Haut-Karabakh: Paix et solidarité avec le peuple arménien (Fabien Roussel)

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Après six semaines d’agression militaire, de bombardements et d’exactions contre les républiques d’Artsakh et d’Arménie, l’Azerbaïdjan vient de reprendre le contrôle de plusieurs districts (Agdam, Gazakh, Kelbajar) qu’entérine le cessez-le-feu ratifié sous l’égide de Moscou. Cette déclaration fige des positions désormais garanties par le déploiement de 1 960 soldats russes.

Le premier ministre arménien, Nikol Pashinian, a affirmé que sa ratification avait été « incroyablement douloureuse pour (lui) et (son) peuple ». Le bilan humain, amplement sous-estimé, est terrible puisqu’il fait état de 1 300 morts et d’un exode massif des civils. Le nettoyage ethnique est à l’œuvre, avec sa brutalité sanguinaire, exacerbé par le nationalisme criminel du président Ilham Aliev : « J’avais dit que nous chasserions [les arméniens] de nos terres comme des chiens et nous l’avons fait ».

Cette annexion de territoires arméniens, si elle renvoie à un conflit territorial ancien, ne doit pas masquer les mutations des relations internationales et à l’implication directe du régime turc.

Ankara a joué un rôle déterminant dans l’ouverture de ce nouveau front en équipant matériellement l’armée azérie et en l’épaulant par l’envoi d’experts et de mercenaires djihadistes. R.T. Erdogan méprise la légalité internationale et ne connait que la règle de la force et du fait accompli. Il a profité de l’absence de volonté politique et surtout de l’impuissance du groupe de Minsk (États-Unis, Russie, France) pour accroître son expansionnisme et pour imposer ses volontés en Irak, en Syrie et en Méditerranée orientale. Ne nous y trompons pas, ce nationalisme islamiste nourrit des relents génocidaires à l’encontre des Arméniens.

Les États-Unis, plus nettement encore sous l’Administration Trump, ont constamment protégé la Turquie de R.T. Erdogan alors qu’à la face du monde Ankara appuyait l’organisation de l’État islamique (DAESH) et soutient encore une kyrielle d’organisations djihadistes. L’Union européenne quant à elle, tétanisée par la question des migrants et ses divisions, a fermé les yeux sur les agissements de ce tyran allant jusqu’à extrader, encore récemment, des Kurdes promis à la mort. Quant à la Russie, menacée par plusieurs incendies dans son environnement immédiat (Donbass, Biélorussie, Kirghizistan), elle remporte la palme du cynisme puisqu’après armé les deux camps, elle doit faire face désormais à l’intrusion turque dans le Caucase. Enfin que dire de l’immense responsabilité du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui refuse de reconnaitre le génocide arménien et fait de Bakou son principal allié régional en pourvoyant ce régime d’armements de pointe.

La communauté internationale a laissé seul un peuple victime d’un agression sauvage.

Dans les circonstances présentes, le peuple arménien a besoin d’une solidarité large et massive des peuples et des forces progressistes. La guerre menée par le duo turco-azérie a aggravé les tensions régionales, les ressentiments nationalistes, chassé de leur terre les Arméniens et ne règle en aucun cas le conflit.

Il serait mortifère pour l’avenir de sceller la situation actuelle et de passer à autre chose.

La paix ne pourra jamais être fondée sur cette occupation. Il est de la responsabilité des États membres de l’ONU, des membres de son Conseil de sécurité, d’assurer la protection internationale des populations arméniennes et de conduire une diplomatie offensive, sur la base des principes de Madrid, afin de frayer un chemin possible vers la paix respectant les droits inaliénables des peuples.

Le gouvernement d’Emmanuel Macron a gravement fait défaut l’amitié qui lie historiquement la France au peuple arménien. Il s’est targué de sa neutralité alors qu’il a, lui aussi, armé les deux belligérants, et il a failli dans sa responsabilité au sein du groupe de Minsk. La diplomatie française doit s’engager résolument pour un véritable retour à la paix.

Dans la lutte pour une paix durable, le peuple arménien peut compter sur la solidarité du Parti communiste français.

 

Fabien ROUSSEL
secrétaire national du PCF et député du Nord