Suez / Véolia : Face à la constitution de monopoles privés, l'Etat doit travailler à une politique de maîtrise publique de l'eau, des déchets et de l'énergie.

Fin août dernier, le groupe Véolia a lancé une OPA sur le groupe Suez, pour 32 % des parts détenues par le Groupe ENGIE.

Dans ce contexte de compétition nationale et internationale de plus en plus aigue, cette opération concernant deux géants de la gestion de l'eau et des déchets exige la tenue dans les plus brefs délais d'une conférence nationale avec un vrai débat démocratique, conduit par l'Etat et associant tous les acteurs concernés : des collectivités jusqu'aux usagers, en passant évidemment par les salariés des deux groupes et leur direction.

Les récentes révélations médiatiques confirment en effet qu'une telle restructuration d'acteurs essentiels à la gestion de l'eau, des déchets et de l'énergie, ne sauraient s'opérer dans le secret des conseils d'administration des entreprises, autour de seuls enjeux capitalistiques, fussent-ils pour affirmer la primauté d'un groupe français sur la scène internationale.

Le débat qui s'est ouvert avec l'OPA concerne en effet des questions essentielles pour les usagers, pour notre pays et bien au-delà de nos frontières : l'eau, sa distribution dans un contexte économique et social déjà très grave et dans une trajectoire climatique de plus en plus inquiétante et la collecte et le traitement des déchets.

4000 emplois pourraient être menacés selon les syndicats, dans deux groupes réalisant 27 milliards  d'euros de chiffre d'affaires pour pour VEOLIA et 18 milliards pour Suez. Une telle catastrophe sociale est à ce titre inacceptable. Elle pourrait en outre s'accompagner d'une vente à la découpe des activités de collecte et de traitement des déchets, avec un affaiblissement des services dus aux collectivités et aux usagers et un coût de collecte et de traitement plus élevé pour les populations.

Plus largement, le PCF considère tout particulièrement l'eau comme un bien commun de l'humanité. Sa gestion ne peut donc relever de seuls intérêts privés et de stratégies de concurrences toujours plus exacerbées, mais au contraire viser à l'égalité territoriale dans la République (le M3 est deux fois plus cher en Guyane qu'en Provence Alpes Côtes d'Azur) et permettre d'agir concrètement pour la gratuité des 3 premiers mètres cubes.

Elle doit doit aussi permettre de mobiliser les atouts de tous les acteurs, privés et publics, pour viser a satisfaire les besoins des usagers, des entreprises, des services publics, en bref, de toute la société.

Pour ce faire, alors que peut se constituer un quasi monopole dans le cadre de l'OPA Véolia-Suez, le Parti communiste français appelle l'Etat à prendre l'initiative de constituer un grand service public national de l'eau, avec la création d'un pôle public réunissants tous les acteurs économiques, garantissant l'égalité du prix de l'eau et de l'accès à tous et partout sur le territoire national, fédérant les acteurs publics aujourd'hui dispersés, coordonnant les investissements publics et privés indispensables, faisant converger les compétences et les savoir-faire.

Cet outil au service de la maîtrise publique de l'eau doit permettre une gestion démocratique, associant les usagers, les collectivités et leurs syndicats, les régies et Sociétés d'Economie mixte, le Parlement et tous les acteurs de la filière.

C'est pour le PCF une condition indispensable à la défense de l'emploi et des savoir faire dans les groupes de la filière, mais aussi un levier indispensable pour garantir une gestion de cette ressource conforme aux ambitions écologiques que doivent porter la France et l'Europe.