Sommet de l’OTAN : la France portée disparue

Publié le 12 juillet 2023

Le sommet de l’OTAN réuni à Vilnius les 11 et 12 juillet aura été marqué par le débat sur l’accélération du processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique. Fort heureusement, cette proposition n’est pas retenue dans l'immédiat. Cette perspective, encouragée par les gouvernements les plus bellicistes, notamment à l’Est de l’Europe, peut conduire à une généralisation du conflit. Telle était d’ailleurs la position de la France au sommet de Bucarest en 2008, et c’est manifestement la raison pour laquelle, à Vilnius, l’administration états-unienne a fait preuve de plus de prudence qu’à l’ordinaire. Une telle décision impliquerait en effet une entrée en guerre immédiate des pays membres de l’OTAN contre la Russie. L’Ukraine ne doit pas adhérer à l’OTAN, ni aujourd’hui, ni demain. Néanmoins, la création d’un Conseil OTAN-Ukraine s’inscrit dans un engrenage nocif. Tout comme les nouvelles annonces de fournitures d’armes lourdes à l’Ukraine qui, loin de lui permettre seulement de se défendre face à l’agression du pouvoir russe, peut très vite conduire à une escalade dangereuse et à une extension de la guerre dont les peuples seront les principales victimes. C’est le cas de la livraison par les Etats-Unis d’armes à sous munitions, interdites par la convention d’Oslo de 2008, et des dernières annonces faites par Emmanuel Macron. Les pays membres de l’OTAN nous préparent à une guerre longue, d’usure, qui durerait plusieurs années, avec sa cohorte de drames, de destructions et de morts civils et militaires. Ne nous inscrivons pas dans ce schéma. Au contraire, nous appelons à mettre en débat des propositions visant à ouvrir des négociations et conduisant à un cessez-le-feu le plus rapidement possible. La sécurité de tous les peuples d’Europe ne passe pas par l’OTAN, mais par l’ouverture d’une perspective de sécurité collective continentale, rompant avec les logiques de force, donc avec l’alignement sur les surenchères dont l’Alliance atlantique est le cadre.

L’urgence n’est pas à ajouter de la guerre à la guerre, mais de trouver le chemin d’une sortie rapide, négociée et diplomatique du conflit.

Ce sommet aura également été marqué par un marchandage ignoble avec le président turc Erdogan concernant l’élargissement de l’Union européenne et l’entrée de la Suède dans l’OTAN. Il est à nouveau question des candidatures de l’Ukraine et de la Turquie. Nous nous opposerons à tout élargissement de l’Union européenne. Dans les circonstances actuelles, alors que les règles brutales du néolibéralisme restent le seul projet unifiant les gouvernements européens, une telle perspective n’aboutirait qu’à creuser au sein de l’UE des disparités économiques et sociales qui ont déjà amené un Européen sur cinq sous le seuil de pauvreté. Plutôt que de poursuivre dans une fuite en avant qui conduit notre continent à un véritable désastre, c’est une nouvelle construction européenne, de peuples et de nations libres, souveraines et associées, qui devrait être mise en chantier. Elle permettrait de réorienter les moyens financiers vers le progrès social et la transformation écologique. Les élections européennes de juin 2024 seront l’occasion pour le PCF et son chef de file Léon Deffontaines de l’exprimer.

Durant ces deux jours, le silence de la France aura été assourdissant. Se refusant, dans la foulée du discours de Bratislava en mai dernier, à faire entendre la voix souveraine de la France en faveur de la paix, de la sécurité collective et de la coopération entre les peuples et les nations, Emmanuel Macron aura fait le choix du ralliement piteux à des orientations que notre continent risque de payer cher. Il aurait pu mettre sur la table un plan de paix fondé sur la garantie de l’indépendance et de la sécurité de l’Ukraine, couplé à la mise en œuvre d’un processus négocié de désescalade et de désarmement internationalement contrôlé à l’Est de l’Europe. Il aura, au contraire, rendu notre pays totalement inaudible sur la scène internationale.

Le Parti communiste français appelle nos concitoyennes et nos concitoyens à ne pas consentir à ce renoncement à faire entendre une position indépendante en faveur d’un autre ordre du monde.


Parti communiste français,

Paris, le 12 juillet 2023.