Aéronautique - Imposer une autre logique pour une filière industrielle et de services stratégique pour la France

Sous couvert d'un engagement politique en faveur d'une relance de l'activité de la filière aéronautique, le gouvernement a annoncé les grands axes d'un financement à hauteur de 15 milliards d’euros de la filière aéronautique.

Outre qu’il inclue l'aide financière de 7 milliards d’euros déjà accordée    à    Air France – KLM, ce plan, en apparence substantiel, peut s’avérer redoutable s’il n’inverse pas radicalement les logiques qui président depuis plus de 20 ans au sein de cette filière industrielle et de services. 

Or, à l’instar de ce qui se passe dans la filière automobile, les engagements gouvernementaux quant à cette mobilisation financière ne déterminent aucunement des conditions de maintien et de développement de l’emploi et l’activité dans le pays.

Déjà, de nombreuses entreprises de la filière envisagent, à l’instar de Safran, des licenciements massifs sur le sol national où 8.000 emplois à l'international ont été supprimés dans ce groupe.

D’autres entreprises de la sous-traitance notamment, à l’image de Derichebourg, organisent la pression sur les salariés pour renoncer à leurs salaires et à leurs acquis avec la menace de 700 licenciements…

C’est ainsi un plan massif de licenciements et de restructurations qui se dessine dans l’ensemble de la filière, en France et en Europe, rendant urgente l’intervention des salariés et des citoyens dans les entreprises concernées et dans les territoires.

Le PCF et ses commissions de travail (aéro, entreprises, économie, déplacement, écologie, défense, notamment) sont donc mobilisées pour l’élaboration d’un vrai plan de reconquête pour l’ensemble de la filière, qui doit évidemment nourrir l’intervention immédiate contre la casse sociale mais aussi dessiner l’action plus durable pour que la France et l’Europe disposent d’une filière aéronautique et aérospatiale en capacité de répondre aux grands défis de la période.

Développement de l’emploi, relocalisations de productions, formation, recherche, coopérations européennes et internationales, transition écologique, énergies, besoins de déplacements, spatial… autant d’approches pour conforter l’ensemble de cette filière à vocation stratégique pour la France.

Ces exigences s’appuient sur une ambition : valoriser le potentiel humain et industriel bâti sur des décennies et proscrire, pour y parvenir, toute logique de « casse » sociale ou industrielle, en intégrant les exigences nouvelles de démocratie et en s’affranchissant des diktats des marchés financiers.

De ce point de vue, la question de faire monter le capital public dans l’ensemble de la filière devient une question cruciale, si elle s’appuie sur une mission claire : celle de structurer démocratiquement une économie dynamique créatrice d’emplois, une économie de transition écologique, en lien avec l’aménagement de nos territoires ainsi qu’une politique d’amélioration des transports.

Cela nécessite notamment de sortir la filière des logiques de concurrence entre les modes de transports, de guerre économique et de rentabilité immédiate.

Et donc de la mettre à l’abri des marchés financiers et de la rentabilité boursière.

Quelques grands axes d’intervention ont d’ores et déjà élaborés en ce sens, qui peuvent, sans attendre, favoriser l’intervention communiste dans les luttes en cours dans la filière, parmi lesquels :

Interdiction de tout licenciement ou suppression d’emploi dans les groupes bénéficiant de l’argent public mobilisé par l’Etat;

réhabilitation des logiques de service public dans le transport aérien ;

Obligation pour les grands donneurs d’ordres de soutenir leur réseau d’entreprises de sous-traitance en relocalisant des productions et mise en place de stratégies de coopérations mutuellement avantageuses et de co-développement ;

Droits d’intervention pour les salariés dans la gestion des entreprises de la filière;

Réorientation de la participation de l’état dans les grands groupes, afin de les protéger contre toutes attaques boursière, et faire prévaloir l’intérêt public dans les choix stratégiques, en intégrant, dans les instances de gouvernance, des représentants de l’Etat et d’autres acteurs des instances publiques (Collectivités Locales des bassins d’emplois)

Soutien aux stratégies visant à une véritable transition écologique avec des efforts massifs pour la recherche et le développement de nouveaux modes de propulsion (hydrogène, électrique ou hybride, …) permettant de réduire les émissions de CO2 et d’une nouvelle filière de recyclage des avions ;

Réorientation de la filière industrielle de défense et de sécurité au service de la paix et de l’entente entre les peuples plutôt qu’au service du commerce mondial de l’armement ;

Bien d’autres propositions sont sur la table pour l’élaboration de ce plan de reconquête de la filière aéronautique dans notre pays. C’est une condition pour promouvoir une filière essentielle à de nouvelles coopérations dans le monde, au droit de se déplacer, à de nouvelles découvertes dans le le spatial, ou à une mondialisation respectueuse des droits humains et de l’environnement.

La France dispose d'un tissu industriel qui la place à un niveau de responsabilité de premier plan. Il s’agit pour les communistes de conforter le rôle qu'elle a su jouer historiquement, qu'elle continue toujours de jouer, et qui lui donne une légitimité pour dégager la filière, à l’échelle de l’Europe notamment, de la tutelle des marchés financiers.

Christophe Grassulo, secrétariat commission entreprises.