Discours d’Emmanuel Macron sur l'Afrique : du faux-semblant et du réchauffé

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Rien de nouveau dans le discours. Le président de la République française dans son allocution du 27 février annonce que les bases militaires permanentes tricolores ne seront pas fermées mais transformées et visées par une réduction d’effectifs, sans pour autant donner de calendrier et de contenu clair. Dans la même logique, M. Macron promet aussi au continent de mettre en place des partenariats militaires renouvelés tout en dressant, contre toute évidence, un bilan dithyrambique des interventions militaires françaises récentes, au Sahel plus particulièrement. C’est une énième remise au goût du jour du concept RECAMP (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix) qui date de 1997 et qui a servi de paravent à toutes les interventions impérialistes françaises depuis cette date, à l’instar de l'ACRI (African Crisis Response Initiative) lancée à la même date par les États-Unis. Le nombre de bases et de troupes évoluent au gré des vents favorables ou contraires.

Tout en disant qu’il refuse d'entrer dans une logique de compétition, le chef de l'État maintient tous les instruments en ce sens. Il fait l’éloge de sa pseudo-réforme unilatérale du franc CFA qui laisse tous les fondamentaux de la domination monétaire en vigueur et constitue une OPA hostile au projet de monnaie ouest-africaine de la CEDEAO (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest). Pseudo-réforme contre laquelle les parlementaires communistes se sont exprimés avec force. Emmanuel Macron évoque des mesures concernant le franc CFA devant renforcer l’autonomie et maintenir la stabilité, à la manière d’un Georges Pompidou qui, en 1972, indiquait que « l'indépendance et la souveraineté que peuvent réclamer les autres a ses limites dans la garantie que donne l'État français ». Au moins Pompidou évoquait-il encore l’indépendance et la souveraineté quand, pour Macron, il ne s'agit plus que d’autonomie ! L'actuel locataire de l'Élysée parle de business et de nécessité pour les entreprises françaises de se mettre à niveau, tout en imposant un peu partout dans sa zone d’influence des contrats surfacturés, à l’image du train urbain d’Abidjan, au seul profit de quelques grandes multinationales et de quelques élites locales.

Le discours de Macron est à mille lieux des exigences populaires dans les pays africains en faveur d’une deuxième indépendance et d’une vraie souveraineté, exigences qui, à chaque fois qu’elles s’expriment concrètement, depuis des décennies et jusqu’à maintenant, rencontrent une hostilité brutale des pouvoirs français. Il est même en dessous de ce que nombre d’acteurs français expriment, y compris dans les milieux militaires comme, par exemple, le général de corps d’armée Bruno Clément-Bollée.

Par un verbiage qui trompe de moins en moins de personnes, M. Macron tente d’esquiver ces exigences. Pourtant la gravité de la situation présente exige d'écouter et de soutenir les peuples africains dans leurs luttes pour une justice climatique et une véritable souveraineté monétaire, économique, agricole, culturelle et de défense, et cela passe, selon le PCF, notamment par la fin du franc CFA/ECO et des bases militaires permanentes sur ce continent.

Rien de solide et de profitable pour la France et les pays de l’ancienne influence française ne se construira sur les bases actuelles qui maintiennent les pays concernées à des niveaux d’Indices du développement humain parmi les plus bas du monde.

Dominique Josse
responsable du collectif Afrique du PCF
et membre de la commission des relations internationales du PCF