39e Congrès - Discours d'ouverture de Fabien Roussel

Bienvenue dans cette grande capitale, cette belle ville populaire, digne et fière, ouverte au monde, comme nous ! Et merci aux Marseillais et aux Marseillaises pour leur accueil, leur amitié. Merci à nos camarades des Bouches-du-Rhône, à son secrétaire fédéral et sénateur, Jérémy Bacchi, et à toute l’équipe de la fédération, Naïma en tête, de nous permettre de tenir congrès ici, cent ans après le premier congrès du PCF qui s’était tenu ici même en 1923.

 

Je voudrais bien sûr associer à ces remerciements l’ensemble des camarades, ceux de toutes les fédérations, ceux du siège du Parti, qui ont permis de tenir ce congrès dans de si bonnes conditions. Merci Igor d’avoir coordonné cet immense exercice démocratique !

Je souhaite, en votre nom, saluer tous nos invités, internationaux notamment, qui vont assister à une partie de nos travaux et pour certains y prendre la parole. Saluer aussi toutes les forces sociales, politiques, associatives de France qui ont répondu à notre invitation. Et je veux tout particulièrement saluer les délégations des organisations syndicales qui sont à l’origine d’un mouvement social historique. Adressons-leur un tonnerre d’applaudissements !

Nous allons beaucoup parler de ce combat contre cette réforme des retraites durant nos travaux car il y a beaucoup de leçons à retenir de ce premier trimestre 2023. Je souhaite d’ailleurs à ce titre saluer la presse, présente aussi, et dire aux journalistes qu’ils sont aussi ici les bienvenus.

Nos débats, nos travaux sont transparents, publics. Je sais que certains d’entre vous préfèrent quand il y a de l’agitation, quand les résultats sont incertains. Et en venant à notre congrès, j’ai cru lire ou entendre qu’il n’y avait pas d’enjeu à ce congrès ; à tel point que la moindre petite phrase suscite beaucoup d’attention. Retenez une chose : Quand 42 000 adhérentes et adhérents débattent ensemble pour trouver les meilleures propositions pour réparer la France, pour faire gagner la paix et la fraternité humaine, je vous confirme qu’il y a des débats, des accords et des désaccords, des votes et des décisions. Mais ici, il n’y a pas de 49-3, car la démocratie est respectée !

Avant cela, avant l’ouverture des travaux de notre congrès, permettez-moi d’avoir à cet instant une pensée toute particulière pour nos camarades disparus, emportés par la Covid, qui auraient été fiers de voir ces 700 délégués au travail pour l’élaboration de la stratégie de leur parti, dans une ambiance aussi studieuse que fraternelle.

Je ne peux évidemment les citer tous, qu’on m’en excuse, mais vous comprendrez que je salue ici la mémoire de Jean-Charles Nègre et celle de Yann Le Pollotec, deux membres de la direction emportés par cette terrible épidémie.

Chers camarades,

Oui, notre congrès est un évènement politique important dans cette période. Jamais depuis des décennies notre pays n’a connu un mouvement social aussi large et aussi déterminé. La France et sa jeunesse ont parfaitement compris que se jouait là un véritable projet de société, entre ceux qui veulent faire du travail une source de profit au service d’une minorité, et ceux qui veulent en faire une source d’émancipation au service d’un projet commun.

Trois mois de luttes, ensemble, organisations syndicales, de jeunesse, forces politiques de gauche et écologistes, économistes, acteurs culturels, philosophes, sociologues… Un large pan de notre pays se mobilise contre la pire réforme de ces 50 dernières années !

Ce front commun, large, populaire fait bouger les consciences, remodèle le paysage politique. Regardez le sondage paru dans l’Humanité de ce jour ! Et j’en profite pour adresser un salut fraternel à la rédaction du journal et à son directeur, le sénateur Fabien Gay : 72 % des Français partagent notre proposition de permettre aux salariés de pouvoir décider des choix dans les entreprises ; 80 % partagent notre volonté de ne pas soumettre à la concurrence des secteurs comme la santé, l’école ou le logement ; et 83 % sont d’accord pour dire que la lutte des classes est toujours une réalité aujourd’hui. Quelle lucidité que celle du peuple de France !

Oui, la lutte des classes est toujours d’actualité et c’est la classe des riches qui la mène ! Avec Macron à sa tête, ici, dans notre pays !

