SNU en seconde : inacceptable

La secrétaire d’État à la jeunesse Sarah El Haïry a annoncé que le SNU (service national universel) serait intégré dès l’année prochaine à la classe de seconde. À partir de mars 2024, le « séjour de cohésion » de 12 jours pourra être effectué sur le temps scolaire.

Il est inacceptable qu’un tel dispositif vienne retirer 12 jours d’enseignements aux élèves. Alors que la nouvelle mouture du baccalauréat a déjà retiré plusieurs semaines de cours en raison des épreuves anticipées, un tel dispositif viendrait aggraver la diminution des volumes horaires d’enseignements.

Si l’objectif du SNU est d’enseigner l’Éducation morale et civique, le gouvernement n’a qu’à recruter plus de professeurs pour en assurer la réalisation. Si le gouvernement veut permettre à des jeunes de partir en vacances, qu’il finance à hauteur des besoins les associations d’éducation populaire qui se battent au jour le jour pour permettre à la jeunesse de partir en vacances, de faire du sport, de la musique.

En faisant un nouveau pas vers la généralisation de ce dispositif, le gouvernement opère aussi un odieux chantage au financement. Sarah El Haïry annonce que les établissements qui seront volontaires pour cette intégration du SNU en seconde se verront doter de financements supplémentaires. À l’heure où l’ensemble des syndicats dénoncent le manque de moyens dans les établissements, conditionner des augmentations de budgets à l’organisation du SNU est indigne.

Le chantage s’adresse aussi aux lycéennes et lycéens, puisque la secrétaire d’État indique vouloir valoriser davantage le SNU dans Parcoursup. Lorsque l’on sait que les lycéens issus des classes populaires sont sous-représentés dans le dispositif, il est évident qu’un tel chantage va venir renforcer la sélection sociale opérée par Parcoursup.

Pour le MJCF, le SNU est un dispositif fourre-tout qui opère une dangereuse confusion entre armée, éducation populaire et éducation morale et civique.

Alors que le gouvernement abandonne les services publics, que certains jeunes subissent des violences et un harcèlement policier constant, il prétend inculquer les « valeurs de la République » en faisant chanter l’hymne national à des jeunes encadrés par des militaires.

Cette valorisation de l’« engagement » contraste fortement avec la répression policière et administrative qui s’est abattue sur les lycéennes et lycéens mobilisés contre la réforme des retraites.

Le MJCF revendique la suppression du SNU et l’injection du budget prévu pour celui-ci dans l’Éducation nationale

Le MJCF affirme que c’est à un ministère de la Jeunesse et des Sports de plein exercice de développer des politiques publiques en faveur des jeunes.

Le MJCF revendique des investissements massifs dans l’éducation, le secteur associatif, les loisirs et les transports afin de permettre à chaque jeune de devenir un citoyen et un travailleur libre et émancipé.

Léo Garcia