Immigration – Résister et combattre les discours de haine envers les étrangers

La migration est un phénomène attaché à la liberté la plus ancienne, celle d’aller et venir. La libre circulation est un droit fondamental consacré par l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme depuis 1948 : « La liberté de circulation est le droit pour tout individu de se déplacer librement dans un pays, de quitter celui-ci et d’y revenir. »

À l’opposé, la xénophobie, la peur de l’étranger, donne une connotation particulière aux débats politico-médiatiques sur l’immigration. Celle-ci est présentée comme un problème : la hausse du chômage, la précarité, l’insécurité, bref tous les maux ou presque auraient un lien direct ou indirect avec le fait migratoire.

Ces discours xénophobes s’appuient sur des mythes et des affirmations infondées. Par exemple, avec 7,7 % d’étrangers la France se situe en 2021 dans la moyenne européenne, et selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la contribution des immigrés sous la forme d’impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les pays consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation.

Aujourd’hui les discours de haine trouvent un écho bien au-delà des rangs de l’extrême droite et se retrouvent chez les LR ou dans la majorité présidentielle. À cela s’ajoute les visées patronales qui considèrent souvent l’immigration comme un simple vivier de main-d’œuvre au service des intérêts capitalistes du pays d’accueil. Cette approche utilitariste débouche sur la sélection des migrants comme le propose le futur projet de loi « immigration » de Darmanin (29 lois en 42 ans).

Les désordres géopolitiques du monde engendrés principalement par une irrépressible course aux profits, qu’ils soient économiques, climatiques, guerriers, poussent des populations entières à se déplacer et à rechercher un lieu où les conditions de vie sont moins hostiles. C’est donc un enjeu politique important que le PCF doit analyser pour mieux y répondre.

Nous voulons construire une nouvelle civilisation. Elle ne peut se concevoir sans échanges, sans respect de la liberté de circulation qui est, aussi, la liberté de ne pas avoir besoin de partir de chez soi. La question de l’utilisation des frontières comme mode de connivence de l’UE avec les pays qui collaborent à la surveillance, comme la Lybie, est clairement posée. Au moins trois requêtes ont été déposées auprès de la Cour pénale internationale (CPI), pour demander que des responsables libyens et européens, ainsi que des trafiquants, des miliciens et d’autres personnes fassent l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité. Mais ce sont aussi les scandales de l’agence Frontex (agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) qui est suspectée de ne pas respecter le droit international comme dénoncé dans le dernier naufrage en Grèce.

Comme l’écrivait Jean Magniadas il y a presque déjà 20 ans : « C’est un vaste dessein que d’établir une nouvelle organisation des migrations. Ce projet offre des terrains concrets d’action, y compris pour la jonction entre catégories de salariés et entre peuples que le capital tend à opposer à l’échelle du monde, pour une union entre les peuples des pays développés et des pays en voie de développement. Il s’agit bien d’une perspective de transformations sociales radicales, à visée révolutionnaire. »

Patricia Tejas