Se reconstruire avec les mêmes droits, partout et pour toutes

Publié le 11 octobre 2023

Tel est le mot d’ordre que nous avons choisi d’adopter en ce mois d’octobre rose, mois de sensibilisation au cancer du sein. Une femme sur huit sera concernée par le cancer du sein. Entre 1990 et 2018, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez la femme a presque doublé. Le cancer du sein est celui qui cause le plus grand nombre de décès chez la femme. Dépisté tôt, le taux de survie est de 87 %.

Les inégalités de genre sont prégnantes face au cancer de manière générale.    de la revue The Lancet démontre qu’une approche plus égalitaire du cancer permettrait de sauver chaque année environ 800 000 femmes, par exemple en sortant de la médecine androcentrée, en adaptant les campagnes de prévention, en favorisant l’accès aux soins des femmes dans le monde entier. En mars 2022, Doctolib a révélé que 81 % des rendez-vous pris pour un proche sur leur site est pris par une femme, et 86 % pour des jeunes enfants. Cette charge mentale consacrée au soin a de lourdes conséquences sur la vie des femmes et sur leur santé : 33 % des femmes ont déjà dû annuler ou repousser des soins pour elles (seulement 9 % des hommes).

La désertification médicale et le démantèlement du service public de la santé sont des freins dangereux à la recherche, la prévention et la prise en soin des patientes. Le service public est le meilleur allié des droits des femmes. Les longues heures de route et les choix financiers ne devraient pas s’ajouter à la lutte contre la maladie.

La Dr Anne-Vincent Salomon, cheffe de département à l’Institut Curie, explique également dans l’Humanité du 4 octobre dernier : « On constate que la survie par cancer du sein est nettement moins bonne dans les régions socio-économiquement moins favorisées. » Inégalités sociales, inégalités économiques, inégalités territoriales : les obstacles sont nombreux.

Le coût porté par les patientes est lourd. Les frais non remboursés dans le cadre d’une hospitalisation, les frais de transports, les soins supports (baumes, perruques, soutiens-gorges spécifiques, etc.), les séances post-opératoires de kiné font s’envoler la facture et sont inaccessibles aux femmes les plus précaires. 14 % des femmes renoncent à une reconstruction mammaire pour des raisons financières. Pour cette opération, les dépassements d’honoraires du chirurgien et de l’anesthésiste sont courants. Les soins supports et post-opératoires ne sont pas des soins « socio-esthétiques » comme le gouvernement l’a indiqué à Yannick Monnet lors de sa question au gouvernement. Au contraire, ces soins relèvent de la première nécessité.

Fabien Roussel a ainsi annoncé, lors d’une réunion publique dans le Cantal le 4 octobre 2023, travailler au dépôt d’une proposition de loi pour que tous les soins des femmes atteintes du cancer du sein soient pris en charge à 100 %, face à ce qui relève aujourd’hui d’une profonde injustice sociale.

Shirley Wirden

responsable de la commission Féminisme

membre du CEN