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La question mérite d'être posée. Lorsque nous nous intéressons aux questions internationales, pas étrangères à notre vie quotidienne, nous pouvons avoir le sentiment que c'est toujours la même chose.

Il convient toutefois de se méfier de cette impression car de nombreux éléments de recomposition politique, de renforcement de logiques de domination et de puissance mais aussi de mobilisations et de résistances populaires sont en cours.

Pour ce qui le concerne, le capitalisme globalisé confirme sa capacité d'adaptation pour maintenir son ordre. L'enjeu est simple, au fond, et s'avère une constante structurelle. Le niveau de colère populaire et d'aspiration au changement, les évolutions des rapports de force internationaux du fait des conflits, des crises sociales et de la pandémie sont tels qu'il est impératif de « changer pour que rien ne change ».

Ainsi, prenons quelques événements survenus ces derniers jours notamment les propos du nouveau président des États-Unis à l'égard de son homologue russe : « C'est un tueur, il devra le payer ». Je ne me souviens pas d'avoir entendu publiquement de tels propos, même au pire moment de la guerre froide.

Certes, il s'agit de désigner un ennemi pour mieux justifier sa politique extérieure mais, en ces termes, cela marque une aggravation des relations déjà très mauvaises entre les États-Unis et la Russie avec des conséquences qui les dépassent.

Comme à l'égard de la Chine où en raison de la situation inacceptable vécue par les Ouïghours, les propos échangés, les expulsions de diplomates, le rappel d'ambassadeurs y compris avec l'Union européenne qui s'aligne sur l'attitude américaine, sont aussi le signe d'un pas de plus franchi dans le climat d'hostilité initié par les États-Unis envers la Chine.

Quand nous voyons les manœuvres et les concentrations militaires en Asie, particulièrement en mer de Chine, auxquelles participent des sous-marins français d'attaque à propulsion nucléaire, nous avons de quoi être légitimement inquiets de ce qui pourrait arriver.

De même, la Turquie d'Erdogan, un autre pays membre de l'OTAN, disposant d'une armée des plus puissantes au monde, s'attaque aux droits des femmes, emprisonne les élus du HDP, veut interdire ce parti, bombarde les kurdes dans le nord de la Syrie. Mais cela n'empêche pas le président de la République française d'autoriser, à la demande d'Erdogan, l'arrestation de militants kurdes vivants légalement sur le territoire français.

Notons aussi, une nouvelle course aux armements avec la sophistication de l'arme nucléaire, la militarisation de l'espace engloutissant des sommes pharaoniques alors que chaque jour 7000 enfants meurent de faim et que plus de 2 milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable.

A cette vitesse, des millions d'êtres humains vivant dans les pays les plus pauvres de la planète pourraient ne pas avoir accès au vaccin de la covid-19. C'est non seulement une grave injustice mais c'est aussi une véritable bombe sociale et sanitaire.

Dans bien des cas, la parole de la France se cantonne malheureusement dans un certain suivisme voire, une réelle complicité. De ce fait, cela engendre une perte de l'écoute de son audience, de sa parole de par le monde. Il y a urgence, là aussi, lors des prochaines échéances électorales de poser les fondations d'une nouvelle politique internationale de notre pays jusque au sein des organisations multinationales.

L'élaboration de cette nouvelle, cette autre, politique internationale de la France, au service des peuples et de l'émancipation humaine, a droit de cité. Elle doit être débattue avec et par toutes et tous pour bâtir ensemble un monde respirable, un monde de coopération, de respect mutuel, de droits sociaux, humains et démocratiques, de solidarité, de sécurité humaine collective c'est-à-dire de paix. C'est ce que les mouvements populaires font entendre aujourd'hui des quatre « coins » du globe.

Daniel Feurtet
membre de la commission international du PCF