Sommet sur la pollution plastique : agir à la source du problème et stopper la fuite en avant du modèle capitaliste

Publié le 03 juin 2023

« Le monde a les yeux sur nous, le défi est immense, nous en sommes tous ici conscients, mais il n'est pas insurmontable » tels furent les mots de Gustavo Meza-Cuadra Velásquez, président du comité international de négociation du sommet ministériel international sur la pollution plastique, qui s’est tenu du lundi 29 mai à vendredi 2 juin.

175 nations se sont retrouvées à Paris au siège de l'Unesco pour une 2ème session du comité international de négociation, sur les cinq prévues pour aboutir à un accord historique devant couvrir l'intégralité du cycle de vie du plastique.

Il y a urgence à mettre fin à cette pollution qui menace notre santé et l’ensemble de la biodiversité comme l’a documenté la communauté scientifique mondiale, dont nous saluons le travail et le rôle de lanceur d’alerte. En effet la situation est dramatique : la production mondiale de plastique a connu une croissance exponentielle, passant de 2,3 millions de tonnes en 1950 à 162 millions en 1993, et presque triplée en 30 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait encore tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait et si le modèle « business as usual » reste la règle.

Une quantité astronomique de 8 milliards de tonnes de déchets plastiques non biodégradables se sont déjà accumulés dans la biosphère depuis 1950. Tous ces déchets se décomposent au fil des années en micro et nano plastiques, contaminant toute la chaine alimentaire. C’est toute la biodiversité marine, des microorganismes jusqu’aux mammifères et aux oiseaux qui sont dramatiquement affectés provoquant une mortalité importante chez ces animaux. Ainsi selon les scientifiques en Méditerranée, la situation est telle que les microplastiques représentent 15% de la nourriture des poissons ! Ils affectent aussi directement la santé humaine notamment à travers son alimentation augmentant le risque cardiovasculaire, affectant la thrombose, favorisant les risques d’accidents vasculaires, l’apparition et le développement de cancers. C’est donc aussi un enjeu de santé mondiale !

Face à l’urgence d’agir, hélas, l’histoire semble se répéter : comme pour les sommets sur le climat où de précieuses décennies d’actions ont été perdues suite aux pressions de grands lobbys et d’Etats pétroliers, nous avons assisté durant toute cette semaine de négociation à une forte résistance de tous les acteurs économiques du secteur du plastique, Etats comme entreprises, afin d’empêcher un accord contraignant et ambitieux.

Bien que l’UE et la France, contrairement aux USA et à la Chine, affichent de hautes ambitions lors des négociations, ils font aussi partie des plus grands consommateurs en délocalisant beaucoup leurs productions dans les pays du Sud. Ils délocalisent également leurs déchets, dont ils confient à ces même pays du Sud l’élimination dans des conditions sanitaires, sociales et environnementales désastreuses.

Les solutions sont pourtant connues bien que heurtant le modèle capitaliste de production et sa fuite en avant consumériste avec son bras armé le marketing. L’urgence est d’abord de réduire la production à la source en éliminant le plastique dans tous les secteurs où il peut être remplacé. Il s’agit de remodeler nos modes de consommation en bannissant les usages uniques partout où cela est possible, favorisant les matériaux dont le recyclage est possible. Il s’agit aussi de favoriser l’économie du partage, de la fonctionnalité, privilégiant l’usage plutôt que la vente d’un produit, de généraliser l’éco-conception en intégrant bien en amont le cycle complet des produits, les rendant plus robuste, plus facile à réparer, plus facile à recycler. C’est tout le chemin inverse de l’obsolescence programmée qu’il faut prendre. Le recyclage doit progresser mais il ne doit pas non plus être une fuite en avant et un prétexte pour les entreprises pour justifier l’accroissement de leur production. Plus généralement l’économie circulaire ne pourra pas résoudre seule le problème bien que des progrès importants restent à faire.

C’est en réalité toute une économie, centrée non pas sur les profits et l’arbitraire des actionnaires, mais sur les besoins humains, y compris intégrant l’environnement et la santé humaine, qui est à construire faisant face aux défis que posent l’Anthropocène : pollution plastique, climat, ressources, biodiversité. Une économie où les services publics, les salariés dans les entreprises, les citoyens, auront un pouvoir réel de décision, aidés de l’expertise des scientifiques et de moyens financiers à la hauteur pour s’orienter vers d’autres alternatives et s’affranchir de l’agenda des actionnaires. Tous ces leviers devront être utilisés, et en particulier débloquer des fonds conséquents en direction des pays du Sud pour engager des actions de dépollutions de leur environnement et de transformation de leur système de production, à l’image des négociations climatiques sur les enjeux d’adaptation et d’atténuation.

Le PCF mettra toute ses forces dans les mois et années qui viennent, pour contribuer à la mobilisation populaire pour aboutir d'ici à la fin 2024 un traité juridiquement contraignant sous l'égide de l’ONU pour mettre fin à la pollution du plastique dans le monde.

 

Le Parti communiste français 

Le 3 juin 2023