Relever le défi des jours heureux

Depuis le 2 mars 2022, la Corse connaît une période de troubles et d’instabilités. L’agression d’Yvan Colonna et sa mort trois semaines plus tard ont exacerbé les tensions entre les militants nationalistes et « l'État français », accusé d’être complice de cet assassinat. L’élection présidentielle est, d’une certaine façon, un peu éclipsée par l’actualité et les enjeux régionaux imposés par les nationalistes. Certains mouvements nationalistes, comme Core in Fronte, appellent, d’ailleurs, au boycott du scrutin. 

Ce contexte, très particulier et très tendu, n’empêche pas, naturellement, les communistes corses de faire campagne pour Fabien Roussel avec beaucoup de cœur et d’envie.

Face au climat pesant, au mot d'ordre « sò corsu ùn votu micca » (« je suis corse, je ne vote pas ») lancé par les indépendantistes de Core in Fronte et à l'omniprésence médiatique d'une majorité territoriale qui s’entête à ne parler que de la question institutionnelle, les communistes ont fait le choix de parler des difficultés de la vie quotidienne et notamment du pouvoir d'achat. Une question ô combien importante en Corse, dans la région la plus pauvre de France, où les inégalités entre les plus précaires et les plus riches sont extrêmement importantes. 

Les militants se sont notamment mobilisés dans les quartiers populaires, pour convaincre les déçus, les indécis, les abstentionnistes. Ils ont pu utiliser pleinement la visite de deux jours en Corse de Fabien Roussel, les 9 et 10 février ; un succès indéniable ! Ses nombreuses rencontres avec des syndicalistes (énergie, santé, la poste, enseignement, dockers…) avec des artisans, des viticulteurs, des dockers…à Ajaccio, Alata, Bastia, Patrimonio ; la réussite, reconnue par la presse, du meeting d’Ajaccio (trois cents personnes environ, « salle comble » a souligné la presse locale), l’ensemble de ce voyage en Corse a marqué les esprits ; et donné de la candidature de Fabien Roussel une image de proximité, de clarté politique, de sérieux, de sincérité. 

Cette image se confirme d’ailleurs au fil des porte-à-porte, des tractages, des militants communistes, infatigables. Ainsi, lors des actions militantes, de nombreux Ajacciens, Bastiais ou ruraux affirment qu’il est sans doute le candidat le plus pertinent à gauche, saluant sa sympathie, sa simplicité et sa capacité à parler des préoccupations des classes populaires. 

Certains mettent également en avant la position de Fabien Roussel sur la question de l’autonomie : « Il faut savoir ce que l’on entend par autonomie ; ce n’est pas l’autonomie qui va remplir le frigo des Corses »… et soulignent sa pertinence. Car si l’autonomie est dans l’esprit d’un certain nombre de Corses, elle n’en demeure pas moins un concept extrêmement abstrait qui n’éclipse pas des préoccupations quotidiennes et plus immédiates comme l’augmentation des prix du carburant et des produits de première nécessité. 

Dans ce climat tendu et à seulement quelques jours du premier tour, les communistes ont fait le choix de la proximité et de la convivialité, en organisant un grand ApéRoussel à Alata, le 6 avril prochain, en présence du maire de la commune, qui a fait le choix de parrainer Fabien Roussel et qui l’avait d’ailleurs accueilli au mois de février dernier. Alors, malgré l’actualité brûlante qui fait la part belle à la violence, aux invectives et au manichéisme, les militantes et les militants du PCF ont fait le choix de relever le Défi des Jours heureux avec le sourire. 

Marc-Antoine Leroy