Face à la vision « Start-up nation » de l’écologie du Président Macron, le PCF présentera son plan Climat Empreinte2050 le 6 novembre prochain.

Publié le 26 septembre 2023

Emmanuel Macron vient de dresser les grandes lignes d’une planification écologique qu’il veut engager pour le pays. Si le travail du Secrétariat général à la planification écologique dresse un constat sérieux des enjeux, les annonces du Président quant à elles ne sont pas à la hauteur de ce travail et de l’immense défi écologique à relever.

Un bilan en trompe l’œil

La baisse des émissions de CO2 ces dernières années est 2 à 3 fois moindre que les préconisations de l’Accord de Paris et masque une augmentation des émissions du secteur des transports. En outre, cette baisse résulte principalement de la chute conjoncturelle des émissions de CO2 en 2020 dûe au confinement et non à la politique du pouvoir. Surtout, il est faux d’affirmer que la moitié du chemin a été accomplie depuis 1990 car la baisse des émissions s’est faite au prix d’une délocalisation de ces émissions par la désindustrialisation ! Aujourd’hui, 50 % de nos émissions de CO2 proviennent de nos importations. Le fait que le Président se félicite d’un tel bilan est en contradiction majeure avec la nécessaire réindustrialisation et la décarbonation de l’industrie qui permettrait vraiment de baisser notre empreinte carbone, au-delà de nos seules émissions territoriales.

L’enjeu clé de la réindustrialisation

Tant sur la batterie électrique que sur la pompe à chaleur, les projets présidentiels prévoient en réalité que l’essentiel de la valeur ajoutée se fasse hors de France et d’Europe ! Les nouvelles usines de ces projets ne feront que de l’assemblage de pièces produites ailleurs.

La France doit porter une toute autre ambition : construire au niveau européen un Airbus de la pompe à chaleur et un Airbus de la batterie électrique, en maîtrisant toute la chaîne de production, de la mine jusqu’à l’assemblage, et en alliant stratégie industrielle et triplement des investissements dans la recherche. Cela nécessite une toute autre politique que le simple crédit d’impôt incitatif qui laisse intact le pouvoir des entreprises de délocaliser une fois les aides empochées, licencier et changer de stratégies.

Enfin, les 50 sites industriels prioritaires à décarboner nécessiteront une production massive d’hydrogène avec de l’électricité décarbonée qui n’est pas anticipée et ne pourra pas provenir des seuls gisements naturels. Le développement du nucléaire, aux côtés des énergies renouvelables, sous maîtrise publique, est un enjeu essentiel pour relever le défi de la réindustrialisation.

En parallèle de la réindustrialisation, la relocalisation de la production agricole est également un enjeu important pour la souveraineté alimentaire et le climat.

Le coût du capital mine l’écologie !

En réalité, la méthode du « en même temps » présidentiel demeure : d’un coté afficher des grandes ambitions écologiques et climatiques et de l’autre rassurer les marchés, préserver les hauts revenus et les revenus du capital d’une hausse des impôts, ne pas toucher aux pouvoirs de la finance, aux choix des grands groupes. C’est intenable : le coût du capital est incompatible avec le défi écologique !

Sans remise en question du mode de vie des plus aisés et de la stratégie des grands groupes dont l’activité émet beaucoup de CO2, les objectifs ne seront pas atteints !

En témoigne par exemple, le choix mauvais pour le climat des grands constructeurs automobiles de privilégier la production et la vente de SUV électriques pour une minorité plutôt que des petites voitures légères et économiques pour l’immense majorité du pays. Et avec une telle politique, les efforts demandés à l’ensemble des citoyens resteront lettre morte.

Orienter toute l’économie au service du climat et développer les services publics

L’effet de levier tant vanté par le gouvernement pour mobiliser l’investissement privé ne se produit pas : tant qu’on laisse tout le pouvoir aux actionnaires, le scenario « business as usual » prédomine. Et les besoins d’investissements écologiques sont tels qu’ils nécessitent de redéfinir le rôle de la BCE et des banques françaises, d’orienter le crédit au service du climat et du développement social et non pas de la rentabilité financière.

En outre, le financement global n’est ni à la hauteur des enjeux, ni sécurisé pour les prochaines années ! Pour les infrastructures de transport, 700 millions d’euros sont avancés alors qu’il faudrait 10 milliards. Pour l’automobile, à la place d’un dispositif de leasing à 100 euros, il faut une production massive de petites voitures électriques françaises et une aide à l’achat d’un véhicule d’occasion Crit’Air 1 à 3 jusqu’à 10 000 euros. Pour le logement, 1,6 milliard supplémentaire pour "MaPrimeRenov" ne suffiront pas. L’objectif doit être de construire 200 000 logements sociaux par an et de rénover 700 000 logements par an. Il faudrait au moins 5 milliards de plus pour un reste à charge des dépenses de rénovation nul pour les ménages qui en ont besoin. Sans parler des logements sociaux qui ne bénéficieront d’aucun crédit alors qu’il faudrait 3 milliards d'euros par an.

Enfin, les services publics doivent être développés et démocratisés. Comment réussir la transition écologique en cassant le système éducatif, vidant les filières scientifiques, privant les universités des moyens d’enseignements et de recherche ? Comment réussir quand le gouvernant s’obstine à libéraliser le ferroviaire, découper le service public de l’énergie, limiter et réduire les budgets de l’ONF et de grands instituts nationaux pourtant si utiles pour la biodiversité, le climat, et la recherche de nouvelles formes de pratiques agricoles ?

En réalité « l’écologie à la française » de Macron, malgré ses efforts de communication, s’inscrit obstinément dans une vision compatible avec la vision libérale de la « Start-up nation » : ce n’est pas la vision du PCF.

En réponse, le PCF présentera son plan climat le 6 novembre prochain, avec des objectifs et des moyens détaillés par secteur, en se donnant des objectifs non seulement pas sur les émissions territoriales mais aussi sur son empreinte carbone, d’où le nom du plan Empreinte2050.

Parti communiste français,

Paris, le 26 septembre 2023.