partis du PGE et du groupe The Left au Parlement européen, ainsi que de porter des contenus politiques qui permettent de conjurer la crise et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les peuples et la gauche en Europe. Un texte a été adopté en ce sens.

Les camarades espagnols (PCE et Izquierda Unida) ainsi que les camarades grecs de Syriza nous ont présenté leur analyse des résultats des récentes élections dans leurs pays respectifs. Ces analyses, encore provisoires, tendent à souligner le besoin d’articuler gestion (gouvernementale) et luttes, protestation et projet alternatif, de ne pas s’en tenir à la limitation du néolibéralisme, dans un lien au mouvement social et au mouvement des idées. Au risque, sinon, de développer les fractures dans la gauche, la perte de sens, et donc de faire progresser droite néolibérale et extrême droite nationale-libérale.

A été aussi adoptée l’intégration de nos alliés politiques français de la GRS (Gauche républicaine et sociale) comme membre de plein droit du PGE, qui avait jusque-là le statut d’observateur.

Plusieurs interventions ont insisté sur l’absolue nécessité, renforcée par la guerre en Ukraine, de valoriser les positions de paix et l’orientation d’une Europe qui s’émancipe d’une logique de blocs, et ont rappelé la condamnation par le PGE dès 2015 de l’interdiction du parti communiste d’Ukraine.

Nous avons aussi porté, dans nos interventions comme membres du PCF, la récession dans laquelle l’Europe est engagée en même temps que les mesures d’austérité – dont la hausse des taux de la BCE – qui, prises au nom de la lutte contre l’inflation, précipitent cette récession. Nous avons cherché à attirer l’attention sur deux choses. En interne sur le remodelage en-cours des interventions et de la doctrine de l’UE : l’acceptation des aides publiques, mais pour le capital ! ; un éventuel changement de doctrine sur la concurrence pour appuyer les oligopoles européens ; une économie de guerre ; un plein-emploi néolibéral ultra-flexible. En externe, nous avons insisté sur le « pacte financier mondial » d’E. Macron et la recherche d’intégrer le « Sud global », tout en faisant jouer à l’UE un rôle de supplétif des États-Unis, sans changer aucunement l’architecture financière internationale. Cela fait saillir l’exigence de travailler et porter, y compris par le PGE, une alternative mondiale au dollar en convergence avec les pays du Sud et les BRICS, et les partis de ces pays.

Enfin, en ce qui concerne la solidarité internationale, le PGE a souligné sa participation à la campagne contre le blocus des États-Unis contre Cuba et pour le retrait de Cuba de la liste des États finançant le terrorisme. Par ailleurs, le PGE participera au sommet des peuples UE-CELAC qui aura lieu à Bruxelles les 17 et 18 juillet.   

Frédéric Boccara

Membre du CEN