Le néolibéralisme plonge le Liban dans le chaos

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Cinquante ans de politique néolibérale ont plongé le Liban au fond du gouffre de la crise financière et alimentaire. Désormais la famine menace.

L’annexion de la livre libanaise sur le dollar et le renflouement régulier des caisses par la communauté internationale ont longtemps donné corps à l’idée d’un miracle économique qui n’était en réalité qu’un mirage. Pendant ces décennies, l’oligarchie composée de miliciens affairistes, de dirigeants malfaiteurs se sont bâtis des fortunes en détournant les fonds et en organisant une corruption clientélaire généralisée au détriment du développement d’infrastructures et d’une économie productive.

La crise, longtemps masquée, a éclaté en 2019 alors que la dette devenait insoutenable, que les transferts de fonds s’amoindrissaient et que les bailleurs devenaient plus réticents. Si bien qu’aujourd’hui la monnaie s’est effondrée, l’inflation bat des records (plus de 500% sur certains produits) et les pénuries de carburants, de médicaments, de produits de base, d’énergie électrique plongent la population dans le désarroi. Depuis 2019, le PIB a chuté de 40% provoquant une explosion du chômage et un délitement des infrastructures. La faillite est colossale, l’une des pires de l’histoire contemporaine.

Si quelques privilégiés qui ont accès à des ressources en dollars continuent à mener grand train, la pauvreté atteint des niveaux records. Les couches moyennes sont déclassées et plus particulièrement les retraités tandis que les classes populaires sont désormais en situation d’indigence. 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté avec des risques de famine dans les prochains mois.

L’explosion du port de Beyrouth, révélatrice de l’incompétence criminelle des dirigeants et la crise sanitaire liée au Covid-19 ainsi que l’afflux d’un million de migrants syriens n’ont fait qu’aggraver la situation.

Le pays qui n’a plus de gouvernement depuis dix mois est en état de choc. La colère est partout. Les blocages des rues se multiplient, des tentatives de prises d’assaut des banques se sont produites à Tripoli, à Beyrouth et Saïda. Le peuple libanais exige des réformes structurelles comme la fin du confessionnalisme, le départ des cliques au pouvoir, une politique de justice permettant le redressement et la fin des ingérences étrangères.

Les communistes français expriment leur solidarité avec le peuple libanais qui attend autre chose de la France que le soutien à ceux qui ont plongé le pays dans la ruine. Les communistes libanais sont pleinement engagés dans ce combat pour la dignité et la justice.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient