Le projet communiste pour 2022 – Une œuvre collective

En cette rentrée, les communistes sortent d’un premier moment d’affirmation de leur campagne en vue de la séquence électorale, présidentielle puis législatives, de 2022.

Il convient, à présent, d’aborder les étapes suivantes, avec pour objectifs de gagner en visibilité, en identification de la campagne, en crédibilité de nos propositions et de notre démarche politique, en élargissement de notre audience auprès des Françaises et des Français. Et cela passe par la mise en mouvement de tout le Parti.

En installant la campagne des « Jours heureux » sur le champ politique national, nous sommes déjà parvenus à identifier une ambition : reconstruire une gauche à la hauteur des défis devant lesquels se retrouve notre pays. Une gauche à la fois sociale — dans sa détermination à s’adresser au monde du travail au sens large afin de répondre à ses aspirations —, républicaine — dans sa volonté de riposter sans faiblesse aux idéologies réactionnaires ou xénophobes qui défigurent les principes d’égalité, de solidarité ou de laïcité —, et radicalement transformatrice — en ce qu’elle ne se dérobe pas à l’affrontement avec le capital.

À présent, l’affirmation du projet, qui sera naturellement celui de Fabien Roussel mais aussi celui de tout le Parti avec ses candidates et candidats aux élections législatives, va constituer un élément majeur de la campagne, lorsque celle-ci entrera dans sa phase la plus déterminante, au tout début de l’an prochain.

Dans le moment politique que nous traversons, où le débat public glisse dangereusement vers la droite, et même vers des solutions ethnicistes autant que gravement autoritaires, où tout est mis en œuvre pour évacuer la question sociale de la confrontation électorale, et où une large partie de la gauche affiche ses faiblesses politiques et idéologiques, il nous revient d’affirmer la cohérence de notre vision communiste de la France et de son devenir.

Dit brièvement, nous voulons affirmer la vision d’une France qui place le travail et le monde du travail au cœur des réponses que nous formulons face à des enjeux de civilisation. Et souligner à quel point cela exige de remettre en cause, dans tous les domaines, la toute-puissance de la finance et ses pouvoirs.

Pour construire notre projet, nous ne partons pas de rien. Nous disposons même de deux bases de travail sérieuses. Il s’agit, en premier lieu, de l’esquisse de programme de sortie de la crise de 2020, adoptée par le Conseil national, avec ses quelque 80 propositions que nous avions alors intitulées « Construisons la France en commun, forgeons une union populaire agissante ». Cet important document aura ensuite été complété par les dix axes définis par la conférence nationale du printemps, lorsqu’elle décida de notre participation à l’élection présidentielle.

Ce à quoi il faut ajouter les 800 contributions qui ont été déposées sur la plate-forme participative « La France en commun ». Ce chiffre important manifeste le désir des communistes, mais aussi d’hommes et de femmes qui sympathisent avec nos idées, de s’investir dans le renouvellement de notre pensée et de nos réponses.

Ce socle, déjà solide, sera naturellement complété par les notes qu’ont commencé à travailler les commissions et secteurs de travail. Il sera en outre enrichi par les réflexions auxquelles donneront lieu les rencontres des « Jours heureux », dont la tenue va occuper les semaines qui nous séparent de la fin de l’année.

À l’occasion de sa réunion du 25 septembre, le Conseil national a validé un processus d’élaboration collective de notre projet, avec la mise en place d’un groupe de rédaction qui travaillera en étroite liaison avec les secteurs de travail et fera appel à toutes les compétences existant, non seulement parmi les communistes, mais également chez des femmes et des hommes qui, de plus en plus, se montrent disponibles pour co-construire avec nous un projet de transformation progressiste de la France.

Notre premier objectif sera, dans ce cadre, d’identifier précisément les demandes qui, montant de la société, expriment le besoin de rupture avec un système capitaliste qui ravage les vies, écrase le travail, menace l’avenir de l’humanité. Qu’il s’agisse des demandes de protéger et sécuriser la vie au travail et dans la Cité, de voir le pays se doter d’une nouvelle industrialisation, d’ouvrir une perspective d’avenir à notre jeunesse, de donner une réponse ambitieuse aux crises climatique et écologique, de rendre au peuple sa souveraineté de l’État aux entreprises, de donner un nouveau rôle à la France en Europe et dans le monde, ces fortes aspirations valident la démarche retenue par nos élaborations programmatiques de la dernière période.

C’est à partir de ces aspirations qu’il va nous revenir de donner à voir aux Françaises et aux Français ce que pourrait être la France des « Jours heureux ». Celle qui fera des communs sa priorité. Celle qui se fixera l’objectif d’éradiquer le chômage, d’engager une véritable révolution du travail, de sécuriser l’emploi, la formation et le salaire. Celle qui construira un pacte avec la jeunesse, afin qu’elle devienne la mieux formée au monde et la mieux protégée de la précarité. Celle qui prendra tous les moyens de changer de modèle de développement à partir de nouveaux critères d’efficacité sociale et écologique. Celle qui aura le courage d’engager la transition féministe de notre société. Celle qui portera l’exigence d’égalité réelle contre toutes les discriminations et le racisme. Celle, enfin, qui prendra les moyens de ces ambitions en partant à la reconquête des leviers de commande de l’économie, d’une République des citoyens s’émancipant enfin du présidentialisme, d’une voix indépendante de notre pays pour œuvrer à un nouvel ordre du monde. 

Au fond, la France des « Jours heureux » n’entend pas simplement évoquer les belles heures de la Libération. Elle cherche principalement à faire reculer la résignation, en soulignant à quel point pourraient demain s’imaginer des réformes populaires parce que synonymes de nouvelles conquêtes. Bref, elle veut dégager un horizon d’espoir…

Christian Picquet

membre du CEN