Odette Nilès nous a quittés : « Soyons dignes d’eux, soyons dignes d’elle »

Publié le 27 mai 2023

Odette Nilès nous a quittés après cent ans d’une vie qui est un honneur pour la France et pour notre parti.

Petite fille de milieux populaires de Drancy, en banlieue parisienne, Odette Lecland apprend vite la dureté de la vie et le goût de la justice. À quinze ans, elle entre aux Jeunesses communistes et rejoint l’Union des jeunes filles de France. À 17 ans, elle est privée de l’amour de son père, syndicaliste et communiste, arrêté et envoyé loin d’elle. Nous sommes en 1940 et sa mère multiplie les emplois précaires pour nourrir le foyer. Au-delà, c’est tout le pays qui s’enfonce dans l’Occupation, la collaboration et l’horreur du fascisme.

Odette Lecland intensifie son militantisme. Elle devient responsable pour la JC de l’Est de Paris et de sa banlieue : tracts, manifestations, cahiers de doléances... En août 1941, elle est arrêtée avec 16 autres jeunes résistants. S’ouvre alors le temps des prisons et camps d’internement. C’est dans l’un de ceux-ci, à Châteaubriant, qu’elle rencontre Guy Môquet, lycéen déterminé mais habité par une joie de vivre et le goût de la poésie.

Ainsi se noue ce premier amour que la répression vient briser brutalement le 22 octobre en fusillant Guy Môquet et 26 de ses camarades.

Toujours vivante, Odette Lecland n’est pas libre pour autant ni hors de danger. C’est grâce à une évasion qu’elle parvient à retrouver la liberté et à reprendre le chemin du militantisme. C’est dans ce cadre qu’elle rencontre un autre Résistant, Maurice Nilès, qui deviendra son époux.

Toute sa vie durant, Odette Nilès restera fidèle aux siens et à ses combats de jeunesse. Elle le manifestera notamment en se dévouant à faire vivre la mémoire de ces années à la fois terribles et marquées par un héroïsme lumineux. C’est ainsi qu’elle s’engagea dès 1945 dans l’Amicale de Châteaubriant (Voves-Aincourt-Rouillé) dont elle prit la présidence en 2001 avant que sa petite-fille, Carine Picard-Nilès, à qui vont nos pensées émues, ne lui succède.

« Soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir » demanda Guy Môquet avant de mourir en 1941. Toute la vie d’Odette Nilès fut à cette hauteur, celle du sacrifice de tant d’hommes et de femmes qui prirent tous les risques pour vaincre le fascisme et ouvrir un nouvel horizon pour la France et notre humanité.

En cet anniversaire de création du Conseil national de la Résistance (CNR) et à présent qu’elle a rejoint Guy Môquet et Maurice Nilès, c’est à nous de dire et de rappeler : soyons dignes d’eux, soyons dignes d’elle.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,

Le 27 mai 2023.