Sommet de Paris : l’heure est à sortir des déclarations pour révolutionner le système financier !

Publié le 22 juin 2023

Ces 22 et 23 juin 2023, Paris accueille le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial.

Emmanuel Macron reconnaît la bascule du monde et l’urgence d’agir. Cela rend d’autant plus insupportables ses déclarations d’intentions lors de ce sommet qui ne visent qu’à reprendre à son compte l’aspiration très forte des peuples au changement pour avancer encore plus son projet néo-colonial et ultra-libéral.

L’heure n’est pas à « examiner les interactions » entre capitaux privés, banques et climat !

Elles sont connues : les financements des pays du Sud, dans lesquels vivent la majorité de l’humanité, sont sous l’emprise des marchés financiers, des multinationales et de leur logique prédatrice et néocoloniale.

Le résultat ? Comme le souligne avec pertinence le rapport d'Oxfam publié en janvier 2023, on assiste à « l’accélération des inégalités mondiales et la forte hausse de la fortune des milliardaires. » En Afrique, l’endettement explose depuis la pandémie de coronavirus. L’inflation consécutive à l’inefficacité croissante des masses d’argent déversées sur l’économie mondiale sous l’hégémonie des marchés financiers a fait basculer dans l’extrême pauvreté des millions de foyers. Et face à la guerre en Ukraine et à ses conséquences, l’heure est plus que jamais à des initiatives pour la paix !

Face aux défis posés par les inégalités internationales, la pauvreté, l’endettement et le sous-développement, face à l’urgence écologique, face à la montée des inégalités, de la pauvreté, des conflits armés et des forces d’extrême droite, un fait s’impose : l’état de choses existant n’est plus tenable ! Le sommet réuni à l’invitation d’Emmanuel Macron en est, à son corps défendant, un témoignage.

Les peuples du Sud ont besoin d’un financement massif en faveur de la protection sociale, des services publics, de l’emploi et pour une refonte écologique des productions.

Lors des dernières COP sur le climat, il a été réitéré que les besoins en financement pour mener à bien les politiques d’adaptation et d’atténuation dans les pays pauvres s’élevaient à près de 1 300 milliards de dollars par an : cette somme est immense, alors qu’on arrive péniblement à réunir 100 milliards pourtant inscrits dans les accords climatiques depuis 2009. C’est donc bien d’un tout autre fonctionnement dont a besoin le système de financement et non pas d’une réforme à la marge préservant l’essentiel des intérêts du capital.

La volonté portée par les Brics d’une autre organisation du système monétaire international, dont témoigne la Nouvelle banque de développement présidée aujourd’hui par Dilma Rousseff, est un défi lancé au FMI et à la Banque mondiale. Et la déclaration que Joe Biden, Emmanuel Macron et les principaux dirigeants européens cosignent aujourd’hui avec Lula et plusieurs chef·fes d’État africains fait partie des efforts des États-Unis, de la France et d’autres puissances impérialistes pour tenter de maintenir leur contrôle sur un monde où les rapports de force sont en train de basculer.

Il faut en finir avec les déclarations d’intentions et agir concrètement pour révolutionner le système financier mondial.

Le PCF porte trois propositions :

  • Sortir de la logique des plans d’ajustements structurels du FMI complétés par des « filets sociaux de sécurité » de la Banque mondiale et en finir avec l’hégémonie du capital états-unien et de Wall Street, appuyée sur l’exorbitant privilège du dollar.

  • Créer une monnaie commune mondiale de coopération, à partir des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, dont le secrétaire général de l’ONU à raison de dire qu’ils doivent davantage bénéficier aux pays du Sud, pour financer les investissements utiles sur critères d’efficacité sociale, économique et écologique.

  • Réorienter les milliers de milliards de dollars ou d’euros créés par les banques et les banques centrales des profits exorbitants vers le développement et l’émancipation de toutes et tous, au Sud et au Nord, par l’éducation, l’emploi et la formation, le développement des services publics et la préservation des biens communs que sont le climat, la biodiversité, l’air et l’eau.

Au lieu de servir de supplétif à la stratégie de Joe Biden comme le fait Emmanuel Macron, c’est dans ce sens que la France devrait agir, en pesant pour une Europe non alignée, agissant de concert avec les pays du Sud pour imposer une alternative à l’hégémonie du dollar. Les forces existent, en France et en Europe, pour rendre possible ce tournant historique. Une Europe émancipée de la tutelle impérialiste des États-Unis peut y contribuer de façon décisive. La France doit agir en ce sens. C’est une dimension décisive du projet de société que le PCF défend dans les mobilisations politiques et sociales, dans les actions de solidarité internationales, et qu’il défendra dans la campagne pour les prochaines élections européennes.

Paris, le 22 juin 2023
Parti communiste français.