Sommet international pour la paix en Ukraine : Bâtir une coalition mondiale pour la paix !

Initié par des ONG internationales, le Sommet qui s’est tenu à Vienne (Autriche) les 10 et 11 juin a réuni plus de 300 participants sur place, au moins autant en ligne, militants pacifistes mais aussi personnalités politiques, diplomates, syndicalistes, responsables religieux, venus de 36 pays du monde entier.

Accueillis par le célèbre intellectuel américain Noam Chomsky mettant en garde contre la course au précipice en cas d’escalade du conflit, les participants, d’une grande diversité politique, de parcours et d’expériences, se sont retrouvés au-delà de leurs différences d’approches sur un appel commun aux dirigeants de la planète pour qu’ils agissent en faveur d’un cessez-le-feu et de négociations maintenant, pour mettre un terme aux morts, aux souffrances et aux destructions.

Malgré menaces et intimidations visant à l’empêcher, c’est un événement unique qui s’est produit à Vienne, à l’encontre du mainstream médiatique appelant à l’escalade militaire. L’invasion russe de l’Ukraine est condamnée fermement et sans réserve et cette guerre dénoncée comme un crime. Les participants ont affirmé leur conviction qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit et qu’on ne peut obtenir la paix que par des moyens pacifiques.

La conférence a entendu les représentants d’ONG ukrainiennes, russes et biélorusses, présents ou en vidéo, réclamant la fin des hostilités, des morts et des destructions ; elle les a assurés de son soutien pour leur lutte courageuse pour la paix, souvent au prix de leurs droits et libertés. Leurs témoignages sur la vie des populations est le meilleur argument pour mettre fin à la guerre et à ses atrocités le plus vite possible.

Les pays de l’hémisphère sud étaient très représentés à ce sommet et ont fait entendre leur voix singulière, à l’instar du vice-président bolivien David Choquecuanta, refusant de s’aligner sur l’une ou l’autre partie au conflit et rappelant qu’eux n’avaient pas de visées hégémoniques mais qu’ils étaient ceux qui subissaient le plus durement les conséquences des guerres des grandes puissances. Cette émergence de voix d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie fustigeant les dépenses militaires mondiales et déterminées à jouer un rôle actif dans les relations internationales a constitué un élément marquant du sommet. Les divers plans de paix présentés par ces pays témoignent de cette nouvelle réalité.

Si dans les pays occidentaux il y a encore beaucoup à faire pour convaincre l’opinion publique que la guerre n’est porteuse d’aucune solution, l’idée d’une responsabilité de l’Otan comme facteur d’insécurité gagne du terrain. Les ONG américaines mettent ouvertement en cause la politique des États-Unis et rappellent l’attitude de John Kennedy lors de la crise des missiles à Cuba, appelant Biden à refuser l’escalade et à favoriser la négociation. Les pacifistes italiens qui ont réussi deux mobilisations exceptionnelles contre la guerre ont été cités en exemple et la délégation du Mouvement de la Paix français a pu faire état de son action contre la Loi de programmation militaire et l’augmentation des dépenses militaires, notamment pour l’arme nucléaire. Le sommet a permis aux différents mouvements de paix de se retrouver pour coordonner leurs actions et bâtir une coalition mondiale pour la paix. Ainsi, il a appelé la société civile de tous les pays à une semaine de mobilisation mondiale du 30 septembre au 8 octobre 2023.

Pour l’immédiat, le message principal est qu’il faut agir pour le cessez-le-feu et la négociation – maintenant ! Le cessez-le-feu ne signifie pas la reconnaissance des lignes de front comme des frontières, il vise à mettre un terme aux morts et aux destructions ; la négociation ne signifie pas la reconnaissance d’un quelconque « bien-fondé » de l’agression russe injustifiable contre la souveraineté de l’Ukraine, elle est au contraire le moyen avec la participation active de médiateurs internationaux d’organiser un futur commun pour les deux pays. L’urgence absolue, c’est de mettre fin à la guerre.

Alain Rouy
secteur international du PCF