Monsieur Macron, 45 ans, ancien banquier d’affaires devenu le président des riches, le président zélé de la finance ! Et aussi le président le plus détesté de la Ve République, contraint d’aller à l’autre bout du monde pour trouver un peu d’amour et de réconfort ! Je vous le dis, Monsieur le Président, depuis Marseille, les pieds dans mon pays quand vous vous êtes en Chine en train de brader notre industrie et critiquer les syndicats alors que la France est en crise ! Je vous dis ceci : si nous n’avons pas encore gagné la bataille des retraites, vous, vous avez perdu la France, perdu les syndicats, perdu l’opinion ! Vous, vous êtes déjà battu !

Oui, ce mouvement contre cette scandaleuse réforme des retraites à 64 ans fait bouger les consciences, fait grandir les idées progressistes que nous défendons tous dans notre diversité. Oui, nous sommes utiles ! Oui, nous le sommes plus que jamais, en portant ces propositions auprès des travailleurs autant qu’en œuvrant à leur unité, dans le mouvement pour les retraites comme dans toutes les luttes - et elles sont nombreuses - pour l’augmentation des salaires. Comme nous sommes fiers de travailler, depuis des mois, à la construction de réponses politiques par l’ensemble des forces de gauche, des réponses à la hauteur des exigences de la mobilisation.

Oui, notre parti, nos parlementaires ont été bien souvent à l’initiative pour unifier les actions, pour faire converger les propositions, pour faire le lien avec les organisations syndicales. Nous sommes, par exemple, à l’origine de ce référendum d’initiative partagé déposé au Conseil constitutionnel et co-signé par 252 parlementaires. Nous pouvons les saluer, saluer les députés GDR et les sénateurs, sénatrices du groupe CRCE, bravo à vous !

C’est la fierté du Parti communiste français de jouer pleinement son rôle dans cette période. C’est aussi de notre responsabilité de travailler à un débouché politique progressiste à la crise sociale, démocratique et politique provoquée par ce président, ses alliés et leurs députés.

D’abord parce que ces crises sont extrêmement graves.

Je pense aux Français dont le pouvoir d’achat fond comme neige au soleil. Je pense à l’augmentation incroyable de la pauvreté en France, aux personnes isolées, à la solitude qui frappe de plus en plus de nos concitoyens. Je pense aux entreprises, celles de l’industrie ou les TPE-PME. Je pense aux communes, aux services publics, à tous ceux dont la facture énergétique a tellement explosé qu’ils ne savent pas comment demain ils pourront poursuivre leurs activités.

Je pense à la crise démocratique grave, profonde provoquée par le Président, à la montée de la violence comme à celle de l’extrême droite, en guise de réponse dans une société où plus personne ne se parle. Je pense au climat, à la crise des ressources naturelles, l’eau, l’air, la terre, et aussi la biodiversité que nous devons protéger.

Je pense à la paix, jamais autant menacée que par ces logiques toujours aussi impérialistes, brisant l’élan de peuples qui n’aspirent qu’à une chose : vivre et vivre libres.

Nos débats, nos décisions durant tout ce congrès vont nous permettre de présenter aux Français notre projet pour la France. Ce projet, ces réponses que nous apportons concernant l’emploi, les salaires, l’inflation, l’écologie, l’égalité. Et nous voulons les voir mis en œuvre.

Nous voulons conquérir le pouvoir ! La gauche doit se fixer l’ambition de gagner ! Nous ne sommes pas là pour être les champions de l’opposition, mais pour gouverner ! Gouverner par le peuple, gouverner pour le peuple, et gouverner avec lui !

Et c’est avec cette ambition-là, une ambition forte, porteuse d’espoir, progressiste, rassembleuse que nous voulons définitivement fermer la porte à l’extrême droite, que nous battrons l’extrême droite !

Oui, soyons à la hauteur de cette situation inédite. Et n’ayons pas peur d’en débattre, sans sectarisme, sans injonction de qui que ce soit ! Les polémiques que certains aiment à faire monter pour diviser les communistes n’ont pas de place quand l’extrême droite est à la porte du pouvoir.

Comme le disait Aragon dans La Rose et le réséda : « Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat ».

