Air France-KLM : Le ministre de l’Économie et des Finances n’est plus qu’un spectateur impuissant de la concurrence libre et non faussée

Idéologue forcené du désengagement total de l’État actionnaire dans de nombreux secteurs qu’il qualifie de « non stratégiques », voilà notre ministre de l’Économie en tenue de combat pour « exiger des explications » d'un partenaire européen, à l’évidence lui très intéressé par le devenir du groupe Air France-KLM.

C’est le même Bruno Le Maire qui, avec quelques articles de sa loi Pacte retoquée par la majorité du Sénat grâce à la mobilisation des sénatrices et sénateurs du groupe CRCE, propose de privatiser Aéroports de Paris, de brader les intérêts de la France dans la gestion des plus grandes plateformes aériennes du pays, y compris ceux du groupe Air-France – KLM.
On sait que la France, en se désengageant ainsi, n’aurait aucun moyen d’agir auprès du futur concessionnaire Vinci et des fonds de pensions qui soutiennent cette opération. Il serait condamné à la même impuissance que face aux concessionnaires autoroutiers, les mêmes, grands racketteurs des automobilistes.

Que reproche notre ministre à l’État néerlandais, sinon de vouloir peser dans le destin d’une compagnie stratégique pour ses intérêts nationaux ?

Avec cette prise de participations massive, les visées du gouvernement libéral hollandais ne sont probablement pas animées par des préoccupations sociales ou écologiques, loin s’en faut. Elles s’inscrivent dans la même stratégie de  « concurrence libre et non faussée » prônée à Paris comme à La Haye, qui aboutit en fait systématiquement à une guerre économique entre les États, dont les peuples, les salariés sont les grands perdants. L’attitude des Pays-Bas a en revanche une vertu : défendre des intérêts nationaux stratégiques.

Si Bruno Le Maire veut jouer un rôle utile pour les intérêts d’Air France-KLM et pour notre pays, le PCF l’appelle à faire preuve de plus d’audace encore que son homologue néerlandais. Qu’il engage rapidement la réflexion nécessaire, avec tous les acteurs concernés (compagnies nationales, gestionnaires de plateformes, leurs salariés, l’État et les collectivités,…), à la constitution d’un grand pôle public national du transport aérien, excluant la privatisation d’ADP.
Il peut également rapidement convoquer le patron du groupe pour s’enquérir des suites données aux exigences des salarié·e·s, exprimées lors du référendum interne qui a conduit à la démission de son prédécesseur.
Il ne sera alors pas condamné à « demander des explications » à un de ses partenaires européens mais agira efficacement à la défense des intérêts de notre pays.