Contrat d’engagement : Quel manque d’ambition pour la jeunesse !

C’est sur Facebook qu’Emmanuel Macron a décidé d’annoncer la mise en place de sa nouvelle mesure phare pour les jeunes : le contrat d’engagement. Initialement prévu pour un million de jeunes, ce dispositif ne concerne finalement que 500 à 600 000 jeunes, avec une aide pouvant aller jusqu’à 500 € par mois, mais qui ne sera pas automatique. En échange de cette somme, les jeunes devront démontrer leur capacité à s’intégrer sur le marché de l’emploi. Ce sera donc une aide précaire revue au rabais. Autoproclamé “président des jeunes”, Emmanuel Macron est finalement bien éloigné des aspirations de la jeunesse.

La création d’un nouveau sas de précarité pour les jeunes

Stage, service civique, garantie jeune, contrat premier embauche, travaux d’utilité collective (TUC) et maintenant contrat d’engagement. Les dispositifs proposés se suivent et se ressemblent. Ce gouvernement reste dans la lignée de ses prédécesseurs en proposant encore aux jeunes d’être une sous-catégorie de travailleurs. Or, ce n’est pas d’un énième contrat précaire dont nous avons besoin, mais d’un emploi stable et correctement rémunéré. Nous avons actuellement près d’un jeune sur cinq au chômage, un million et demi de jeunes sans emploi ni formation. Si les jeunes sont au chômage, ce n’est pas à cause d’une “mauvaise adaptation au marché de l’emploi”, c’est bien par un manque d’ambition politique.

Aujourd’hui les jeunes sont davantage confrontés à la précarité de l’emploi : plus souvent en CDD, intérim, stages et périodes de chômage. Ce n’est pas d’un nouveau contrat précaire dont les jeunes ont besoin mais bien d’un parcours sécurisé et d’un emploi correctement rémunéré. Et ce ne sont pas les besoins qui manquent ! D’un côté nous avons des besoins immenses d’emplois dans les services publics, notamment la santé et l’éducation, de l’autre nous avons des centaines de milliers de jeunes sans emploi ni formation. Recrutons-les, formons-les plutôt que de les enfermer dans un nouveau sas de précarité.

Les revendications des communistes

L’enfermement de la jeunesse dans des sas de précarité vient détruire tout le potentiel transformateur de la jeunesse. Aux promesses gouvernementales de précarité et de chômage, nous opposons la sécurisation des parcours des jeunes.

Le MJCF et le PCF proposent la création de pré-recrutements dans les services publics en commençant par la santé et l’éducation. Ces pré-recrutements permettraient à des jeunes d’être recrutés dès la sortie du baccalauréat, rémunérés pendant leur formation au niveau d’un fonctionnaire-stagiaire, et en contrepartie ils devraient 10 années de service à l’État. Cette mesure permettrait à la fois de répondre aux demandes croissantes de personnels formés dans le service public et de sortir de la précarité des centaines de milliers de jeunes. C’est le seul moyen de planifier les besoins personnels. Ce ne sont pas les besoins qui manquent, seulement une volonté politique.

Nous demandons également la conditionnalité des aides publiques à l’embauche et la formation professionnelle de jeunes. Des milliards d’euros sont aujourd’hui donnés aux entreprises privées sans aucune (ou trop peu) de conditions. Ces aides doivent être mieux orientées et permettre la création d’emplois stables permettant de vivre dignement. Dans la même veine, nous proposons de nationaliser les banques afin de conditionner les obtentions de prêts aux entreprises sur ces mêmes critères.

Enfin, pour sortir les jeunes de la précarité et sécuriser leur parcours, nous devons leur permettre de suivre leur formation dans de bonnes conditions, sans aucune barrière. Nous proposons en premier lieu : la fin de la sélection à l’université, le diplôme requis doit être le seul critère de sélection. Pour mettre fin à la précarité étudiante et au salariat étudiant qui sont les deux premières causes d’échecs à l’université, nous proposons la création d’un revenu étudiant, fixé au-dessus du seuil de pauvreté pour tous les étudiants.

Avoir la jeunesse la mieux formée, c’est voir dans les nouvelles générations non pas un problème à régler le plus rapidement possible, le temps que jeunesse se passe, mais au contraire voir en eux la solution pour répondre aux défis que nous avons devant nous.

Léon Deffontaines

secrétaire général du MJCF