L’égalité femmes-hommes maintenant !

En 2018, l’égalité entre les femmes et les hommes n’existe dans aucun pays. Les luttes des féministes ont pourtant permis de belles conquêtes. Mais naître femme entraîne une propension à ce que nos devoirs soient plus nombreux que nos droits ! Dès lors, ne convient-il pas de s’interroger sur cette injustice qui perdure au fil des siècles ? Pourquoi un tel acharnement ? Revendiquer l’égalité c’est, non pas nous « hisser » au même statut que les hommes mais modifier les statuts tels qu’ils existent aujourd’hui.

L’égalité, par essence, n’accepte aucune domination, aucune soumission, aucune exploitation. L’émancipation des femmes est avant tout une émancipation humaine.

En ce sens, chacune de nos revendications sociales est à même de déstabiliser l’ordre établi pour ouvrir vers la transformation profonde de la société.

En fait, on voit bien que l’organisation du travail, telle que nous la connaissons, maintient les femmes dans un statut d’infériorité institué sur le modèle patriarcal. Elles subissent la reproduction du partage traditionnel des rôles comme dans la sphère privée. Vouloir s’attaquer, pour ne prendre qu’un exemple, aux temps partiels imposés, vécus majoritairement par les femmes, permettrait non seulement d’améliorer les conditions de travail des femmes mais révolutionnerait le travail de tous. Les conséquences ne s’arrêteraient d’ailleurs pas aux portes des entreprises mais remettraient en cause l’organisation même de l’Etat social. En effet, cela pousserait par exemple au développement et à l’amélioration des services publics, notamment ceux concernant l’accueil de la petite enfance ou l’accompagnement à la personne.

Chaque droit gagné pour les femmes permet donc non seulement de faire évoluer les conditions de travail de tous mais également de mieux articuler les temps sociaux.

On voit bien que le pouvoir n’a pas intérêt à satisfaire les revendications féministes. D’où les promesses non tenues de Macron qui a choisi une secrétaire d’état qui manie bien le verbe mais n’agit pas concrètement en faveur de l’égalité ! Faire de l’égalité Femmes-Hommes une grande cause nationale nécessiterait des financements publics à la hauteur de cet enjeu.

Le sexisme n’est pas une discrimination comme une autre, c’est la mère de toutes les discriminations comme le soulignait Françoise Héritier.

Raison pour laquelle nos combats sont multiples et concomitants : lutte en faveur de l’égalité professionnelle, contre les violences sexuelles et sexistes, contre toute marchandisation du corps (GPA ou prostitution), exigence d’un partage à égalité de l’espace public et des responsabilités, du droit de choisir de devenir mère ou pas, ou encore obtenir la protection des droits reproductifs et sexuels, le respect de toute orientation sexuelle...

Nous sommes, au lendemain de Metoo et de Balance Ton Porc, à un moment charnière, où les femmes quel que soit le milieu social ou l’âge, connaissent une exaspération maximale concernant les inégalités et les violences qu’elles vivent au quotidien. Elles ne tolèrent plus la culture du viol, les violences, leurs salaires inférieurs car toujours considérés comme salaires d’appoint ! Elles ne tolèrent plus que malgré un arsenal législatif conséquent, l’égalité reste à conquérir.

Plus que jamais, la remise en cause des fondements du patriarcat est un combat majeur qui ouvre de grands chantiers de transformation de la société.

Il est donc indispensable de sortir d’une approche au cas par cas de la discrimination pour passer à une analyse collective qui prend en compte le caractère organisationnel et systémique des inégalités entre les femmes et les hommes. C’est tout l’enjeu de notre féminisme-lutte de classes.