Mayotte : répondre aux graves problèmes vécus par les Mahorais·es ne nécessite pas la mise en cause de l'unité de la République !

Publié le 13 février 2024
Les Mahorais et les Mahoraises vivent depuis des années une situation extrêmement difficile, sans être entendu·es par les gouvernements successifs.
 
La vie chère, un taux de chômage record de 30% et une situation de pauvreté extrême s’ajoutent à l’insécurité et à des pénuries d’eau toujours plus d’actualité.
 
Nul ne saurait nier que ces difficultés sont encore plus difficiles à vivre quand la population a quasi doublé ces dernières années, essentiellement dû à l’arrivée de familles comoriennes, et que les moyens pour la réponse aux besoins sociaux n'ont pas suivi. Une grande partie d’entre elles vit dans des bidonvilles et est contrainte de travailler sans papier, exploitée par les mêmes qui dénoncent leur présence sur place. Elles ont fui la grande misère et l’absence de services publics de santé et d’éducation au sein de l’archipel des Comores, dont Mayotte a été séparée suite au référendum de 1974, créant un fossé immense entre ces habitant·es qui parlent la même langue, partagent la même culture.
 
Oui les problèmes sont profonds et la détresse est immense de part et d’autre. À tel point que des familles mahoraises quittent leur île pour rejoindre celle de La Réunion, non sans que cette situation provoque aussi des tensions sur place.
 
Pour s’y attaquer, le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé une révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol à Mayotte.
 
Cette "décision radicale" comme il l’annonce, ne permettra pas de résoudre les problèmes qui se posent à Mayotte et à l’archipel des Comores. En 2018, le droit du sol à déjà été limité à Mayotte et six ans plus tard cela n'a rien réglé. La suppression du droit du sol ne dissuadera pas les migrations massives qui sont principalement dues à des raisons économiques, aux inégalités de développement entre Mayotte et les autres îles des Comores, ainsi qu’à la nature du régime du président sortant comorien, Azali Assoumani, qui mène une politique de répression violente à l’encontre de ceux qui s’interrogent, à juste titre, sur la sincérité des résultats officiels de l’élection présidentielle du 14 janvier dernier.
 
En revanche, cette annonce du ministre de l’Intérieur menace l’unité et l’indivisibilité de la République, car elle constitue une attaque frontale contre le principe d’égalité entre les citoyen·nes, tel que l’établit et le garantit la Constitution. Cela crée un précédent dangereux. La République, c’est l’égalité des citoyennes et des citoyens, c’est l’unité du territoire. Garantir l’égal accès à la nationalité sur l’ensemble du territoire, c’est aussi garantir l’unité de l’Etat-Nation et de son peuple. Y mettre un terme, c’est le diviser.
 
À l’heure où un résistant étranger mort pour la France, Missak Manouchian, entre au Panthéon avec Mélinée pour le combat mené avec ses camarades des FTP-MOI, le Président envoie un bien mauvais signal au peuple de France, riche de sa diversité et de son histoire.
 
Après la tentative d'instauration de la « priorité nationale » dans la législation avec la loi « immigration », il continue de s’inspirer des propositions dangereuses de l’extrême droite. La droite et l’extrême droite s’y sont d’ailleurs immédiatement engouffrées en réclamant l’extension de cette mesure à d’autres parties du territoire national, voire à l’ensemble du pays.
 
Le PCF appelle donc le président de la République à exercer son rôle de garant de l’unité de la République en stoppant ce projet et propose que la France agisse plus efficacement pour répondre aux besoins de la population de Mayotte et à la crise migratoire à laquelle elle est confrontée.
 
Cela implique en premier lieu de répondre aux urgences sociales, de renforcer les services publics à Mayotte et de garantir la sécurité des familles et des salarié·es vivant sur l’île. Il doit aussi construire des solutions pérennes permettant de sécuriser l’approvisionnement en eau de tous les Mahorais·es, en impliquant les élu·es Mahorais·es qui doivent également assumer leurs responsabilités.
 
De même, il est impératif de contribuer à une autre politique de développement des Comores. En 2019, une conférence des partenaires organisée à Paris se clôturait avec l'annonce de près de 4 milliards d'euros d'engagements financiers pour le développement des Comores à l'heure où 40% des Comoriens et Comoriennes vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui est un des taux les plus élevés de la planète, et que l’archipel des Comores est très vulnérable à la crise climatique. Où en est-on de la réalisation de projets concrets pour les Comorien·nes ? Il y a urgence !
 
C’est aux causes fondamentales de la crise qui précipite toutes les populations concernées dans l’extrême pauvreté et l’insécurité qu’il faut s’attaquer, plutôt que d’afficher des propositions aussi inefficaces que démagogiques et dangereuses.

Le Parti communiste français
Paris, le 13 février 2024