Drame des migrants : « J’ai déjà donné ! » répond Emmanuel Macron au pape

Publié le 28 septembre 2023

Lire l'article de Patricia TEJAS, responsable de la commission immigration au PCF, sur le site d'Économie & Politique 

Emmanuel Macron, dans son intervention télévisée du dimanche 24 septembre, a repris la formule de Michel Rocard, « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » en réponse au pape François qui avait encouragé les pays européens à plus d’action en faveur des migrants.

Outre le ton condescendant de sa réponse, M. Macron fait comme s’il n’avait aucune responsabilité face à l’errance de millions de citoyens et citoyennes du monde entier qui se retrouvent sur les routes de l’exil poussés par les guerres, les désastres écologiques, la misère économique et les discriminations de toutes sortes.

Les flux migratoires sont inhérents à l’espèce humaine, mais nous assistons aujourd’hui à des déplacements intra continents et inter continents essentiellement dus aux conséquences des ravages du capitalisme mondialisé et de ses crises systémiques à répétition. Capitalisme très largement promu par M. Macron et son gouvernement à la botte des marchés financiers.

C’est tellement vrai que M. Macron a augmenté de 40 % la programmation du budget militaire (417 milliards) pour le bonheur de tous les marchands d’armes qui alimentent les conflits sur la terre entière soit 55 pays à ce jour. En troisième place en 2023, la France pourrait bientôt devenir le deuxième exportateur d’armes au monde. 

C’est tellement vrai que M. Macron reconnaît la bascule du monde et l’urgence d’agir, et en même temps promeut son projet néocolonial et ultra-libéral lors du « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial » en juin dernier. En effet les financements des pays du Sud, dans lesquels vivent la majorité de l’humanité, sont sous l’emprise des marchés financiers, des multinationales et de leur logique prédatrice. Par exemple, il fait grand bruit de sa proposition d’attribuer aux pays d’Afrique quelques miettes supplémentaires des dernières émissions de droits de tirage spéciaux du FMI. Mais au moment où les BRICS et le « Sud global » dans son entier mettent en cause l’hégémonie du dollar, il n’a pas un mot, pas un geste, pour que la France et l’Europe pèsent en faveur d’une transformation pacifique du système monétaire international, où les DTS joueraient le rôle d’une monnaie commune mondiale de codéveloppement, pour des prêts à long terme finançant le développement des capacités humaines dans le monde entier.

C’est tellement vrai que M. Macron, dans son projet de planification écologique annoncé le 25 septembre, relève le budget dédié à la transition écologique de 7 milliards d’euros passant à un total de 40 milliards par an, mais comparé aux 200 milliards d’aides publiques distribuées chaque année sans conditionnalité et sans contrôle c’est in fine trop peu. En réalité, la méthode du « en même temps » présidentiel demeure : d’un côté afficher des grandes ambitions écologiques et climatiques et de l’autre rassurer les marchés, préserver les hauts revenus et les revenus du capital d’une hausse des impôts, ne pas toucher aux pouvoirs de la finance, aux choix des grands groupes. C’est intenable : le coût du capital est incompatible avec le défi écologique 

C’est tellement vrai que M. Macron souhaite servir le patronat français avec la promotion des passeports « talents » qui permettent la création d’entreprise ou l’investissement économique par des ressortissants hors union européenne. Ces passeports peuvent « lever des blocages juridiques entravant la réalisation de projets innovants ». Mais toujours aucune reconnaissance et facilités pour des milliers de travailleurs et travailleuses sans papiers pourtant créateurs de richesses dans notre économie.

À l’opposé, nous réaffirmons qu’il faut faire prévaloir, contre l’obsession de la rentabilité qui épuise aussi bien les êtres humains que la planète, une autre logique d’efficacité économique, sociale et écologique, pour faire rimer production et croissance soutenable avec développement humain, amélioration des conditions de vie, accès aux soins, à la culture et préservation de la planète.

Il s’agit donc de construire une véritable solidarité nationale et internationale pour que les pays ou régions les plus pauvres, dont les habitants sont poussés à l’exil et à la migration, ne se plient plus au bon vouloir des investisseurs publics ou privés mais trouvent en leur sein les voies et moyens d’un développement respectueux des Hommes et des écosystèmes.