Afghanistan : Face à une situation critique, une solidarité internationale immédiate et ambitieuse est indispensable

visuel_enfantsetfemmes-afghanistan.jpg

Moins d'un an depuis le retour des talibans au pouvoir, l'Afghanistan, sans surprise, sombre toujours un peu plus dans l'ultra conservatisme, l'obscurantisme et la misère.

Le 7 mai dernier, le chef suprême Hibatullah Akhundzada, a ordonné aux femmes de se voiler intégralement en vertu d'un nouveau décret du ministère pour la « Promotion de la vertu et la répression du vice ». Malgré les promesses faites à la communauté internationale, après le départ des États-Unis, de respecter les droits fondamentaux de tous les Afghans, y compris ceux des femmes et des filles, l'annonce du retour de l'obligation du port de la burqa vient confirmer que le pouvoir taliban réinstallé à Kaboul n'a rien changé de ses principes fondamentaux.

Cette décision s'ajoute à la longue liste des interdictions imposées aux femmes et aux filles du pays. Depuis le mois de mars, les collèges, lycées et universités publiques leur sont interdits ; de même que l'accès à certaines professions sauf, éventuellement, sous tutelle d'un collègue masculin. Dans certaines régions, leur permis de conduire leur a été confisqué. Les Afghanes n'ont plus le droit de voyager à l'étranger ni même, « sur une longue distance », dans leur propre pays sans être accompagnée par un homme de leur famille.

Avec le pouvoir taliban, « chassez le naturel, il revient au galop ». Depuis leur retour à la tête de l'État en août 2021, toutes les décisions prises attentent aux libertés des femmes et organisent leur disparition progressive de la vie sociale, les plongeant ainsi dans une immense détresse.

Le nombre d'instances nationales d’État, telles que le ministère dit des Affaires féminines et la Commission électorale, définitivement closes par les talibans ne cesse lui aussi d'augmenter. Ce 17 mai, le pouvoir a mis fin à l'existence de la Commission afghane indépendante des droits humains (AHRC), qui permettait une veille sur les violences faites à l'encontre de la population, du Haut conseil national pour la réconciliation, chargé de promouvoir la paix dans le pays, ainsi que de la Commission chargée de superviser la mise en œuvre de la constitution afghane.

A la perte de libertés et droits démocratiques, s'ajoutent les effets quotidiens de la grave crise économique à laquelle le pays est confrontée. Tant que les États-Unis occupaient le pays, l'aide internationale que recevait l'Afghanistan finançait la quasi totalité du budget gouvernemental. Rien n'a été fait pour sortir l'Afghanistan de cette dépendance. Aujourd'hui, suite à la décision des États-Unis de bloquer les sept milliards de dollars appartenant à la banque centrale afghane, le budget du pays atteint un déficit de 501 millions de dollars. Cela n'a pas affaibli le pouvoir taliban mais précipité le peuple afghan dans une crise humanitaire sans fond.

Fin avril, des experts indépendants de l'ONU demandaient à juste titre la levée des sanctions et le versement des avoirs étrangers pour permettre au peuple afghan de respirer. Plongé dans une immense misère, certaines personnes vont jusqu'à vendre leurs enfants ou des parties de leur corps afin de pouvoir nourrir leur famille. Le peuple afghan est plongé dans une insécurité alimentaire alarmante renforcée par la pire sécheresse de ces 30 dernières années et par l'impact de la guerre en Ukraine qui exerce une pression sur l'approvisionnement en blé, les produits alimentaires de base, les intrants agricoles et les prix du carburant.

Face à cette situation critique, le Parti communiste français (PCF) tient à réaffirmer sa solidarité entière avec le peuple afghan et son soutien total aux mouvements féministes et aux forces démocratiques qui se battent au quotidien pour leurs droits, la démocratie, la paix et la liberté.

La communauté internationale doit fournir l'aide alimentaire et sanitaire indispensable à la survie du peuple afghan, et les moyens nécessaires au redémarrage de la production agricole. La France doit peser pour que les États-Unis rendent au peuple afghan les fonds qui lui reviennent.

Le PCF appelle en outre l'Union européenne à mettre en place dans les plus brefs délais la « protection temporaire » aux réfugié-e-s afghan-e-s.

Parti communiste français
Paris, le 20 mai 2022