L'emploi dans nos campagnes départementales et régionales

L'explosion du chômage va forcément faire de l'emploi une question majeure des prochaines campagnes, avec l'énorme doute des citoyens quant au pouvoir réel d'influence des départements et des régions sur cette question, et la conclusion qui trotte dans de nombreuses têtes : « à quoi bon aller voter si le pouvoir économique est ailleurs ? ».
Il s'agit de convaincre au contraire que les collectivités territoriales, par leur choix politiques, peuvent avoir une influence sur l'emploi en résistant aux logiques destructrices et en construisant des alternatives à un modèle économique qui fonctionne sur le rejet hors de l'emploi.

 

1/ Agir en institution politique vis-à-vis du gouvernement et du patronat

Le pouvoir des collectivités territoriales compte. À condition de s'inscrire dans de grandes batailles politiques contre l'austérité et le pouvoir patronal, il peut aider à construire avec les citoyens et les salariés un rapport de force pour mettre en échec les fermetures de services publics — santé, éducation, transports, télécommunications, etc. —, et bloquer les plans de licenciements. Le manque de résistance de la plupart d'entre elles relève du choix de leurs majorités politiques. La présence communiste dans les assemblées, le soutien, le relais des luttes et la force de propositions qui l'animent ont un effet d'entraînement, y compris sur les exécutifs de droite.


La résistance aux destructions prendra corps dans le mot d'ordre de moratoire.
Moratoire sur les fermetures : lits, services, hôpitaux, lignes TER, gares, guichets, lycées. (proposition n°1)
* Refus des licenciements et exigence d'étude des contre projets syndicaux.

 

2/ Des projets régionaux porteurs d'emplois utiles pour les besoins humains et la planète

Dans le cadre des compétences régionales, exclusives ou partagées, les priorités déclinées dans nos projets visent à impulser un nouveau modèle de développement, social et écologique qui représente des gisements considérables d'emplois à créer :
* le développement des services publics : santé, transports ferroviaires fret et voyageurs, éducation, culture, nouveaux services de coordination régionale (eau, alimentation, transition énergétique, etc.) ;
* la rénovation thermique du bâti, pour agir sur le climat et le pouvoir d'achat ;
* aide à l'agriculture paysanne et au développement des circuits courts ;
* développement de l’économie sociale et solidaire, y compris dans les solutions de reprise d'activités utiles sur le plan social et écologique.


Quelques propositions concrètes :
* soutien à l'installation de centres de santé (proposition n°2) ;
* plan d'investissement pour la construction de nouveaux équipements pour l'éducation et la culture : lycées, restaurants scolaires, équipements sportifs, médiathèques, conservatoires ;
* embauche de personnels dans les lycées avec garantie de statut ;
* des mesures d'urgence pour sauver les structures du spectacle vivant ;
* réouverture des lignes TER du quotidien et investissements à hauteur dans les transports publics pour améliorer la qualité, la sécurité et l'intermodalité train/vélo. (proposition n° 3)

Leur réalisation suppose de mener la bataille financière afin de dégager de nouvelles ressources.
Pour donner aux régions les moyens financiers de répondre aux besoins, un plan d’urgence et des états généraux de la fiscalité locale. (proposition n° 10)

 

3/ La grande ambition : conquérir des pouvoirs territoriaux sur l'emploi

Pour répondre à la violence de la crise économique et du chômage, il faut changer de braquet dans les ambitions régionales. Sans une démarche radicalement nouvelle, la déferlante du
chômage et de précarité, la destruction de savoir-faire essentiels dans les territoires ne pourront être contrées.
Le financement public des entreprises est massif, le financement des banques par la Banque centrale européenne à taux nul ou négatif coule à flots. Il est impensable que les grandes décisions
économiques restent l'affaire de quelques grandes directions d'entreprises, de banques et de la technocratie d'inspiration libérale.
Nous proposons que les régions s'emparent de manière offensive de la question de l'emploi et élargissent leur champ d'intervention habituel en impulsant des processus démocratiques nouveaux afin de faire reculer les pouvoirs du capital.
 

