Jeudi 19 janvier, plus de deux millions de personnes ont battu le pavé en France contre la réforme du gouvernement Borne/Macron sur les retraites. C’est la première mobilisation sociale de cette importance, depuis le début du deuxième mandat du Président Macron, avec de nombreuses personnes, actives ou retraitées, participant pour la première fois de leur vie à une manifestation. Les discussions dans le cortège parisien montraient l'étendue de la colère populaire contre les réformes antisociales du gouvernement et elles montraient aussi la demande de rassemblement de tous les syndicats pour porter ce refus. Un salarié d’Air France me disait :« La crédibilité de la révolte et sa force viennent de l’appel intersyndical. »

Maintenant, il nous faut affronter dans l'action cette question : comment passer de l’unité syndicale et politique dans la rue à la construction d’une majorité politique populaire pour gagner des avancées importantes et nécessaires à la population ?

Il y a urgence à trouver une ou des réponses à cette interrogation et cela ne passera pas par le mépris de la NUPES ou à son utilisation ponctuelle, ni par le mépris de la démocratie interne dans les différents partis qui la composent.

Cet enjeu n'est pas propre à la France. Au cours de cette même semaine, nous avons reçu, place du Colonel-Fabien, deux camarades brésiliens du PCdoB (Parti communiste du Brésil). Leur témoignage était éloquent de l’indispensable rassemblement politique dans leur pays pour gagner contre l’extrême droite de Bolsonaro. Leurs mots étaient très forts, parlant de bataille culturelle et idéologique pour sauver nos démocraties et arracher de nouvelles avancées sociales et environnementales.

C’est le même raisonnement que les communistes chiliens tiennent pour travailler avec et dans le gouvernement Boric, et cela pour trouver des réponses concrètes aux inégalités sociales insupportables et ne pas laisser l’extrême droite s’installer. Je pourrais citer aussi la Colombie qui, pour la première fois grâce au rassemblement politique de la gauche, de l’écologie et des peuples autochtones, cherche à construire une réponse de gauche pour « réparer » les inégalités de ce pays et pérenniser le traité de paix de 2016.

Aucune de ces situations n’est simple. Personne n’a la certitude de réussir mais il y a urgence à tenter la force du rassemblement.

Aucune de nos démocraties européennes ne peut s’exonérer de cette réflexion, de cet effort de construction de consensus, de contenu de progrès sociaux, environnementaux, démocratiques et entrer dans une nouvelle bataille culturelle et idéologique en rupture totale avec le néolibéralisme autoritaire que l’on voudrait nous imposer.

Ce défi est devant nous, les égos et la seule communication n’y ont pas leur place mais il est de la responsabilité des politiques de gauche, d’écologie, de progrès de ne pas laisser s’installer les divisions, les inégalités, les fractures, la violence qui rongent nos démocraties et renforcent l’extrême droite.

Cécile Dumas
responsable adjointe du secteur international du PCF
chargée de l’Amérique latine et des questions migratoires