Air France : les milliards d'argent public accordés au groupe doivent servir à préserver l'emploi et à innover plutôt qu'à accélérer des catastrophes sociales

La direction du groupe Air France s'apprête à présenter un vaste plan de restructuration de ses activités et la suppression de près de 10.000 emplois, soit 20 % de ses effectifs.

Cette annonce, opportuniste puisque des mesures de restructuration sont à l'oeuvre depuis longtemps au sein du Groupe, constitue une véritable provocation alors que le gouvernement s'est engagé dans un soutien financier massif de 7 milliards d'euros (4 milliards de prêts bancaires garantis à 90% par l'Etat et 3 milliards de prêt direct) en sa faveur.

A l'image de la filière automobile, l'Etat mobilise donc des moyens énormes au bénéfice des grands groupes, sans aucune exigence en matière d'emploi ou d'innovation.

Le groupe Air France va ainsi accélérer des projets de destruction d'emplois et de transfert d'activité socialement moins-disant d'Air France vers Transavia.

La montée en capital de fonds spéculatifs tels que Causway Capital et une gouvernance de plus en plus verrouillée par des intérêts privés pèsent évidemment lourd dans les décisions à venir.

Pourtant, les exigences climatiques et environnementales, les enjeux industriels et technologiques dans l'ensemble de la filière, les défis nouveaux en matière d'aménagement du territoire nécessitent des investissement stratégiques, des compétences nouvelles, un haut niveau de formation des personnels, dans la compagnie comme dans l'ensemble de la filière aéronautique.

Le PCF formule 3 propositions concrètes et immédiates :

  • La première est de sécuriser les emplois du transport aérien et de l'industrie aéronautique, de développer massivement la recherche et le partage de ses résultats à l'échelle du globe, d'utiliser les gains de productivité pour réduire le temps de travail et pour développer massivement la formation aux métiers d'aujourd'hui et aux nouveaux métiers de la transition écologique et de la révolution informationnelle.
  • Il faut par ailleurs immédiatement renégocier les accords dits de « ciel ouvert » (open skies) pour les remplacer par une politique de coopération entre compagnies au niveau européen pour commencer.
  • Enfin, il y urgence à créer un fonds de recherche pour le développement économique, social, écologique du transport, en faveur du développement du transport aérien propre.

C'est à cela que devrait servir l'argent accumulé par les grands groupes de la filière aéronautique et celui que les États et les banques centrales déversent en ce moment sur l’économie (plus de 1.000 milliards d’euros viennent encore d’être prêtés par la BCE aux banques à des taux négatifs sans aucune condition sur leur usage).

Le groupe Air France doit désormais être considéré comme un bien commun dans notre pays pour la conquête, par les salariés et les citoyens, d'une nouvelle souveraineté sur les choix de production, d'investissement, d'embauche, de formation, de recherche, de localisation des activités, de coopérations internationales pour produire et pour partager les coûts et les résultats des recherches notamment.

Les complémentarités entre le transport aérien et d'autres modes de déplacement, en particulier ferroviaire, doivent s'appuyer sur la constitution d'un véritable pôle public du transport aérien permettant d'organiser des coopérations nouvelles avec la SNCF, avec les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et les entreprises de la construction aéronautique.

A ce titre, la montée en capital de l’Etat au sein du groupe doit être mise publiquement en débat, avec les salariés, dans les institutions, pour lui assigner ces objectifs.