Afrique: De la solidarité, pas de la condescendance !

En ce moment, de bonnes âmes se penchent sur la situation du continent africain, faisant mine de le découvrir. Comme s’ils n'avaient aucune responsabilité, ils palabrent sur les conséquences pour les pays africains confrontés à ce terrible moment marqué comme partout par la pandémie du Covid-19.

Ils font mine de s’inquiéter alors que depuis des années les maladies infectieuses tuent en silence, dans leur indifférence. Rien que pour le paludisme, ce sont 400 000 décès par an. Cela se rajoute à tous les autres maux: le dérèglement climatique, pour lequel l’Afrique n’a aucune responsabilité, la faim et la malnutrition qui persistent, la pollution de l’air qui tue des millions de personnes. Tout cela résulte de choix politiques désastreux…

L'Afrique a besoin de solidarité mais pas de condescendance. Cette condescendance est à la croisée du libéralisme et d’un état esprit néocolonial qui perdure. Parlons-en!

Qui a une dette à l'égard de l'autre? Qui a la responsabilité de l’esclavage? Qui a la responsabilité du colonialisme? Des changements climatiques? Du pillage de la main-d’œuvre, du sol, du sous-sol, des forêts, des océans? Si ce n'est notamment les pays occidentaux, leurs différents instruments politiques et monétaires, ainsi que les multinationales.

« Changer de vision et laisser l'Afrique trouver le chemin de son propre développement »

L’annulation de la dette n’est qu’une des mesures pour mettre fin à des siècles d’exploitation, de domination et de mépris à l'égard des pays africains. Il faut aussi mener la lutte contre les traités actuels de libre-échange qui maintiennent ces pays dans une économie extravertie et imposent le moins-disant fiscal qui prive criminellement ces peuples de ressources essentielles.

Bien sûr, il faut que dans l’immédiat les mécanismes financiers, nationaux, européens, internationaux mettent en place des systèmes visant à annuler la dette financière. En cela, il est nécessaire que le président de la République, M. Macron, passe aux actes. Sur ce sujet, comme sur les autres, nous ne le lâcherons pas.

Mais, il faut surtout changer de vision et laisser l'Afrique trouver le chemin de son propre développement. Elle a pour cela beaucoup d'atouts. Sa jeunesse avec un niveau de formation qui s'est considérablement élevé, la révolution numérique, la qualité de ses intellectuels, toutes les richesses du sol, du sous-sol, qui doivent enfin bénéficier aux peuples dans le respect de l’environnement. L’Afrique dispose de suffisamment de ressources pour assurer ses propres choix de développement et garantir une sécurité humaine à tous les niveaux (paix, éducation, santé, industrie, énergie, emploi, alimentation, etc.).

De nombreuses infrastructures se créent ou sont en chantier reliant beaucoup mieux les pays entre eux et vers les ports. Elle peut développer des industries inclusives et une souveraineté coopérant d'égal à égal avec le reste du monde.

Il faut mettre fin au franc CFA/ECO et laisser place à un système monétaire africain qui permette de répondre aux besoins des populations. En Afrique comme en Europe et ailleurs dans le monde, la monnaie doit être au service de ces objectifs.

À cette fin des coopérations monétaires restent à inventer et à conquérir.

L'Afrique est riche mais aussi pauvre du fait de toutes les politiques subies et du caractère très souvent corrompu de nombre de ses dirigeants.

Il est temps de changer profondément notre lecture à l'égard des 54 pays africains. Il en va de la vie de la population de ces pays mais aussi de la nécessité de construire une humanité commune et donc solidaire.

Daniel FEURTET
Collectif Afrique
membre de la Commission des relations internationales du PCF