Entretien avec Léon Deffontaines

Publié le 11 octobre 2023

Samedi 14 octobre, une conférence européenne décidera des orientations stratégiques pour la campagne des élections européennes. À l’issue, le dimanche, le Conseil national votera pour soumettre ou non aux communistes le choix de présenter une liste autonome menée par Léon Deffontaines.

Léon, que signifie être chef de file ?

J’ai été désigné chef de file lors du Conseil national de juillet. L’objectif était de commencer à mettre le Parti en mouvement autour de la campagne des élections européennes qui auront lieu le 9 juin prochain, et commencer à rassembler les conditions pour mettre en place la stratégie fixée par le congrès.

Quels sont tes engagements prioritaires ?

Je souhaite fixer des thématiques prioritaires. Je pense à la remise en cause des règles austéritaires imposées par l’Union européenne, qui obligent ses États membres à mettre en place des politiques austéritaires. Par exemple, la règle des 3 % de déficit contraint à faire des économies notamment sur les services publics, engendrant une dégradation de leur qualité, voire leur disparition dans nos campagnes. Pendant la pandémie, nous avons vu les conséquences sur l’hôpital public. On le voit aussi dans la police.

Il y a également la question de la PAC. Certes, nous sommes favorables à une politique agricole commune, mais intégrant la question de l’alimentation. Une politique qui favorise la souveraineté alimentaire, la paysannerie, avec l’ouverture de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage, et la transition écologique. Aujourd’hui, la PAC finance les grosses exploitations et favorise l’accumulation des terres, l’élevage industriel intensif, la mise en concurrence des exploitants agricoles, en France et entre les pays.

Le troisième sujet est la question énergétique, avec la volonté de mettre en place un mix énergétique nucléaire-renouvelable, de sortir du marché unique de l’énergie et répondre à un impératif environnemental.

Nous défendrons aussi l’idée de grands travaux utiles pour l’environnement en passant notamment par un développement du fret ferroviaire national et international avec la ligne Lyon-Turin par exemple.

En effet, la question de la coopération internationale est primordiale. Pour la paix tout d’abord. Nous souhaitons que l’Union européenne soit en capacité de porter un traité de paix et trouver une issue diplomatique à la guerre en Ukraine. Sur les questions de l’immigration : nous souhaitons l’abrogation du règlement de Dublin et la mise en place de nouveaux traités pour que chaque État prenne sa part dans une politique migratoire basée sur : 1. l’accueil digne, avec par exemple l’obligation de fournir un hébergement, et 2. l’intégration, en facilitant notamment l’accès au travail. Par ailleurs, des voies sécurisées de migration du pays d’origine au pays d’accueil doivent être créées et l’externalisation de l’accueil des demandeurs d’asile à des pays extracommunautaires doit être stoppée.

Quelle serait ta première action en tant que député européen ?

Ma priorité serait d’ouvrir une permanence. Je pense qu’aujourd’hui, malheureusement, certains députés européens se retrouvent déconnectés des réalités des Françaises et des Français en restant à Bruxelles. Nous devons recréer de la proximité avec nos élus, notamment européens.

Au Parlement, ma priorité sera la remise en cause du marché unique de l’énergie, qui aujourd’hui a des conséquences désastreuses sur les services publics, nos PME et pour l’ensemble des ménages.

Comment les communistes peuvent se mettre en mouvement aujourd’hui dans le cadre de la campagne ?

La priorité, aujourd’hui, c’est la question du pouvoir d’achat et du travail en France. Le Parti a d’ailleurs entrepris une grande campagne sur le pouvoir d’achat, les salaires et les pensions. Je souhaite pouvoir lancer la campagne des européennes en lien avec cette campagne, et montrer que le quotidien des Françaises et des Français est impacté par les décisions prises à l’échelon européen, comme la question du marché unique de l’énergie comme déjà évoqué.

Que ce soit sur la question brûlante de l’énergie, de la défense de nos services publics, ou celle contre l’élargissement de l’Union européenne libérale constituée actuellement, je veux que nous puissions mener le débat. Et les Français·es voteront en connaissance de cause.

Nous devons montrer que nous sommes cohérents en tant que seul parti à avoir voté contre l’ensemble des traités de libre échange à l’échelle de l’Union européenne.

Nous avons tout à gagner en continuant d’incarner cette gauche authentique et populaire qui fait notre force.

Plus personnellement, qui est Léon Deffontaines ?

Je suis né à Amiens et suis issu d’une famille nombreuse : nous sommes quatre et mon père, fils d’agriculteur, a 15 frères et sœurs. Ma famille est ancrée dans le bassin d’Amiens depuis longtemps avec quelques ascendances en Irlande et en Belgique.

J’ai adhéré à la JC à 17 ans, en 2013, en participant à ma première manifestation. C’était la découverte de la politique, car je ne suis pas issu d’une famille de militants.

Après mon bac, j’ai commencé des études de droit et sciences politiques à la fac d’Amiens, puis j’ai fait un master en sciences de l’éducation. Pendant mes études, j’ai travaillé dans une chaîne de restauration rapide à plein temps. J’y ai monté un syndicat pour dénoncer les conditions de travail avant d’en partir et devenir assistant d’éducation (« pion »).

Mon engagement s’est façonné dans la Somme, territoire marqué par l’ouverture à la concurrence, la désindustrialisation et par les luttes pour préserver notre outil productif.

J’ai adhéré au PCF en 2016 dans les manifs contre la loi travail, puis j’ai été secrétaire général de la JC de 2019 à 2022. À cette période, nous sommes passés de 27 à 60 fédérations. J’ai été porte-parole du Parti lors de la campagne présidentielle et je me retrouve dans ce que Fabien souhaite incarner, à savoir être en capacité de représenter aussi la France populaire. C’est ce que je souhaite faire au Parlement européen.

Rachel Ramadour