Renationalisation d’EDF ? Mon œil !

Le gouvernement annonce sa volonté de reprendre à 100 % le capital d’EDF pour soi-disant « aider » l’entreprise à faire face à ses investissements futurs dans le nucléaire et les énergies renouvelables.

Cette opération, qui s’apparente plutôt à une recapitalisation, ne s’accompagnera pas d’un changement de statut de l’entreprise puisqu’elle sera toujours une SA et ne retrouvera donc pas son statut précédent, celui d’établissement public (EPIC). Ce qui laisse les mains libres au gouvernement d’ouvrir à nouveau le capital de l’entreprise si la situation financière d’EDF s’améliore…

L’endettement du groupe EDF semble servir de prétexte pour faire exploser le modèle énergétique français sur lequel EDF s’est construit et qui a fait ses preuves en termes de performance industrielle grâce à sa conception intégrée, de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation.

Gardons à l’esprit que derrière cette prétendue « renationalisation », perdure l’attitude de la Commission européenne qui reste marquée par son obsession à mettre fin aux monopoles publics et par sa volonté d’affaiblir la position dominante d’EDF dans la production d’électricité en France dans le cadre de l’ouverture du marché de l’électricité. Elle garde cette volonté de remettre sur les rails son projet de restructuration d’ampleur du groupe EDF en faisant éclater le modèle intégré. Le groupe EDF serait alors découpé en entités indépendantes, en multiples filiales pour être offertes au marché et à la bourse. Privatiser les réseaux de transports d’électricité mettrait tout simplement fin à l’égalité de traitement, à la solidarité nationale par une remise en cause de la péréquation tarifaire. On est loin d’une nationalisation !

Ne soyons pas dupes ! La présidence française du Conseil de l’Union européenne par E. Macron n’a pas été l’occasion de remettre en cause le système énergétique européen, toujours basé sur la concurrence et les prix de marché fluctuant en raison de la spéculation, qui fait que nous perdons la maitrise des prix. L’État actionnaire à 24 % du groupe Engie ne s’est pas non plus opposé à la stratégie purement financière de vente à la découpe de pans entiers d’activités du groupe gazier historique dont la toute dernière est celle de la cession des activités de service d’Equans à Bouygues fragilisant l’entreprise au point de la rendre opéable. Oui, il y a le discours, les mots, puis il y a les actes !

Pour le Parti communiste, nous visons beaucoup plus que la seule nationalisation. Nous voulons une véritable maitrise de l’énergie dans son ensemble. C’est pourquoi nous proposons la création d’un pôle public. Tous les acteurs industriels de ce secteur seraient contraints à mettre en œuvre des critères de gestion allant dans le sens du service public, de l’intérêt général, qui répondraient aux défis environnementaux, des critères favorisant l’enclenchement d’un processus de coopérations industrielles et d’harmonisation sociale qui se substituerait à la concurrence économique et au dumping social. Il s’agirait de fédérer tous les acteurs de la filière énergétique dans un consortium d’entreprises (recherche, production et transport-distribution, services énergétiques…).

Le concept de pôle public doit permettre l’appropriation sociale grâce à de nouvelles nationalisations. Cela exige de créer les conditions d’un nouveau type de service public qui ne soit pas la seule propriété de l’État soumis aux exigences des marchés financiers, mais une propriété collective. Un vrai service public démocratisé, qui associe, dans la décision et la gestion, les salariés, les usagers, les collectivités locales.

Valérie Gonçalvès

membre du CN

en charge des questions énergétiques