Rentrée universitaire : l’Enseignement Supérieur et la Recherche sont à genoux

Publié le 20 septembre 2023

Vendredi 8 septembre, la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, déclinait sa feuille de route de rentrée. Des réponses politiques fortes et courageuses étaient indispensables alors que l'enseignement supérieur public subit actuellement une véritable asphyxie par la réduction des moyens qui lui sont alloués, par la précarisation massive de ses travailleurs à tous les échelons et par la réduction drastique du nombre d’enseignants-chercheurs avec un nombre de recrutement qui a diminué de moitié en 10 ans (3 613 ouvertures de postes en 2011 contre à peine 1 935 en 2021). Pourtant, aucune réponse. Pire encore, les universités doivent se préparer à fermer des formations jugées peu « rentables », à subir de nouvelles ponctions sur leurs fonds de roulement et à écouter les discours du Président de la République déclarant que « les universités, avec leur budget, doivent faire beaucoup mieux ».

Une nouvelle fois, le gouvernement n’est pas à la hauteur de l’urgence politique alors même que de nombreuses étudiantes et étudiants, après avoir subi une drastique sélection en licence et master, doivent encore faire face à de graves problèmes de logements et de précarité les empêchant de vivre et d’apprendre en toute sécurité et sérénité comme l’alerte l’UEC. Le ministère s’enferme dans les mêmes logiques idéologiques délétères d’individualisation des parcours et d’autonomisation des universités favorisant la généralisation de la mise en concurrence.

Parallèlement à cette casse du service public ayant pour conséquence directe la réduction de 3,4% du nombre d’étudiant.es dans les universités, c’est à une véritable privatisation de l’enseignement supérieur à laquelle nous sommes confrontés. Selon le Ministère, en 2022-2023, l’enseignement privé accueillait 767 000 étudiants, soit 26,1% des effectifs du supérieur. Pour répondre à ce fléau de la recherche de profits dans l’ESR par un nouveau marché des diplômes, le ministère offre une réponse politique dangereuse : la mise en place d’un « label qualité » des formations qui concurrencera fatalement les outils garantissant déjà un contrôle des cursus reconnus par l'État et contribuera dès lors à les fragiliser davantage.

Il est inadmissible que des entreprises privées puissent s’enrichir sur le dos d’étudiant.es. Il est urgent de rebâtir un service public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche par la création d’au moins 4 nouvelles universités, par le recrutement de 15 000 enseignant·es chercheur.ses pour retrouver le taux d’encadrement d’il y a 20 ans et de 15 000 travailleur.ses administratifs et techniques sous statut de la fonction publique, par la fin de la précarisation massive et la mise en place d’un statut du doctorat protégeant les jeunes chercheuses et chercheurs mais aussi par la libération de la recherche de toutes les pressions, économiques et idéologiques pour reconstruire une politique nationale de recherche orientée vers l’utilité sociale et élaborée démocratiquement à tous les niveaux.

Parti Communiste Français,

Paris, le 20 septembre 2023.