À Malo ce 25 août – Fabien Roussel ne perd pas le Nord

À la veille de l’Université d’été du PCF, à Strasbourg, Fabien Roussel n’a pas manqué le traditionnel rendez-vous à Malo-les-Bains (à Dunkerque), pour la journée à la mer organisée par les communistes du Nord. L’occasion d’une répétition pour la rentrée politique du secrétaire national.

La journée à la mer et de la solidarité de Malo, Fabien Roussel connaît bien. La première fois qu’il y a pris la parole, c’était en 2014 alors qu’il était secrétaire de la fédération du Nord du Parti communiste. Cette année-là, c’était sous la présidence de François Hollande, il avait déjà cité le palmarès des 500 plus grandes fortunes françaises publié chaque été par le magazine « Challenge ».

En 2014, rappelle-t-il, ces 500 fortunes totalisaient un patrimoine de 390 milliards d’euros. Elles se plaignaient alors de payer trop d’impôts.

Mettre fin à l’abondance des plus riches

Lorsque le président Macron arrive à l’Élysée, en 2017, ce patrimoine s’élève à 570 milliards. Il a augmenté de 46 %. Mais après cinq ans de présidence Macron, ce chiffre a encore augmenté de 75 %, dépassant les 1 000 milliards d’euros.

En citant cette progression gigantesque, face à un public qui ne peut, le plus souvent, disposer de son droit aux vacances faute de moyens financiers, Fabien Roussel hausse le ton en évoquant la dernière trouvaille d’Emmanuel Macron : « la fin de l’abondance et de l’insouciance ».

« Mais Monsieur le Président, de quelle abondance parlez-vous ? Quelle abondance quand la France compte 12 millions de Français en précarité énergétique, 10 millions de pauvres, 8 millions [qui ont recours] à l’aide alimentaire, 4 millions sont mal logés ? »

Et de s’exclamer encore, sous les applaudissements de la salle : « Pour la grande majorité des Français, ce n’est pas l’abondance. C’est le manque. C’est le frigo vide. Ce sont les vacances dont on est privé. C’est le resto qu’on ne peut payer. Oui, il faut mettre fin à l’insouciance et à l’abondance des plus riches ! »

Profiteurs de crise et de guerre

Ceux qu’il dénonce, entre autres : les champions du luxe, de l’armement, des médias, de l’alimentation et des transports. Et de citer Bernard Arnault, la famille Hermès, Béthencourt, Dassault, Mulliez, Rodolphe Saadé, le patron de CMA-CGM, Besnier, Lactalis. « Il n’ont jamais gagné autant d’argent que pendant la crise, dénonce-t-il. Ce sont eux les profiteurs de la crise ! »

Pour lui, « ce sont ces mêmes grands groupes qui sont responsables de l’inflation, de la spéculation, de la hausse des prix des matières premières. » Profiteurs de crise, voire profiteurs de guerre, ajoute-t-il en leur reprochant leur « indécence » quand « la planète brûle et qu’il y a tant besoin d’investissements dans nos logements, dans les transports, dans l’industrie, dans l’énergie. »

Fort de ce constat, Fabien Roussel rappelle le sens de la campagne lors de l’élection présidentielle et des législatives. « Nos propositions sont toujours d’actualité », affirme-t-il : « hausse du Smic et des salaires, des retraites, investissements dans l’école, la santé, les services publics, reconquête de notre souveraineté énergétique, alimentaire, industrielle, et garantie d’un emploi et d’une formation pour chacun d’entre nous. »

Preuve que la logique des campagnes électorales que les communistes viennent de porter est loin d’être terminée, il remet le paquet sur ce qu’il appelle le « roussellement » qu’il oppose au « ruissellement » de Macron. « Le roussellement, c’est donner de l’argent aux travailleurs, aux retraités, pour que cela ruisselle sur toute l’économie du pays ! »

Taxer les superprofits et développer les transports gratuits

Mais à l’art de la critique, Fabien Roussel n’oublie pas celui des propositions. « Nous proposons, dit-il, de mettre à l’ordre du jour de cette rentrée 2022 une taxe sur les superprofits des grands groupes, une taxe anti-spéculation ainsi qu’un impôt de solidarité exceptionnel sur les grandes fortunes du pays comme sur la spéculation boursière, afin d’alimenter un fonds pouvoir d’achat et climat. » En « arrachant » ainsi au capital 50 milliards d’euros par an et si l’État et la BCE en mettent chacun autant : « ça fait 150 milliards ! Voilà comment nous nous donnerons les moyens de répondre à nos besoins ! »

Autre proposition : développer partout les transports gratuits. « Je propose que tous les salariés, les demandeurs d’emploi, les étudiants, et les retraités bénéficient d’une carte de transport leur donnant accès gratuitement au réseau de TER, de métro et de bus propres en France ainsi qu’à 10 trajets gratuits sur le réseau TGV ! »

Construire les Jours heureux, c’est l’objectif du PCF. Depuis la campagne de la présidentielle et des législatives, « nos propositions sont toujours d’actualité : hausse du Smic et des salaires, des retraites, investissements dans l’école, la santé, les services publics, reconquête de notre souveraineté énergétique, alimentaire, industrielle et garantie d’un emploi et d’une formation pour chacune d’entre nous. Nous ne voulons plus des petits chèques, des petites primes de Macron, on veut vivre dignement et garantir un avenir à nos enfants !! »

Pour soutenir ces propositions, Fabien Roussel conclut en appelant « aux mobilisations les plus larges en cette rentrée 2022, face à cette inflation galopante, contre les superprofits des multinationales, pour la justice sociale et climatique ! Il faudra être nombreux les 22 et 29 septembre prochains à l’appel des organisations syndicales pour obtenir des moyens pour la santé et pour l’augmentation des salaires de tous les salariés. »

Philippe Allienne

Rédacteur en chef de Liberté Hebdo