Nous devrons tous nous unir, tous nous rassembler, pour empêcher l’extrême droite de mettre la main sur la République.

Et nous voulons le faire, nous communistes, avec la plus grande sincérité, la plus grande honnêteté avec les Français ; en le faisant avec eux, en portant le programme le plus juste, le plus ambitieux, le plus à même de les convaincre et de convaincre cette classe ouvrière qui a été abandonnée par la gauche !

Nous avons été, nous, de tous ces combats contre l’extrême droite et contre cette droite qui préférait en son temps Hitler au front populaire !

Le Parti communiste français, dans son histoire, a toujours fait le choix de la France, de la République, et a toujours défendu d’abord les intérêts du monde du travail ! Et nous avons toujours mis en avant d’abord les idées, le programme et notre ambition pour la France, plutôt que les noms de personnes, quels qu’ils soient !

Alors, à celles et ceux qui veulent polémiquer et qui se permettent même de s’adresser aux adhérents du PCF, à vous, pour se mêler de notre congrès, je le dis clairement : Personne ne dictera aux communistes ce qu’ils doivent penser, faire ou choisir !

Nos choix sont souverains, nous les faisons ici, et ceux qui aimeraient y participer ou qui ont des choses à dire, je les invite à rejoindre le Parti communiste français. C’est un parti démocratique, un parti qui débat, amende, vote et décide démocratiquement ! Tout le monde ne peut pas en dire autant ! Venez chez nous, vous apprendrez beaucoup !

Mes chers amis, mes chers camarades,

Les jours heureux sont toujours devant nous et restent notre objectif. Avec le travail au cœur de notre projet, un travail qui émancipe, qui redonne de la dignité, qui retrouve toute sa place dans une société qui se fixe pour objectif de répondre aux besoins humains.

Oui, la France du travail et du progrès social, pour toutes, pour tous, ici dans l’Hexagone ; comme pour tous les peuples d’Outre-Mer qui sont nos frères et nos sœurs.

Oui, le progrès social comme objectif commun pour nous tous, mais aussi pour tous les peuples d’Europe avec qui nous vivons, pour bâtir une paix durable et sincère ; car il n’y aura pas de paix sans progrès social, pas de progrès social sans paix !

Nous allons donc, à l’issue de notre congrès, nous adresser aux Français pour leur présenter notre projet, pour la ré-industrialisation du pays. Sur la place du travail et la sortie du capitalisme ; sur la reconquête de notre souveraineté énergétique, alimentaire, sanitaire ; sur le rôle éminent des services publics, ceux que nous devons conquérir ; sur le développement de la culture et de la création, et sur la promotion des sciences et des connaissances ; sur l’Europe de la paix, l’Europe des nations libres et associées que nous voulons défendre.

Je veux vous dire ma confiance en notre parti, en nos militantes et militants, pour que nous soyons très offensifs en ce sens.

J’ai réalisé ces derniers mois un Tour de France des régions, des sous-préfectures, qui m’a amené à la rencontre de la France profonde, celle des villes comme celle des champs. J’ai rencontré beaucoup d’entre vous, beaucoup de nouveaux adhérents, de jeunes élus, de dirigeantes et de dirigeants.

Notre parti s’est renforcé ces derniers mois. Nous pouvons en être fiers et je voudrais aussi les saluer, ces nouveaux adhérents et adhérentes qui ont rejoint le PCF depuis l’élection présidentielle. Bienvenue au PCF, bienvenue dans cette famille qui vous accueille les bras ouverts !

Ce 39e Congrès doit être le congrès de la reconquête. Celui qui doit fixer, dans chacune de nos organisations, des objectifs ambitieux de renforcement, de formation, d’adhésions, de création de cellules dans les entreprises, les villages, les quartiers ! Celui qui doit voir émerger de nouveaux cadres et notamment des femmes pour leur laisser toute la place, à égalité avec les hommes !

Oui, ce 39e Congrès sera celui de la reconquête d’un Parti communiste français offensif et influent, populaire et féministe ! Voilà le chantier qui s’ouvre à nous.

Chers camarades, je suis certain que notre 39e Congrès fera date parce qu’il nous donnera les moyens de répondre à cette belle ambition communiste de nouveaux jours heureux, en France, en Europe et dans le monde !

Je vous remercie.

 

Bon congrès à toutes et tous !