[NOTE] Norvège: Elections législatives - 13 septembre 2021

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Partis politiques

2021

2022

  % sièges % sièges
Parti travailliste 26,4 48 27,4 49
Parti socialiste de gauche 7,5 13 6 11
Parti Rouge (extrême gauche) 4,7 8 2,4 0
Verts 3,8 3 3,2 1
Centre 13,6 28 10,3 19
Libéraux 4,4 8 4,4 8
Démocrates chrétiens 3,8 3 4,2 8
Conservateurs 20,4 36 25 45
Parti du Progrès (extrême droite) 11,7 21 15,2 27
Participation : 76,46 % (moins 1,76%)

Premiers éléments d’analyse

La coalition rouge verte conduite par les Travaillistes remporte les élections en battant la coalition de droite conduite par les conservateurs, au pouvoir depuis huit ans.

Les Travaillistes (26,4%), en très légère progression mais très proches de leur minimum historique, pourront donc conduire le nouveau gouvernement.

Mais même si la coalition souhaitée par les Travaillistes (avec le Parti du Centre et le Parti socialiste de gauche) a la majorité absolue des sièges (89 sièges sur 169) ; la composition du gouvernement ne sera pas simple.

Le principal de ses alliés, le Parti du centre, en progression (13,6%) représentant plutôt le monde rural ; souhaite -tout comme le Parti travailliste- sur une des principales questions, celle de l’exploitation pétrolière, une transition douce permettant d’arrêter très progressivement l’exploration de nouveaux gisements, puis l’exploitation des gisements existants (à l’horizon 2050). Les centristes ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas gouverner avec le Parti socialiste de gauche d’Audun Lysbakken, plus à l’offensive sur les questions environnementales (et encore moins avec le Parti Rouge qui, en plus, est en pointe sur le rejet de l’OTAN.

Le Parti socialiste de gauche (7,5%), progresse en voix et en sièges (+2). Parti rouge-vert en pointe dans les luttes contre les discriminations (femmes, migrants), les socialistes de gauche sont attachés à la défense de l’Etat providence et notamment au service public. Les socialistes de gauche ont bénéficié à cet égard du mécontentement par rapport à la politique antisociale du gouvernement conservateur (montée des inégalités, recul de la protection sociale et dégradation des services publics). Sa participation à un gouvernement sera probablement conditionnée à des engagements clairs des Travaillistes sur ces questions de même que sur l’arrêt de la politique d’exploration de nouveaux gisements de gaz dans les eaux proches de l’Océan arctique. Par contre, les socialistes de gauche ne font pas de la question de la participation du pays à l'Otan « un casus belli » pour une participation à un gouvernement de gauche.

Le secrétaire général actuel de l’Otan, Jens Stoltenberg, a dirigé les gouvernements travaillistes -en 2005 et 2009- avec le Parti de gauche et les Verts notamment, avant le retour au pouvoir de la droite et la montée de l’extrême droite. Tout en restant opposé à l’Otan, le Parti socialiste de gauche se dit favorable à insérer la politique de défense du pays et donc la sortie de celui-ci de l’Otan dans un pacte de sécurité nordique. Ils militent aussi pour établir de meilleures relations avec la Russie (tout en critiquant l’autoritarisme, l’agressivité et les atteintes aux droits humains de Poutine) ce qui contribuerait à une nouvelle politique de sécurité en Europe. Le Parti socialiste de gauche a toujours été opposé à l’adhésion de la Norvège à l’UE. Membre fondateur du NELF (Forum européen de la Nouvelle Gauche) jusqu’à la création de la Gauche européenne, il garde des contacts avec le PGE et la GUE-NGL.

Les Verts (3,8%) essuient un revers. Ils progressent à peine, alors qu’ils ont fait de l’arrêt immédiat de l’exploitation pétrolière, à l’horizon 2035, leur principal « cheval de bataille ».

Malgré son entrée au Parlement, le Parti Rouge (4,7%) situé à l’extrême gauche et qui concurrence dans sa « radicalité » sur les questions environnementales et de politique étrangère, aussi bien le PSG que les Verts, peut néanmoins tenter, avec ce résultat positif, de peser sur les choix du futur gouvernement.

La droite à été nettement battue. Impopulaire dans sa gestion des questions sociales et notamment sur la dégradation des services publics, sa politique a creusé les inégalités. Le Parti conservateur (20,4%) et ses alliés Libéraux (4,4%) et Démocrates chrétiens peinent à prendre à bras-le-corps les grandes questions qui vont concerner l’avenir du pays.

Le secteur pétrolier représente 14% du PIB norvégien ; 40% des exportations et 160.000 emplois directs. L’or noir a aussi permis au royaume d’amasser le plus gros fonds souverain du monde avec près de 12.000 milliards d’euros. Sa gestion (indexation prévisionnelle à ce fonds de la dépense sociale) a fait l’objet de débats importants que l’extrême droite a pu un temps exploiter à son profit pour conditionner son alliance avec les conservateurs à une gestion de ce fonds qui serait réservée exclusivement aux citoyens norvégiens (excluant les migrants).

Il est donc important et pas seulement pour cette question que l’extrême droite xénophobe (11,7 %) soit en recul.


José Cordon
Commission des Relations Internationales-Europe