Le monde du travail à l’initiative

La situation politique et sociale qui se présente au pays est de tous points de vue inédite.

Constatons d’emblée la dynamique sociale nouvelle. Sans jeter de voile pudique sur aucune difficulté, l’irruption du mouvement social et le retour des luttes changent la donne. Depuis l’automne, c’est ce contexte qui domine le débat public avec la bataille sur les salaires où les travailleuses et travailleurs mobilisé·e·s ont pu obtenir des augmentations de salaires dans de nombreuses entreprises.

 

Depuis, c’est l’intersyndicale qui imprime le jeu et impose son timing. Elle a déjà obtenu une première victoire. Sans majorité à l’Assemblée nationale, sans majorité dans le pays, le pouvoir Macron a réussi le tour de force de provoquer la désertion de pans entiers de la bourgeoisie, mettant en échec son pacte avec LR. Bien sûr, désormais que nous savons qu’il n’y a aucune majorité au Parlement sur le projet de retraite Macron-Borne, on ne peut que regretter l’obstination des quelques députés LFI qui, contre l’avis de l’intersyndicale et du reste de la gauche, ont empêché l’examen du projet de loi qui aurait pu être mis en échec dès la première lecture à l’Assemblée nationale. La gauche et la Nupes devront tirer enseignement de la séquence ; mais l’essentiel n’est pas là.

Même avec une mobilisation inégale avec des secteurs qui conduisent des mobilisations historiques (on pense notamment aux travailleurs de l’énergie) et d’autres plus en difficulté dans les taux de grève, c’est le monde du travail et ses organisations syndicales qui restent à l’initiative.

49-3, provocations de Macron à la télévision pour tenter de fermer le ban, tentatives d’intimidation du mouvement par la répression antisyndicale… Rien n’y fait. C’est le pouvoir Macron qui jette ses dernières forces dans la bataille, pas l’inverse.

Le projet Macron peut être repoussé, et la bataille peut toujours être gagnée. C’est même un enjeu démocratique de première nécessité. Un pays violenté, où un président s’essuie les pieds sur le Parlement, sur la démocratie sociale et sur la Constitution de la République en s’en prenant aux grévistes qui usent d’un droit constitutionnel, doit trouver une issue par le haut à la colère qui s’exprime.

C’est ce que Fabien Roussel et les parlementaires communistes vont demander à l’Élysée en cortège, en adressant un courrier solennel à Emmanuel Macron. Avec eux, avec tant d’autres, c’est le pays dans son immense majorité qui exige le retrait de la réforme.

Et la lutte continue, la mobilisation par la grève et les manifestations ne faiblit pas et douche les espoirs du pouvoir. Le Conseil constitutionnel doit examiner le projet retraites lui-même, mais aussi la possibilité d’un Référendum d’initiative partagée qui serait un autre levier de mobilisation.

D’ici là, et jusqu’au retrait, la lutte continue ! « Quand une idée s’empare des masses, elle devient une puissante force matérielle », disait Marx. La force, donc, est dans le camp du retrait.

Aymeric Seassau

membre du CEN