Dans le cadre de la mobilisation du PCF contre la vie chère et pour l’augmentation des salaires et des pensions, le secrétaire national a souhaité porter la voix spécifique des territoires dits « d’outre-mer » en se rendant, du 26 octobre au 1er novembre, en Martinique à l’invitation du PCM et de son collègue député Marcellin Nadeau, responsable du P-iya, à la rencontre des acteurs locaux.
Les Martiniquais vivent, en effet, des difficultés qui font écho à celles que nous connaissons dans l’Hexagone. Leur ampleur, cependant, révèle des fractures encore plus profondes, rarement mises en lumière médiatique en dehors des moments d’explosion sociale ou de campagne présidentielle. Derrière les paysages de carte postale et sous des faux airs de jardin d’Éden, la Martinique est, comme la plupart de ces territoires têtes de pont de l’influence française dans le monde, confrontée à une précarité systémique qui voit près de 90 000 Martiniquais vivre sous le seuil de pauvreté. C’est le symptôme le plus frappant d’un territoire malade de l’abandon de l’État et d’une République qui n’a pas pu - ou pas voulu - tenir ses promesses d’Égalité et de Fraternité.
L’île est pourtant au cœur de tous les défis démocratiques, sociaux et écologiques de notre temps. La République s’honorerait à les relever et à réparer les injustices historiques qui continuent de peser sur l’avenir de l’île et le quotidien de sa population. Désindustrialisation, vie hyper chère, monopoles « post » coloniaux, conditions de travail d’un autre temps dans les plantations, salaires indignes, santé publique bafouée, chômage des jeunes, montée des eaux… La situation en Martinique nous plonge dans l’histoire de France, une histoire coloniale globalement passée sous silence mais dont les scories structurent encore le système économique et social de l’île.
Elle nous confronte également à notre avenir proche, celui d’un territoire de la République où les services publics disparaissent victimes de leur démantèlement systématique, où quelques grandes familles ont toute latitude pour faire main-basse sur les richesses produites, où la classe moyenne se paupérise dangereusement et que grandit chaque jour le nombre de celles et ceux qui ne peuvent se projeter plus loin que la fin de journée.
Les rencontres successives, organisées avec les pêcheurs, les agriculteurs, les victimes du chlordécone, les syndicats et de nombreux élus locaux, permettent de se faire une idée de la colère et du ressentiment qui grandissent là-bas, loin de Paris. Toutes les conditions d’une implosion sociale semblent réunies, dans un contexte - à la différence de 2009 - où les corps intermédiaires, comme dans l’Hexagone, sont désormais très affaiblis et peinent à jouer leur rôle.
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion des députés communistes, la Martinique entrait, comme d’autres, de plain-pied et avec beaucoup d’espoirs dans la République. Quatre-vingts ans plus tard, il nous faut collectivement pouvoir en faire un bilan lucide et construire sereinement et démocratiquement les conditions pour franchir une nouvelle étape institutionnelle et permettre aux peuples de ces pays, territoires dits d’outre-mer, de construire la voie de développement qu’ils se seront choisie.
Face aux armateurs, aux pétroliers, aux grands distributeurs, à toutes celles et tous ceux qui profitent du laisser-faire de l’État pour accumuler et accaparer indûment des richesses qu’ils ne produisent pas, la question de la mobilisation unitaire doit être mise à l’ordre du jour, en Martinique comme ailleurs, pour exiger et obtenir du gouvernement des mesures fortes permettant, immédiatement, de baisser les prix et d’augmenter les salaires. C’est le message de combat porté durant ces cinq jours par le secrétaire national du PCF auprès de tous ses interlocuteurs martiniquais.
Lucas Benech
À Fort-de-France, première visite à la maison d’Aimé Césaire avec les amis du Parti communiste martiniquais.
Dédicace du livre d’or de la bibliothèque de Césaire. Hommage à ses combats et à son engagement pour l’espérance lucide !