Journée mondiale de l’eau : L’eau, bien commun : manifeste pour une gestion partagée

Publié le 22 mars 2023

Une ressource rare

 

En France, le déficit hydrique est estimé à plusieurs millions de mètres cubes à l’horizon 2050. Il s’avère urgent de prendre au sérieux les effets du changement climatique. Adoptons une véritable « culture de l’eau » à l’image des pays méditerranéens du sud de l’Europe et du Maghreb.

 

L’accès à l’eau potable est aussi un enjeu mondial. 1,4 milliard de personnes dans le monde en sont privés d’accès. 1,2 million de personnes, dont au moins 300 000 enfants de moins de 5 ans, meurent chaque année de maladies liées à l’eau. 80 % des eaux usées sont rejetées dans l’environnement sans retraitement. Le problème de l’eau n’est pas seulement une question de manque de ressources, mais aussi de capacités de financement et d’investissement. De vastes régions du monde sont richement dotées en eau (Afrique et Asie du Sud Est par exemple), mais dans l’incapacité de l’exploiter.

 

Œuvrer pour une véritable coopération internationale

 

Il n’est plus possible de poursuivre les logiques actuelles de marché et de profit où l’eau se retrouve accaparée par une minorité. Le monde se dirige vers de multiples conflits d’usages et guerres de l’eau. L’importation massive de produits agricoles et industriels peut se traduire par d’importantes consommations d’eau dans des pays où la ressource se fait rare, et qui ne disposent pas forcément de législation environnementale contraignante.

 

Le Parti communiste français propose un tout autre chemin, défendant une coopération internationale favorisant les transferts de technologies et l’accès à des moyens financiers en direction des pays du Sud en direction d’équipements et d’infrastructures de gestion et de distribution de l’eau. Ce combat permettrait également de libérer des dizaines de millions de femmes chargées de puiser et acheminer l’eau nécessaire aux tâches quotidiennes, parfois à plusieurs kilomètres des habitations.

 

Au niveau français, bâtir un pôle public de l’eau

 

Le Parti communiste français met en débat la proposition centrale de création d’un pôle public de l’eau. Une telle organisation permettrait une gestion opérationnelle, démocratique et décentralisée à l’échelle des bassins versants. Les financements nécessaires à son fonctionnement pourraient provenir à la fois de fonds publics, mais également de prélèvements sur les profits des multinationales de l’eau, fréquemment en situation de position dominante. Cette structure serait chargée de créer les conditions financières, techniques et de ressources scientifiques et humaines pour assurer l’équité territoriale de l’accès à l’eau. Ce pôle public pourrait intégrer une agence publique nationale, chargée de venir en appui des opérateurs publics existants et des autorités organisatrices de l’eau, afin de les aider à tendre vers une vraie maîtrise publique.

 

D’autres mesures sont à adopter en parallèle. Pour ce qui concerne la gestion de la ressource, travaillons à l’optimisation des nombreux ouvrages existants. Si besoin, et que cela ne porte pas préjudice à la ressource, les projets de nouveaux ouvrages (notamment de retenues), multi-usages et intégrés dans leur environnement sont à étudier au cas par cas. De même, conserver les barrages hydrauliques dans le domaine public s’impose comme un préalable à toute gestion concertée et partagée. Accélérer la transition agroécologique permettrait d’accroître la réserve utile de nos sols. Il apparaît essentiel de miser sur l’innovation, la recherche et l’ingénierie publique pour des solutions d’avenir, mais aussi sur l’évaluation de projets du point de vue de la collectivité. Les moyens alloués au Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) devraient être renforcés, adossés à des recrutements et pré-recrutements publics d’ingénieurs et techniciens en environnement (chargés d’étude, animateurs de bassin versant etc.). Au niveau de la distribution, faute d’investissement, près d’un litre d’eau potable sur cinq n’arrive pas jusqu’au robinet, perdu à travers les fuites de réseau. A ce titre, il faudrait consacrer 1,5 à 3 milliards d’euros par an d’investissement supplémentaire pour remettre en état le réseau (contre à peine 0,1 milliard pour le Plan de relance du gouvernement). Quant à la consommation, une tarification sociale devrait garantir l’accès de tous à une eau de qualité, via la gratuité des premiers mètres cube consommés et un tarif préférentiel pour les abonnements à faible consommation.

 

Des jours heureux pour l’eau dans notre Pays

 

Les élus communistes locaux et nationaux, les organisations et militants du Parti communiste français feront vivre ces propositions pour contribuer au débat et à l’action pour des jours heureux pour l’eau dans notre pays et dans le monde.