Réaction aux annonces d’Édouard Philippe sur la reprise de l’école

Édouard Philippe a prononcé ce mardi 28 avril devant l’Assemblée nationale un discours présentant le plan de déconfinement du gouvernement. Si la réouverture des établissements scolaires représente l’axe prioritaire de celui-ci, l’exercice de communication auquel s’est livré le Premier ministre devant une représentation nationale privée de son rôle délibératif n’est pas pour rassurer les élèves.   

Alors que le chef de l’exécutif a conditionné le déconfinement à partir du 11 mai à l’atteinte d’un seuil de propagation du virus bas, avec une possible adaptation par département, les établissements scolaires et en premier lieu les écoles primaires rouvriront tous sans exception dès cette date.

Si le Premier ministre entend rassurer sur les dispositifs sanitaires, force est de constater que le nombre de 15 élèves par classe ne représente pas un maximum suffisant dans certaines salles de classe. Il faut ajouter à cela l’impossibilité pour les enfants des écoles primaires de porter un masque. À l’heure actuelle, force est de constater que le gouvernement n’est pas en mesure d’apporter de solides garanties sanitaires. Le 11 mai apparaît donc comme une date fictive, principalement destinée à assurer un retour au travail des salarié·e·s ayant des enfants à charge. Cette logique est dangereuse, car c’est bien la date de reprise des cours qui doit être adaptée aux conditions sanitaires et non l’inverse.

Le gouvernement ne prévoit pas le retour en classe de chaque élève, puisque cette rentrée exceptionnelle se fera sur la base du volontariat. Il s’agit d’une entorse inacceptable au principe d’éducation obligatoire, seule à même d’assurer l’égalité de toutes et tous sur le territoire. L’argument de la « justice sociale » ne tient pas pour justifier un retour en classe partiel qui ne garantit pas l’égalité entre les élèves. En effet, la reprise d’une activité pédagogique est impossible sans l’ensemble des élèves, avec des effectifs qui seront très certainement fluctuants d’un jour sur l’autre.

Une autre inquiétude se pose concernant l’égalité territoriale. Le Premier ministre fait reposer sur elles nombre d’éléments essentiels à la reprise des activités, sans pour autant annoncer ni cadrage ni financement national. Pour nombre de familles, la possibilité d’accéder à la restauration scolaire et aux transports est une condition indispensable au retour en classe de leurs enfants. Alors que certains maires annoncent déjà être dans l’incapacité d’assurer l’accueil des élèves sur les temps périscolaires, le gouvernement assume le choix de l’inégalité territoriale.

Pour le MJCF, le retour en classe répond à un impératif pédagogique et social. Mais celui-ci ne saurait se faire de manière inégalitaire, et dans des conditions sanitaires incertaines.

Le MJCF réclame un report de la date de retour en classe du 11 mai à une date ultérieure permettant d’assurer de manière effective la mise en place de conditions sanitaires sûres le plus rapidement possible.

Attaché au principe essentiel d’égalité et à la scolarisation obligatoire, le MJCF s’oppose à un retour en classe sur la base du volontariat. La reprise des enseignements ne peut se faire qu’avec l’ensemble des élèves.

Le MJCF réclame un plan de soutien massif à destination des collectivités territoriales afin que celles-ci puissent assurer les services de restauration et de transport pour chaque élève.