Sénégal : le PCF appelle au calme et à l’ouverture de discussions de sortie de crise

Le Parti communiste français suit avec inquiétude la situation en cours au Sénégal. Depuis le jeudi 1er juin 2023, le pays a connu une flambée de violence et de répression à la suite du délibéré du procès intenté à l’opposant Ousmane Sonko, président du parti PASTEF et maire de Ziguincho.

Depuis l’énoncé du verdict, de violentes manifestations se sont déroulées à Dakar et dans d’autres villes du pays. Le bilan officiel fait état de 15 morts et de nombreux dégâts matériels. Selon des sources hospitalières, les blessés se comptent par dizaines. Le PCF s’incline devant la mémoire des disparus, présente ses condoléances aux familles des victimes et à l’ensemble du peuple sénégalais, et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

La crise que traverse le Sénégal survient dans un contexte de recul sans précédent des libertés publiques. La préparation de l’élection présidentielle du 24 février 2024 est source de fortes tensions depuis plus de deux ans. Ce pays considéré naguère comme un « modèle de démocratie apaisée, pays pivot et pôle de stabilité dans la sous-région » prend une trajectoire de plus en plus inquiétante. Plus de 700 militants et responsables politiques sont en détention préventive pour des chefs d’inculpation comme « appel à l’insurrection », « diffamation de corps constitué », « atteinte à la sûreté de l’État ». Les journalistes, activistes et youtubeurs ne sont pas épargnés. L’utilisation de la justice comme instrument politique apparaît aux yeux de l’opposition, d’une partie croissante du peuple sénégalais et d’observateurs indépendants comme une stratégie délibérée du pouvoir. La doctrine d’engagement des forces de l’ordre, incluant l’utilisation d’armées létales, ouvre la porte à de graves dérives.

L’ensemble de ces événements se déroulent dans un contexte de crise sociale et économique. Le Sénégal a reculé à la 170e place sur 190 pays en ce qui concerne l’indice de développement humain (IDH). Le Sénégal, comme les autres pays de la sous-région, subit les effets délétères d’une économie de traite qui réduit considérablement les perspectives de vie et de travail de la population sur place.

Le PCF fidèle à ses engagements historiques en faveur de l’émancipation politique, économique, monétaire des peuples d’Afrique souhaite que le gouvernement français, qui entretient des liens étroits avec les autorités sénégalaises, s’exprime en faveur d’un dialogue politique entre le pouvoir sénégalais et l’opposition. Au Sénégal comme ailleurs, seul le respect des droits humains, des droits démocratiques et de la presse, ainsi que le respect de la séparation des pouvoirs, peuvent créer les conditions d’un développement endogène durable. Il lui demande également de se prononcer en faveur de la libération de l’ensemble des prisonniers d’opinion et de la levée immédiate du blocus autour du domicile d’Ousmane Sonko.

Le PCF appelle également le Gouvernement français à ne pas fournir d’aide en vue de participer à la répression des manifestants sénégalais.

Le PCF est persuadé que le peuple sénégalais trouvera rapidement les ressources lui permettant de sortir de la situation difficile qu’il traverse. Seul le dialogue entre toutes les parties prenantes peut amener une issue à la crise. Le PCF réaffirme sa solidarité avec les forces et mouvements de progrès qui s’engagent dans cette voie au Sénégal.

Parti communiste français,
Paris, le 5 juin 2023