L’intelligence artificielle au service de l’humain : la France doit construire son propre modèle !

Publié le 14 juin 2023

A l’occasion de son déplacement au salon Vivatech, Emmanuel Macron a affiché l’ambition de développer l’intelligence artificielle en France.

Pour le Parti communiste français, l’intelligence artificielle, comme toute technologie, n’est pas un problème en elle-même. Ce sont les logiques de prédation capitalistes qui s’en saisissent au mépris de la réponse aux besoins humains qui constituent une menace. L’IA peut représenter un immense atout pour contribuer à résoudre les défis sociaux et environnementaux de plus en plus complexes.

Les 500 millions supplémentaires annoncés par le président de la République doivent être conditionnés à cette ambition et être assortis d’une réelle stratégie nationale pour que la France construise son propre modèle.

La France doit prendre sa place dans ce domaine sur la scène internationale pour garantir sa souveraineté et contribuer à un développement éthique de l’IA visant à préserver l’humanité d’une utilisation par des acteurs malveillants à l’encontre des populations.

Trois priorités : politique de la donnée, formation et recherche, nouvelle industrialisation

Une telle ambition suppose avant une stratégie nationale faisant de la donnée un bien commun dans le cadre d’une production et d’une gestion démocratique, garantissant à la fois la protection de la vie privée et l’utilisation des données au service de l’intérêt général.

L’objectif prioritaire doit être de développer l’utilisation de l’intelligence artificielle pour améliorer les politiques publiques, des services publics à la lutte contre le réchauffement climatique, en intervenant sur l’ensemble de la chaîne de valeur : ressources, matériaux, technologies, composants, systèmes, usage.

Cela implique un investissement public massif dans la formation et la recherche. L’offre de formation supérieure et de recherche doit être considérablement renforcée au sein des universités et travailler l’interdisciplinarité.

Pour se donner les moyens de ses ambitions, la France doit s’engager dans une nouvelle industrialisation pour développer l’intelligence artificielle. L’heure est à investir davantage avec nos partenaires européens dans les supercalculateurs et à engager un grand plan d’investissement pour contester le quasi-monopole de l’américain Nvidia sur les puces électroniques en travaillant à l’émergence de nouveaux modèles de puces moins consommatrices d’énergie.

Maîtriser les grandes transformations de l’emploi

Sous l’impulsion du développement de l’IA et des précédentes évolutions techniques et technologiques, l’emploi va inévitablement se transformer dans les années qui viennent.

Pour le Parti communiste français, il est impératif de maîtriser cette évolution en contestant la domination du capital sur les processus de production.

L’objectif du pays doit être de développer de nouveaux métiers, où la créativité et les capacités humaines viennent prendre appui sur l’intelligence artificielle. L’État doit créer les conditions que s’engage une planification démocratique des évolutions dans les filières stratégiques du pays en associant tous les acteurs concernés, en premier lieu les salarié·s. L’État peut immédiatement montrer l’exemple en lançant ce vaste chantier dans la fonction publique. Comme cela va nécessiter un immense effort de formation des salariés et de transformation de l’emploi, il est impératif de construire un nouveau système de sécurité d’emploi et de formation qui donne aux salarié·s le temps et les moyens de se former dans une sécurité de revenus et de droits.

Construire un modèle éthique et respectant l’humain et la planète

Toutes ces transformations doivent être menées dans le cadre d’un modèle éthique, respectant l’humain et la planète.

Le Parti communiste français tient avant tout à dénoncer les discours populistes alarmistes visant à présenter l’intelligence artificielle comme une menace existencielle pour l’humanité, sans jamais affronter avec ambition le problème de l’enjeu éthique.

Comme le préconise la CNIL, il faut former à l’éthique tous les acteur·rices de la chaîne algorithmique (concepteur·rices, professionnel·les, citoyen·nes), construire des modèles dont le fonctionnement interne de l’apprentissage est plus explicable, rendre les systèmes compréhensibles et améliorer les interfaces utilisateurs. Un contrôle public de l’IA est nécessaire, avec une plateforme d’audit national des algorithmes, le développement de la recherche sur l’IA éthique, et l’obligation pour les entreprises de fournir les éléments nécessaire au contrôle de l’éthique de leurs systèmes.

Au-delà de la nécessité de construire des projets spécifiques de contribution de l’IA au développement des services publics et à la lutte contre le réchauffement climatique, des conditions sociales et environnementales doivent également être élaborées pour tous les projets publics et les projets privés des entreprises. L’enjeu de la ressource en silicium doit faire dès à present l’objet d’une étude prospective spécifique. Un travail ouvert au plus grand nombre doit permettre le développement de technologies moins énergivores et de partage de bonnes pratiques dans l’industrie du cloud.

Parti communiste français,
Paris le 14 juin 2023