LA VISÉE
Atteindre le cœur du système économique grâce à :
* une maîtrise démocratique de l'utilisation de l'argent, public et privé (banques, entreprises) ;
* la mise en place progressive d'une sécurité d'emploi et de formation qui émancipe du marché du travail et soit le point d'appui des transformations productives requises par
l'urgence écologique.

L'OBJECTIF
Mettre en place de deux institutions nouvelles qui modifieront les rapports économiques et sociaux. L'une a pour but de faire émerger démocratiquement une demande sociale en
activités et emplois à partir des territoires, l'autre de lui associer un pouvoir effectif de financement.
     

     1/ Des conférences permanentes sur l'emploi, la formation et la transformation écologique des productions.
LEUR COMPOSITION : toutes les parties prenantes à la vie des territoires : salariés, élus, entreprises, associations, services publics, avec une représentation non pas figée dans des
délégations invariantes, mais adaptée aux projets étudiés, incluant toujours les salariés concernés.
LEUR OBJET : recenser les besoins en services publics, en activités productives induites, et en transformations écologiques de l'industrie ; évaluer les emplois et les formations induits, proposer les transitions sécurisées de l'un à l'autre, le tout au plus près des territoires.

     2/ Des fonds régionaux pour l'emploi, la formation et la transformation productive.
C'est le côté financier de ces nouvelles institutions, qui ne relève pas de la « technique », mais est une question éminemment politique. Il s'agit en effet, sous gestion démocratique, non
seulement de regrouper tous les fonds publics (aides aux entreprises et formation), mais de les utiliser pour faire levier avec la Banque publique d’investissement, les crédits bancaires,
l'apport des entreprises, et canaliser ainsi des masses financières importantes. Au lieu d'être utilisées par les décideurs actuels selon les critères de rentabilité financière, elles financeront
les projets d'intérêt général dégagés par les conférences permanentes.

  Des fonds régionaux et des conférences régionales pour soutenir l'emploi et la formation, la transformation écologique des productions, pas le capital. (proposition n°6)

LE CHEMIN POUR Y PARVENIR

Faire converger deux batailles politiques :
   

      1/ Le contrôle et le suivi démocratiques des aides publiques. Le contexte actuel rend cette exigence populaire. Menée dans l'institution régionale, cette bataille doit aboutir à :
* l'ouverture aux syndicats des commissions d’évaluation et de suivi des aides et leur intégration aux structures de développement des activités économiques ;
*l'accompagnement des aides par un contrat de progrès imposant aux entreprises le respect de critères sociaux : emploi, conditions de travail, négociations salariales, égalité femmes/hommes, etc. et environnementaux ;
* des sanctions en cas de non respect des engagements ;
* la transparence sur toutes les aides perçues, locales, nationales, européennes.

    2/ La création de comités locaux de défense de l'emploi, à l’initiative des organisations du parti, avec toutes les forces de progrès, politiques, syndicales, associatives, pour alerter sur les licenciements, les fermetures, les difficultés des TPE/PME, recenser les besoins dans les services publics (santé, éducation, etc.) et les autres activités.
La jonction progressive entre ces deux démarches, l'une institutionnelle, l'autre partant « du terrain » permettra dans l'action de créer « des institutions de fait » sur lesquelles il sera possible de s'appuyer pour obtenir la création « des institutions de droit » faisant reculer le pouvoir du capital.
Les enjeux idéologiques et politiques de cette nouvelle ambition sur l'emploi sont considérables :
* faire reculer l'idée fataliste selon laquelle il n'y aurait rien d'autre à faire contre le chômage que la mise en place du mince filet du revenu universel ;
* faire reculer l'idée connexe, bien répandue à gauche et dans les syndicats, que la gestion des entreprises, des banques est à laisser au seul patronat, et laisser à la technocratie celle des fonds publics ;
* montrer qu'il est possible d'opposer à la coordination chaotique des activités par le marché une démarche de planification démocratique et décentralisée porteuse d'efficacité sociale.

NB : les propositions sont issues du texte « Ce que nous voulons pour nos régions »