Prendre le pouvoir sur l’utilisation de l’argent

Des millions de salariés, de retraités, de jeunes en formation en ont vécu les conséquences : récession sans précédent depuis la Deuxième guerre mondiale, assauts spéculatifs contre plusieurs États européens, menaçant l’existence même de l’euro, féroce répression du peuple grec coupable d’avoir voté la sortie de l’austérité …

Aujourd’hui, un nouveau krach, plus grave que le précédent, menace. L’indignation contre l’évasion fiscale, contre le comportement des banques est un fait marquant de l’actualité politique.

La droite et les sociaux-libéraux ont réagi à la crise par davantage d'intervention publique en faveur des profits et d'un marché prétendument « régulé ».

Mais pour dépasser le capitalisme en crise c’est la dictature des marchés qu’il faut combattre, c’est au coût du capital qu’il faut s’attaquer !

Pour cela, il faut changer l’utilisation de l’argent :

  • L’argent des entreprises (les profits),qui doit être investi pour sécuriser l’emploi, la formation et la création de richesses dans les territoires,

  • L’argent public (impôts, cotisations sociales et leur utilisation par l’État, les collectivités territoriales et la sécurité sociale), qui doit servir à un développement tout à fait nouveau des services publics. Il doit cesser d’inonder le patronat d’aides dont les effets pervers sont démontrés et être au contraire utilisé sélectivement pour inciter les banques et les entreprises à changer l’orientation du crédit et celle des profits. La fiscalité doit pénaliser les opérations financières des entreprises et les inciter à développer l’emploi, la formation, la recherche. La fraude fiscale doit être combattue là où elle est : dans les multinationales et les banques.

  • L’argent que créent les banques par leurs opérations de crédit, aujourd’hui détourné vers les placements financiers, les OPA, les délocalisations, l’évasion fiscale.

L’argent des banques doit financer des investissements répondant à des critères précis en matière économique (création de valeur ajoutée dans les territoires, formation, recherche), sociale (emploi, salaires) et écologique.

Nous proposons d’agir :

  • Dans les entreprises et les bassins d’emplois, avec le soutien de fonds régionaux, pour imposer le financement par les banques, à taux proches de zéro ou nuls, des investissements qui sécurisent l’emploi et la formation. La proposition de loi-cadre déposée en janvier 2017 par André Chassaigne et ses collègues du Front de gauche à l’Assemblée nationale comporte des dispositions précises sur ce point ;

  • Au niveau national avec un Fonds national pour l’emploi et la formation et avec un pôle financier public mettant en réseau banques et compagnies d’assurances publiques et nationalisées pour peser sur le comportement d’ensemble du système financier, au service de l’emploi et de la formation ;

  • Au niveau européen. La BCE doit cesser d’alimenter gratuitement les marchés financiers et les banques qui financent la spéculation ; elle doit refinancer à taux zéro ou à taux négatif les crédits qui financent les investissements favorables à l’emploi. Elle doit financer le développement des services publics. C’est l’objet du Fonds de développement économique, social et écologique européen solidaire pour le développement des services publics dont nous proposons la création. ;

  • Au niveau mondial. La crise met en cause l’impérialisme du dollar. Nous voulons une alliance avec les pays émergents et en développement pour la création d’une monnaie commune mondiale à partir des droits de tirage spéciaux du FMI, qui servirait à financer des prêts à long terme et à faibles taux d’intérêts pour le développement de tous les pays du monde.

Les forces les plus diverses convergent avec ces propositions : témoin l’avis sur le financement des PME-TPE présenté au CESE par Frédéric Boccara et voté par la quasi-totalité des groupes de cette assemblée.