Il est urgent de nationaliser Atos !

Publié le 06 février 2024

Après des mois d’inaction, le ministre de l’Économie se réveillerait-il sur le dossier Atos ?

Dans un entretien accordé au journal Les Échos, Bruno Le Maire se dit prêt à « utiliser tous les moyens de l’État pour préserver les activités stratégiques » du géant français de l’informatique.

Le ministère de la parole va-t-il enfin se transformer en ministère de l’action alors que planent sur ce fleuron industriel français des menaces de démantèlement et de rachat par des capitaux étrangers ? Des périls qui mettent en cause notre souveraineté et même notre sécurité. De quoi parle-t-on ? D’une société riche de quelque 110 000 salariés au total, dont 11 000 en France répartis sur 25 agences et dont le quart du chiffre d’affaires est réalisé dans le secteur public ou parapublic.

Une fois dissous dans une nouvelle entité baptisée Eviden, ce puissant édifice pourrait se réduire, au terme d’une saignée sociale, à quelques 45 000 salariés. Peu connue du grand public, Atos intervient pourtant dans les usages courants au service de la nation. Le groupe a ainsi crée et maintient les services informatiques de plusieurs ministères et institutions, de la carte vitale à la gestion des services de la CNAM en passant par l’Urssaf, les cartes d’identité, les passeports, les impôts en ligne, les compteurs Linky ou encore les billets de train et le système de régulation de la SNCF.

Et ce ne sont là que quelques exemples de cette infogérance convoitée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Avec quelles garanties pour notre souveraineté ? Mystère.

Mais Atos, ce n’est pas « que » des services quotidiens aux citoyens. C’est aussi un ensemble de systèmes d’information indispensables à nos intérêts stratégiques les plus vitaux parmi lesquels un téléphone sécurisé des armées, des clés de cryptage pour systèmes sécurisés, des logiciels de surveillance urbaine, des logiciels de gestion des services d’urgence, le portail des douanes, le Système de Combat Scorpion pour les armées (SICS), des logiciels communication et combat pour la marine, des connectiques pour le Dassault Rafale. C’est aussi, enfin, la production de supercalculateurs essentiels à nos centrales nucléaires : Atos en est le seul fournisseur en Europe. Certes, les derniers dirigeants de ce groupe n’ont pas été à la hauteur de la révolution numérique, mais comment accepter, dans un contexte aussi sensible, une vente à la découpe d’un tel groupe, assortie de réduction d’effectifs, d’entrée en bourse, le tout sans informations ni garanties ?

Depuis des mois, les communistes réclament une intervention résolue de l’État pour ne pas laisser s’échapper un tel trésor national.

Dans l’attente des négociations qui doivent être menées avec des repreneurs solides tels qu’Airbus Industrie, qui a manifesté son intérêt, des parlementaires du groupe de la Gauche Démocratique et Républicaine ont ainsi déposé, le 21 novembre dernier, une proposition de loi visant à la nationalisation temporaire et stratégique de l’entreprise Atos. Il n’y a plus de temps à perdre !

 

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,

Le 6 février 2024.