Le 24 février prochain, cela fera un an que le régime de gardes blancs de Vladimir Poutine a décidé de lancer une guerre criminelle à grande échelle contre l’Ukraine. Cela fera un an que les crimes de guerre contre la population civile, les exécutions sommaires de prisonniers et les viols se multiplient et que les villes et villages d’Ukraine subissent combats et bombardements. Cela fera un an qu’aucune initiative sérieuse de paix n’a été entreprise pour mettre fin au martyre du peuple d’Ukraine. Cela fera un an que, étape après étape, l’OTAN et la France se rapprochent de la cobelligérance en livrant une aide militaire à l’Ukraine qui inclut désormais des armes lourdes. Cela fera un an que, pas après pas, la France s’aligne chaque jour davantage sur les positions atlantistes otaniennes, jusqu’à dernièrement dérouler le tapis rouge au président de la Rada Suprême d’Ukraine, le corrompu Rouslan Stefantchouk, à qui le gouvernement français a offert la tribune du Parlement (honneur inédit !) pour appeler à la guerre ouverte contre la Russie.

Oui, « quousque tandem… ? » Jusqu’à quand enfin ?

Jusqu’à quand enfin poursuivre cette surenchère mortifère ?

Le premier pas pour enrayer l’engrenage de la guerre consiste à briser la chape de plomb qui pèse sur le débat en France. Le débat existe dans d’autres pays d’Europe occidentale, en Allemagne, en Italie. Ouvrons-le aussi en France !

Des possibilités existent.

La France, et d’autres pays européens, ont franchi la ligne de l’armement lourd (canons Caesar, qui ne sont absolument pas « défensifs » (sic), mais qui peuvent être utilisés pour bombarder Donetsk et Belgorod, demain peut-être missiles sol-sol, chars et avions, comme le réclame Volodymyr Zelenski). Le gouvernement français est-il entré en guerre ? Un débat public, devant le peuple français, sur l’engagement militaire de la France en Ukraine est urgent, nécessaire et impérieux. Il doit avoir lieu au Parlement. Le groupe GDR à l’Assemblée nationale, par la plume d’André Chassaigne et de Fabien Roussel, l’exige du gouvernement. Même dans le système bonapartiste de la République gaulliste, le gouvernement ne peut engager militairement la nation sans débat au Parlement. Cette initiative permettra que, pour la première fois, enfin, le débat existe publiquement au niveau national.

Ce débat, il faut aussi le faire sortir du Parlement. De nombreuses initiatives se préparent en France et en Europe à l’occasion du premier anniversaire de la guerre. Nos voix ne pourront alors pas se mêler à celles des va-t’en guerre, qui seront également mobilisés alors. Mais elles devront porter haut et fort l’exigence d’une initiative politique pour une solution négociée, dans le respect du droit des peuples à la souveraineté, à l’indépendance et à la sécurité collective. Comme Fabien Roussel l’a rappelé dans la tribune parue dans le JDD du dimanche 5 février, « L'escalade militaire sans fin n'offre aucune certitude », la France a les moyens de prendre une initiative diplomatique pour la sécurité collective en Europe. Le président brésilien Lula a proposé la constitution d’un groupe de contact sous l’égide de l’ONU pour négocier un cessez-le-feu, en citant nommément notre pays. Le gouvernement français doit répondre à son appel ! Le collectif national des Marches pour la paix a appelé à une série de manifestations les 24 et 25 février prochains. Là encore, il s’agit d’une démarche européenne. Des manifestations sont prévues dans les différentes capitales européennes. Travaillons à en faire un succès !

Les prochaines semaines seront sans doute déterminantes. Continuons à agir pour la paix, en pensant que ce qu’un jour de guerre de plus représente pour celles et ceux qui vivent dans les caves de Bakhmout, de Donetsk et de Kharkov alors que les obus russes ou ukrainiens s’abattent sur les jardins d’enfants et sur les immeubles d’habitation, pour ceux qui attendent un billet de mobilisation à Novossibirsk, à Irkoutsk et à Grozny, pour les réfugiés qui ont été contraints de fuir les régions envahies et bombardées, pour toutes les familles russes et ukrainiennes qui savent que la guerre fait s’entretuer des cousins, des beaux-frères, d’anciens camarades d’étude.

Pour eux, la paix n’est pas une référence morale, ni un slogan creux, mais une exigence concrète et plus qu’urgente !

Vincent Boulet
responsable des questions européennes